C’est un drame dans toute sa splendeur et avec toute la gravité que ça impose. Déjà dans le titre : American Crime. Il n’y a rien de confortable dans cette série de John Ridley, le scénariste oscarisé de 12 Years a Slave. Et elle est pourtant grandiose avec cette volonté de faire une œuvre sincère, réfléchie et déchirante.
Comme d’autres séries des années 2010, American Crime fait le choix du format anthologique. Chaque saison raconte une histoire indépendante avec un casting récurrent mais dans des rôles différents. Les thèmes abordés sont souvent rudes et importants. Comme par exemple le trafic humain dans la saison 3.
Mais le terme est insuffisant. Il s’agit en réalité, et la série le démontre à maintes reprises, d’esclavage moderne, déguisé en travail et protégé par l’illusion de la démocratie. Ses répercussions elles-mêmes déguisées aux yeux de ceux qui l'appliquent. "Je sais, cela peut être déprimant", dit une assistante sociale nommée Kimara (formidable Regina King), alors qu'elle sollicite un don de Clair (Lili Taylor).
Alors que Clair signe un chèque généreux lors d'une soirée de charité, elle nie avoir exploité sa propre nounou, une immigrante dont le passeport est enfermé dans son coffre-fort. C’est un peu ça American Crime, montrer la violence d’un monde en perte de sens en s’insérant dans la vie de personnes ordinaires. La série parle aussi de la fracture de l’Amérique articulée autour de la question raciale, avec beaucoup de justesse.
Un tournant dans la carrière de la Desperate Housewife
Felicity Huffman ne s’y est pas trompée quand elle a dit oui pour American Crime qui a démarré trois ans après l’arrêt de Desperate Housewives. Elle n’a pas hésité à signer pour cette série qui lui a valu une nomination pour l’Emmy Award de la meilleure actrice dans une mini-série ou téléfilm (catégorie des anthologies) à chacune des trois saisons.
Curieusement dans la saison 2, elle joue la directrice manipulatrice d'une école privée. Drôle d’ironie pour celle qui a été condamnée en 2019 dans le scandale des admissions à l’université. Pour la deuxième saison, elle décide de se teindre les cheveux et de passer au brun. Un choix directement inspiré de ses recherches sur l’univers de ces internats.
"J'ai rencontré beaucoup de femmes chefs d'établissement très puissantes, et dans l'ensemble, pour une raison quelconque, elles avaient les cheveux noirs et des perles, et je me suis donc basée sur une femme en particulier que je connais à Los Angeles" dit l’actrice à IndieWire en 2017. Mais le reste de l’interview ne dit pas à quel point cette rencontre a bouleversé sa vie…