Evángelos Odysséas Papathanassíou, dit Vangelis, s'est éteint ce mardi 17 mai à l'âge de 79 ans. Pionnier de la musique électronique, il a signé quelques unes des bandes originales de films les plus marquantes de l'Histoire du cinéma. "je n'ai jamais grandi avec l'idée de devenir connu ou de faire carrière dans la musique, ou de devenir compositeur; cela ne signifiait rien pour moi" racontait-il dans une interview.
Ce brillant autodidacte avait pourtant su trouver son inspiration dans l'exploration spatiale, la nature, l'architecture futuriste, ou même dans le Nouveau Testament, pour livrer des compositions particulièrement mémorables. En voici trois.
Les Chariots de feu
Il fut oscarisé à juste titre pour sa fabuleuse partition des Chariots de feu de Hugh Hudson, dont le thème principal ouvre et ferme le film; les notes élégiaques de son clavier accompagnant la mémorable course des athlètes britanniques au bord de mer sur la plage de St Andrews, en Ecosse. Alors que le cinéaste souhaitait utiliser L'Enfant, un thème inclu dans l’album Opéra sauvage (1979) de Vangelis, le musicien lui proposa un morceau original qui rencontra un succès foudroyant.
Intitulé Eric's Theme, du nom de l'un des personnages principaux du film, Eric Liddell, le morceau est devenu tellement emblématique qu'il est même passé à la postérité en étant rebaptisé avec le titre même du film. Il fut notamment repris par Steve Jobs, le 24 janvier 1984, lors de la mémorable présentation du tout premier ordinateur Macintosh au public.
Il est même devenu étroitement associé aux Jeux Olympiques. La BBC le reprendra d'ailleurs en 1984 pour sa couverture des JO d'été de Los Angeles en 1984, et fut également utilisé comme thème musical lors des JO d'hiver de Sarajevo la même année. Plus récemment, on a en tête sa savoureuse reprise parodique par Rowan Atkinson, alias Mr Bean, lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Londres, en 2012. Bref, iconique.
Blade Runner
Blade Runner, c'est évidemment une fabuleuse vision artistique portée par Ridley Scott, épaulé par le Designer industriel Syd Mead et un immense artiste derrière les effets visuels, le regretté Douglas Trumbull, qui nous a récemment quitté. Mais ce monument de la SF ne serait certainement pas devenu aussi culte sans son extraordinaire BO signée par Vangélis, qui sera pourtant maltraitée elle aussi, tout comme le film : elle fut en effet bloquée pour de sombres raisons de droits, et devra même attendre 12 ans pour une sortie officielle sur album.
En 1982, Vangélis s'enferme dans son studio de Marble Arch à Londres, pour créer la BO du film de Scott. Très réceptif à l'univers du film, le compositeur livre une partition à la tonalité blues. Hypnotique, inquiétante, émouvante et mélancolique, la BO se déclenche sur chaque cadrage dans le film.
Tandis que le Main Title ouvre le film de concert avec la vision dantesque du Hades Landscape et son urbanisme cyberpunk, les notes jazzy jouées au saxophone du Love Theme hantent encore la mémoire, quand ce n'est pas la somptueuse mélodie du Memories of Green jouée au piano, pour ne citer qu'une poignée d'exemples.
La force de la BO du compositeur, c'est qu'il ne l'avait pas pensée comme un "simple" accompagnement musical, mais comme un album à part entière, certes capable d'épouser -de fusionner même- avec les images, mais aussi d'être totalement autonome.
Revoici le Main Title du film. Une merveille absolue...
1492 : Christophe Colomb
Vangélis retrouvera Ridley Scott dix ans après, pour collaborer à nouveau sur le film 1492 : Christophe Colomb. Film de commande destiné à célébrer le 500e anniversaire de la "découverte" des Amériques par le fameux navigateur gênois, le film s'était passablement fait éreinter par la Critique, même s'il fut un beau succès en salle en France, avec un peu plus de 3 millions de spectateurs.
Le thème Conquest of Paradise, qui reprenait notamment La Folia, une danse apparue au XVe siècle au Portugal et qui servira pour des variations à plus de 150 compositeurs, est l'un des plus anciens thèmes musicaux européens. En France, le single s'est vendu à 68 000 exemplaires. Un chiffre qui fait pâle figure comparé aux ventes colossales du single en Allemagne, qui s'écoulera à 15 millions d'exemplaires.
Le revoici...