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    Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites sur MyCANAL : Marc Levy se confie sur l’adaptation de son roman
    Jennifer Radier
    Jennifer Radier
    -Journaliste séries
    Adepte de la zapette depuis toute petite, elle a vécu mille et une vies devant sa télévision et décortique avec passion tout ce qui passe sur le petit écran.

    Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites, la série adaptée du roman de Marc Levy, sort aujourd’hui sur MyCANAL et CANAL+SÉRIES. Rencontré à l’occasion du festival de Monte-Carlo, le romancier nous en dit plus sur l’adaptation de son best-seller.

    Les fans des romans de Marc Levy vont être ravis !

    Après Et si c’était vraiOù es-tu ? ou encore Mes amis, mes amours, un autre best-seller de Marc Levy passe à l’écran. Dès ce mardi 19 juillet, les aficionados du romancier à succès découvriront l’adaptation éponyme de Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites sur la plateforme Canal + Séries ainsi que sur MyCanal.

    L’histoire est centrée sur Julia Saurel, campée par la comédienne Alexandra Maria Lara, qui, trois jours avant son mariage, reçoit un appel l’informant que son père Michel (Jean Reno) ne sera pas présent à la noce. Pas si surprenant finalement lorsque l’on sait que Julia entretient depuis de nombreuses années une relation distante avec son père. Cependant, Michel a cette fois-ci une très bonne excuse et pour cause, il est mort ! 

    Mais le lendemain de ses obsèques, une surprise irréelle attend Julia. En effet, cette dernière va avoir l’occasion inespérée de faire un dernier voyage avec son père afin de rattraper le temps perdu et de se dire enfin toutes les choses qu’ils ne se sont jamais dites. Une histoire fantastique et émouvante réalisée par Miguel Courtois.

    Rencontré à l’occasion du festival de Monte-Carlo en juin dernier, Marc Levy s’est confié à notre micro sur l’histoire derrière l’écriture de son best-seller, son rôle de comédien ainsi que sur l’importance de la notion de liberté dans ses œuvres.

    Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites
    Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites
    Sortie : 2022-07-19 | 30 min
    Série : Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites
    Avec Jean Reno, Alexandra Maria Lara, Alex Brendemühl
    Spectateurs
    2,5
    Voir via MyCanal

    Allociné : Le roman Toutes les choses qu’on ne s’est pas dites est sorti en 2008. Quelle histoire se cache derrière l’écriture de ce livre et qu’est-ce qui vous a inspiré?

    Marc Levy : Il est né d’une histoire que j’ai eue avec ma mère dans sa voiture. J’étais au téléphone avec mon fils aîné qui avait 10 ou 11 ans à l’époque. En raccrochant, je lui dis quelque chose de très banal : "à tout à l’heure, je t’aime". Il y a eu ensuite dix secondes de silence dans la voiture. Ma mère avait les yeux rivés sur le volant et je l’ai entendue dire : "mon père ne m’a jamais dit qu’il m’aimait". Je me suis retourné et je lui ai dit "mais il t’aimait". Toutefois, elle n’a pas répondu. C’était incroyable, parce que mon grand-père était mort depuis très longtemps et j’ai vu dans les yeux de ma mère une cicatrice qui ne s’était jamais refermée.

    Ça a ouvert pour moi un champ d’investigation et de compréhension d’une relation que par définition je ne connaîtrai jamais, celle d’une relation entre un père et sa fille. Je dois dire que j’ai trouvé cette thématique passionnante. Plus j’écoutais des amies me parler de la relation qu’elles avaient avec leur père, plus j’étais fasciné par la pudeur et les non-dits. Je crois que c’est comme ça qu’est née l’idée de cette seconde chance qui est donnée à Julia. 

    Qu’est-ce qui vous a amené à adapter ce roman pour la télévision ?

    Dans tous les projets que j’ai pu mener dans ma vie, ce qui est le plus gratifiant, c’est la relation humaine. Le projet est né au cours d’un déjeuner avec Miguel Courtois avec qui on avait déjà fait Où es-tu ? en 2005. On se souvenait du plaisir qu’on avait pris pendant l’écriture et le tournage. Nous aurions été fous de ne pas refaire ça ensemble. Et puis je ne sais plus si c’est Miguel qui m’a appelé ou moi mais quand on s’est parlé, il m’a dit "pourquoi tu n’adapterais pas Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites". Et on s’est lancés ! Miguel a commencé l’écriture, il m’a envoyé le scénario assez peu de temps après. Je me suis tout de suite attaqué aux dialogues puis tout est allé assez vite.

