Cigarette à la main, chignon hitchcokien et tenue d’un blanc immaculé. En cinq minutes top chrono, Sharon Stone va réinventer les scènes d'interrogatoire au cinéma. La star de Basic Instinct, c'est elle. Et 30 ans plus tard, on en parle encore.
Les mœurs en 1992, année de sa sortie, n'étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, néanmoins le thriller de Paul Verhoeven continue d’échauffer les esprits. Après une brève ressortie dans les salles en 2021, ce classique des années quatre-vingt dix est à voir sur Netflix.
L’histoire commence avec le meurtre sauvage d’une star du rock. Un pic à glace est retrouvé sur les lieux. L’inspecteur Nick Curran (Michael Douglas) enquête sur le crime et fait la rencontre de la principale suspecte, Catherine Tramell (Sharon Stone).
Brillante et mystérieuse, elle est également l'autrice de romans érotiques dans lesquels elle décrit des homicides qui se reproduisent dans la réalité. Entre son envie de résoudre son enquête et de succomber au charme de l’écrivain, l’inspecteur va tomber dans une spirale infernale.
Inspiré par le style d’Alfred Hitchcock, Basic Instinct - qui évoque l’instinct primaire de chaque être humain en français - sort pendant l'effervescence des thrillers érotiques au cinéma. En 1992, les femmes fatales sont partout sur les écrans, mais celle interprétée par Sharon Stone signe l’apogée de ce mouvement. Difficile d’imaginer une autre actrice à sa place. Pourtant, douze stars avaient déjà refusé le rôle. Parmi elles, Julia Roberts, Meg Ryan, Kim Basinger, Michelle Pfeiffer ou encore Isabelle Adjani.
Le personnage sulfureux de Catherine Tramell a fait de Sharon Stone une star mondiale. Dès la projection du film au Festival de Cannes, elle fait les frais d’une popularité soudaine et envahissante. Des spectateurs entrent même dans son hôtel sur la Croisette pour la suivre dans les couloirs. Devenue un “sex-symbol” malgré elle, l’actrice devra vivre avec cette étiquette pour la suite de sa carrière.
Au cœur des nombreuses discussions autour du film, il y a une scène. Celle où la suspecte est interrogée par les officiers de police. Alors qu’elle croise les jambes, l’actrice surprend les spectateurs du monde entier en ne portant aucun sous-vêtement. Cette séquence, parodiée des milliers de fois depuis, est devenue l’un des moments les plus emblématiques du cinéma hollywoodien contemporain.
Pourtant, Sharon Stone elle-même a été piégée. Dans ses mémoires The Beauty of Living Twice, publiés en 2021, elle explique que Paul Verhoeven lui avait demandé d’enlever ses dessous qui étaient trop visibles à la lumière. Il lui promet que son corps ne sera pas dévoilé davantage à l'écran.
Elle découvre la scène et le plan en pleine projection test devant toute l’équipe. Furieuse et se sentant trahie, elle gifle le réalisateur dans la cabine de projection. Paul Verhoeven, lui, réfute cette version.
Autrefois critiqué, désormais adoré
À sa sortie, Basic Instinct ne fait pas l’unanimité auprès des critiques et encore moins auprès des militants de la communauté LGBT+. Beaucoup reprochent au film de véhiculer une représentation insultante et dangereuse de la bisexualité. Des pétitions sont créées et des manifestations sont organisées. Néanmoins, le thriller trouve son public. En France, il rassemble plus de 4 millions d’entrées et aux États-Unis, il récolte autant qu’un film d’action à gros budget.
Les années ont passé et Basic Instinct reste ancré dans la mémoire collective comme l’enquête la plus sulfureuse de cette décennie. Depuis, les critiques ont nettement revu à la hausse la qualité du film. Quant à Sharon Stone, son personnage de Catherine Tramell continue de lui coller à la peau.
Basic Instinct est disponible sur Netflix.