DE QUOI ÇA PARLE ?
Mira est une star de cinéma désabusée à la fois par sa carrière et sa rupture récente. Elle arrive en France pour incarner Irma Vep dans un remake du classique français du film muet, "Les Vampires". Au fur et à mesure du tournage, Mira réalise que les frontières entre elle-même et le personnage qu’elle joue commencent à s’estomper et à fusionner.
Irma Vep est diffusée dès le 7 juin en US+24 sur OCS à raison d'un épisode par semaine. Épisodes vus : 3/8.
C'EST AVEC QUI ?
Avec cette mini-série HBO et A24, Olivier Assayas adapte son propre film Irma Vep de 1996. Les successeurs de Maggie Cheung et Jean-Pierre Léaud sont Alicia Vikander (Tomb Raider, Ex Machina) et Vincent Macaigne (Chien, Médecin de nuit). L'actrice suédoise ne joue pas son propre rôle mais celui de Mira, une star hollywoodienne venue à Paris pour jouer dans une production française réalisée par René Vidal (Vincent Macaigne).
Dans cette série produite par Olivier Assayas, Alicia Vikander mais aussi Sam Levinson (Euphoria), entre autres, un casting français et international prestigieux gravite autour des deux acteurs principaux. On retrouve ainsi Vincent Lacoste, Nora Hamzawi, Jeanne Balibar, Hippolyte Girardot, Antoine Reinartz, Adria Arjona (6 Underground, Morbius), Byron Bowers (Concrete Cowboy), Tom Sturridge (Good Morning England, Sandman) mais aussi la mannequin Devon Ross.
ÇA VAUT LE COUP D'OEIL ?
On peut dire qu'elle a eu droit à une présentation en avant-première en grandes pompes dans le berceau de la célébration du cinéma, milieu qu'elle égratigne avec humour et finesse. Après Twin Peaks ou encore Top of the Lake, le Festival de Cannes a accueilli Irma Vep, signée Olivier Assayas. Le réalisateur français transpose son long-métrage des années 1990 et propose une relecture léchée et réussie, désormais en diffusion sur OCS.
La mini-série éponyme reprend ainsi l’histoire d’une actrice internationale qui pose ses valises en France pour le tournage d’un remake du classique muet "Les Vampires". Pour remplacer Maggie Cheung et Jean-Pierre Léaud dans les rôles principaux, Olivier Assayas a fait appel à Alicia Vikander et Vincent Macaigne, qui forment un duo explosif dans ce mélange entre thriller policier et comédie dramatique.
Plaçant le curseur encore plus loin que dans le film original, Olivier Assayas décortique le milieu du cinéma et livre un discours méta et personnel sur sa vision de l’industrie avec un humour détonant et une plongée fascinante dans ces coulisses loufoques qui rappelleront aux bons souvenirs des fans de Dix Pour Cent.
La série n'hésite pas à appuyer là où ça fait mal en (auto)moquant certaines réflexions récurrentes dans le milieu, comme l'idée que "les séries sont des films de 8 heures", tout en discutant des maux qui touchent les membres de cette industrie entre dépression, santé mentale, pression sociale et problèmes financiers, mais aussi en constatant les (r)évolutions telles que le nouveau métier de coordinateur d'intimité et les remises en cause des rapports de pouvoir.
La vie imite l'art
Outre son propos pertinent et moderne, Irma Vep vaut aussi pour son esthétique très travaillée - et ce dès le fabuleux générique en animation -, et sa superposition de séquences de vie réelle, de moments de tournage et de scènes, restaurées, des "Vampires" de Louis Feuillade. Dans la mise en scène d'Olivier Assayas, tout y est réflection - et réflexion - tout y est miroir et chaque séquence, oscillant entre rêve et réalité, se répond au fur et à mesure que Mira se remet en question.
Dans le rôle de Mira, l’actrice désabusée par sa carrière et sa récente rupture avec son ancienne assistante, Alicia Vikander surprend et se révèle incandescente, déstabilisante et surtout très drôle dans un rôle qui lui permet de dévoiler d’autres facettes de son jeu. Le reste de la distribution, entre Vincent Macaigne, Vincent Lacoste, Nora Hamzawi et Jeanne Balibar - mais aussi les visages internationaux, est tout aussi savoureux et mordant.
Si Irma Vep se veut presque un documentaire fantasmé mais vraisemblable de l'industrie de la fiction, elle est aussi un conte sociétal où l'héroïne se déconstruit autant que le milieu auquel elle appartient, pour le meilleur et pour le pire. Elle qui est une habituée des blockbusters, qui vampirisent le marché du cinéma, peut enfin prouver sa valeur dans un projet d'auteur qui lui tient à coeur.
Et malgré les difficultés et le chagrin, Mira travaille dur et avec sincérité dans un monde où il vaut mieux montrer les crocs plutôt que de laisser entrevoir ne serait ce qu'une once de vulnérabilité. Et pourtant c'est cette sensibilité qui va nous accrocher à Mira et nous donner envie de suivre son parcours dans cette mise en abyme grandeur nature aussi hilarante que touchante.
Alors où s'arrête la fiction et où commence la réalité ? Des questions sur une frontière floue qui ne trouveront peut-être pas de réponses tant le créateur et sa troupe de comédiens épousent avec aisance les différentes intrigues de la série en s'amusant avec et en exorcisant sûrement des névroses. Quoi qu'il en soit, Olivier Assayas a réussi son pari de nous offrir un petit bijou rafraîchissant et pointu de télévision contemporaine, qui se distingue d'une année sérielle pour le moment assez tiède.