    Vous êtes scénariste, showrunner, producteur mais également acteur dans la série. Était-ce une volonté de votre part de prêter vos traits à l’un de vos personnages ?

    Il s’est passé une chose un peu étrange. Miguel a toujours aimé dans sa longue carrière de cinéaste donner des petits rôles à des amis à lui. J’ai été pompiste, gynécologue, éditeur mais c’était toujours des petits rôles. Pendant l’écriture, Miguel m’appelle et me dit "tu devrais jouer le meilleur ami de Julia".

    Vous allez penser que c’est de la schizophrénie mais quand vous êtes écrivain, vous passez de longs mois avec des personnages de fiction qui entrent vraiment dans votre vie et dont on ne se défait jamais. Julia en faisait partie. Et tout à coup, un metteur en scène vous propose d’incarner le meilleur ami de l’une de vos héroïnes, qui elle-même va être incarnée par une actrice.

    Pour moi, c’était un peu comme si Alice passait de l’autre côté du miroir. Je me suis dit que j’allais voir mes personnages s’animer dans la vraie vie et il m’offre la possibilité d’être en interaction avec l’un d’eux. Je crois que c’est ça qui m’a mis le doigt dans l’engrenage et qui a fait que je me suis dit "allez, j’y vais". Il faut dire que ça a été incroyable.

    La série aborde des thématiques universelles telles que le deuil, le mariage ou encore les relations père-fille. Le thème de la liberté apparaît également tout aussi important. Est-ce une notion majeure pour vous ?

    C’est le fil rouge de mes 23 romans. Tout ce que j’ai fait dans ma vie, je l’ai fait par amour de la liberté. Je suis parti très jeune à l’étranger, j’ai voyagé à travers le monde, je suis entré à la Croix Rouge. Je n’ai jamais voulu appartenir à un milieu pour justement être libre. Vraiment. Alors la liberté, ça ne veut pas dire n’avoir aucune responsabilité à l’égard des autres, au contraire. Assez étrangement, ça en implique beaucoup plus. J’ai toujours eu cette soif de liberté. Ne pas avoir à mentir dans la vie, c’est une liberté extraordinaire.

    Adapter une œuvre littéraire à l’écran n’est jamais aisé et suppose souvent des renonciations ainsi que des modifications. Dans Toutes les choses qu’on ne s’est pas dites, Anthony devient Michel et l'histoire se passe par exemple à Paris et Bruges au lieu de New-York et Montréal. Qu'est-ce qui motive ce genre de choix et quel rôle jouez-vous dans ces décisions ?

    Principalement des contraintes de production. Dans le roman, les personnages sont américains. À l’époque où je l’ai écrit, la réaction assez violente du père de Julia, qui interdit à sa fille de vivre à Berlin Est bien que le mur soit tombé, est la conséquence d’une Guerre Froide qui a occupé l’Amérique de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1990 et qui finalement était culturellement beaucoup plus ancrée dans la tête de l’américain que du français. Ne serait-ce que parce que l’éloignement amplifiait encore la fantasmagorie. Aux États-Unis, il y avait une véritable détestation du soviétique qu’on voyait comme un ennemi. La notion de communisme était une espèce de crime ou de trahison. Il y avait vraiment un choc politique, culturel et sociétal énorme.

    Et donc, dans le livre, quand Michel va chercher avec une telle violence sa fille à Berlin Est, la question ne se pose même pas. Voilà pourquoi j’avais ce choix en tant que romancier. Au moment où vous adaptez la série, si les protagonistes sont américains, ça devient une série américaine. Il faut écrire le scénario en américain. Il faut la financer aux États-Unis. Enfin bref, tout devient très compliqué. En la mettant en France, le talent du metteur en scène a été de rendre ces personnages français. C’est lui qui a décidé de prendre Alexandra Maria Lara. C’est lui qui a eu l’idée de faire de Julia la fille d’une Est Allemande ayant fui le communisme. Chose qui n’existe pas du tout dans l’histoire. Rien que cette invention remplaçait la motivation du père de Julia quand il était américain.

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