Lancée en 2021, Physical fait revivre les années 80 et s’installe son décor sur la côte californienne. Rose Byrne y incarne Sheila, une femme au foyer complètement dépressive qui retrouve l’énergie mentale et physique grâce à la pratique très en vogue à l’époque de l’aérobic.
Rencontre avec la créatrice et showrunneuse Annie Weisman, Rose Byrne qui interprète Sheila et également Murray Bartlett, vu dans White Lotus, qui joue Vinnie Green le nouvel ennemi de Sheila, Rory Scovel qui joue Danny, le mari de Sheila et Dierdre Friel qui joue Greta, son amie.
Que peut-on espérer de cette nouvelle saison, qui y a-t-il de différent avec la première ?
Annie Weisman : La première saison, nous avons fait la connaissance de Sheila, en conflit avec elle-même, avec ses démons intérieurs. Cette saison, elle va exprimer ce conflit d’une manière externe et forte. Elle va arrêter de se battre avec elle-même et commencer une lutte avec le monde dans lequel elle évolue.
La première saison a été difficile à tourner en raison de la pandémie. Cette fois-ci, nous avions les vaccins nécessaires et tout le monde se sentait beaucoup plus en sécurité. Je pense qu’il y a une sensation de liberté qui se retrouve dans l’esprit de cette saison. Sheila se sent véritablement revivre. Je crois que la première saison avait une tonalité assez sombre alors que cette fois-ci, c’est la lumière qui rayonne, épisode après épisode.
Murray Bartlett : Dans la première saison, nous avons mis en place tous ces personnages et donc maintenant il s’agit de passer à la vitesse supérieure. Sheila est dans la phase secondaire de sa trajectoire. Je joue un nouveau personnage, Vinnie Green, qui est une sorte de gourou du fitness. Je pense qu’il est inspiré par nombre de personnes iconiques de ces années 80 où l’aérobic a explosé. Au-delà de la connexion physique, il se connecte également émotionnellement avec vous. Sheila va le trouver fascinant car elle n’avait sans doute pas envisagé cette approche plus spirituelle qui va lui permettre de faire face en profondeur à ses démons, à ses doutes.
Rory Scovel : Cette saison j’ai vraiment l’impression de subir une vraie transformation avec Danny. Il va enfin arriver à comprendre ce qu’il veut de la vie et comment il peut devenir un meilleur parent. Il va aussi faire face aux démons de sa femme Sheila et la soutenir dans le développement de son business en faisant les sacrifices qui vont avec.
Rose Byrne : Ce qui est certain c’est que mon personnage Sheila s’ouvre au monde et sort de sa prison mentale au-delà de celle physique. Cette fois-ci, on la voit faire front avec plus de fermeté dans son mariage et dans son business. C’est une saison qui montre la difficulté de se reconstruire et comment y arriver. Comment il est aussi facile de retomber dans une période de dépression et d’addiction avant de pouvoir se relever et de repartir du bon pied.
J’aime aussi que nous présentions de nouveaux personnages comme Vinnie Green. Avec lui c’est l’explosion des infopublicités, ces pubs tv qui tentaient de vous vendre toutes sortes de recettes miracles pour vous remettre en forme. C’est intéressant de voir où nous en sommes arrivés depuis les années 80 avec tellement d’applications qui sont à votre disponibilité dans ce domaine.
Comment expliquez-vous le succès de la série ? Nous en sommes à la saison 2 et Apple vient d’annoncer une troisième saison.
Annie Weisman : Je pense que l’honnêteté avec laquelle nous abordons les sentiments intimes des femmes parle à toutes les femmes qui nous regardent. Cela me fait plaisir de voir qu’elles sont nombreuses à s’identifier à nos personnages et à leurs périples. C’est ce qu’elles ressentent ou ont ressenti, elles-mêmes.
