Un tapis rouge coup de poing pour Riposte Féministe ! A l'occasion de la présentation du documentaire coréalisé par Simon Depardon et Marie Perennès, un happening a eu lieu sur les marches de Cannes, dimanche 22 mai.
Des membres du mouvement Les colleuses, venues de toute la France, ont déroulé une banderole portant les noms des 129 victimes de féminicides depuis le dernier Festival.
Le documentaire Riposte féministe s'intéresse aux milliers de jeunes femmes mobilisées pour dénoncer les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes qu’elles subissent au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages de soutien aux victimes et des slogans contre les féminicides. Certaines sont féministes de longue date, d’autres n’ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui ont trop souvent bouleversé leur vie.
Nous avons rencontré le duo de réalisateurs à Cannes lundi 23 mai, Simon Depardon et Marie Perennès. Ils sont revenus, à notre micro, sur cette journée de tapis rouge, présentation et mobilisation. Le distributeur du film avait convié 14 colleuses, représentant plusieurs villes.
"C’était l’idée pour nous de les faire se rencontrer. Elles avaient déjà échangé un peu sur les réseaux sociaux", confie Simon Depardon. "Là, il y avait l’occasion de leur montrer le film pour la première fois, et de faire des liens entre elles. Elles ont profité de la montée des marches pour dérouler une banderole avec les 129 féminicides depuis le dernier Festival de Cannes. Ensuite, elles ont allumé des fumigènes, quelque chose qu’on ne savait pas.
Je crois que c’était bien de saisir cette opportunité d’avoir une belle image, montrer que le film parle de ce sujet, que c’est un sujet très important. Le plus important pour nous était de leur montrer le film."
"Pour nous, le fait que ce soit vivant, qu’elles réagissent dans la salle et que donc le public aussi réagisse, c’est aussi vraiment tout ce qu’on a voulu faire avec ce film", poursuit Marie Perennès. "Faire réagir, faire peut être prendre conscience... En tout cas questionner, interroger, créer des dialogues, des émotions. La projection de dimanche était riche de tout ça. C’était une journée riche en émotion. Qu’elles se rencontrent, c’était revigorant et énergisant pour nous tous".
Mettre ce film ici, faire une action, ça permet d’en parler et c’est ça le plus important
"On était heureux de cette sélection. Je pense que c’est intéressant que le Festival de Cannes et Thierry Frémaux aient pris la décision de montrer un film comme celui-là. Au-delà du sujet politique, je pense que c’est aussi la forme du film qui a séduit", poursuit le tandem.
"C’est intéressant, parce que d’une certaine façon, on sait que ça sert au Festival d’avoir un film féministe, et ça sert aussi à la visibilité. Nous, on pense que c’est bien. On sait qu’il n’y a que 20% des films qui sont réalisés par des femmes. Donc mettre ce film ici, faire une action, ça permet d’en parler et c’est ça le plus important."
Comment toucher un public le plus large possible avec un documentaire comme celui-là ? Nous leur avons posé la question.
"Déjà on a fait ce film en parité pour cette raison. Pour nous, c’était extrêmement important d’avoir à la réalisation une équipe paritaire qui allait permettre justement peut être d’équilibrer tous ces différents niveaux de discours.
L’idée c’était vraiment de ne pas emprisonner les gens dans un discours, avec des interviews face caméra et des jeunes féministes qui pourraient dire que c’est comme ça qu’il faut penser, agir, faire. L’idée était de donner à voir ce qui se passe pour éveiller à cet endroit là les consciences."
Riposte fémininiste sortira le 9 novembre prochain, précédé d'avant-premières et de projection-débats.