Notre audience se sent ainsi, écoutée et mise en avant. Ce qui est intéressant et gratifiant pour moi c’est que des hommes m’ont également dit aimer la série car elle les aide à mieux comprendre et à apprécier les femmes de leurs vies. Certains hommes se sentent même bien représentés par notre série, ce qui était en partie le pari de notre initiative. C’est formidable d’avoir cet impact.
Rory Scovel : Une grande partie du public aime voir une série avec une femme d’une grande force de caractère qui se bat par tous les moyens pour arriver à ses fins et à s’accomplir pleinement. Politiquement je pense que le show reflète l’humeur du moment où chacun cherche toujours à se réaliser, à la fois physiquement mais aussi mentalement. Nous faisons toujours face au plus gros défi de la vie : nous-même.
Deirdre Friel : Le public a besoin de regarder une série qui reflète sa propre vie. Quelque part je pense que le public s’identifie à nos personnages car ils sont authentiques ; même s’ils viennent d’une autre époque, pas si éloignée de nous.
Parlez-nous des thématiques de cette saison et quel est au fond le message de Physical ?
Murray Bartlett : Pour moi c’est une saison qui met en avant, et encore plus, la force intérieure d’une femme et comment elle parvient à l’exprimer. C’est intéressant pour moi car j’ai vu ma mère passer par cette phase de réveil. Cette série montre comment on peut arriver à se libérer du moule dans lequel la société, parfois, tente de nous maintenir.
Comment faire tomber les barrières qui nous empêchent d’avancer dans la vie et d’accomplir ce que nous avons en nous profondément. C’est fascinant pour moi de voir cette jeune femme, Sheila, ouvrir totalement la prison dans laquelle son esprit est enfermé et comment elle devient la femme accomplie qui dormait en elle. Je pense que l’on passe tous par ce cheminement dans la vie, que l’on soit une femme ou un homme.
Rory Scovel : Nous avons tous une voix intérieure que nous n’écoutons pas assez, ce show nous montre que parfois il faut oser laisser cette voix s’exprimer et nous aider à exister au-delà de nous-même. Je crois que nous avons tous plein de doutes en nous et qu’il faut arriver à balayer ces doutes afin de pouvoir vraiment aller de l’avant, sans hésitation. "Let’s get physical!" C’est cela le sens de la série pour moi, ne jamais douter de soi et toujours croire au possible de l’impossible.
Deirdre Friel : Je pense que quand nous pouvons laisser notre corps s’exprimer et que nous nous arrêtons de vivre dans nos têtes, alors nous commençons, vraiment, à nous sentir bien dans notre peau. Nous l’avons vu avec cette pandémie qui nous a confinés ou ralentis. De pouvoir à nouveau bouger nous redonne vraiment la joie de vivre.
Rose Byrne : Ce qui est certain c’est que je n’ai jamais été autant en bonne forme que pendant le tournage de cette série. Je donne le meilleur de moi-même avec mon chorégraphe qui me montre la voie. J’espère que la série, en la regardant, vous donnera autant d’énergie qu’elle m’en donne en la tournant. J’aime sentir ce rush d’adrénaline dans mon corps lorsque je tourne cette série.
Annie Weisman : La première saison, le sujet était surtout focalisé sur le combat de Sheila contre sa boulimie. C’était le thème de la nutrition. Mais cette saison, nous nous rendons compte que ses problèmes ne sont pas vraiment et seulement, la nourriture. Ce sont des conflits psychologiques plus profonds qui la secouent toujours. Nous explorons donc les sources profondes d’une possible fracture psychologique qui peut entraîner des troubles physiques et mentaux.
Cette série montre comment on se doit d’avoir une relation positive et constructive avec son propre corps et sa santé mentale. Il s’agit de trouver cette force intérieure qui vous donne un équilibre de vie. Dans mon cas j’ai retrouvé un équilibre de vie et une santé mentale quand je me suis rendue compte que faire du sport ne devait pas être une excuse pour se mettre en avant aux yeux des autres mais que ça devait me permettre de bien me sentir dans ma peau, tout simplement.