En même temps, nouveau film loufoque du duo Benoît Delépine et Gustave Kervern, est en salles depuis le 6 avril.
Le film est porté notamment par Jonathan Cohen, qui incarne un maire de droite décomplexée. À la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, il essaye de corrompre son confrère écologiste, campé par Vincent Macaigne.
Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré.
Après s'être moqué des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) dans Effacer l'historique (2020), le tandem grolandais Kervern / Delépine s'attaque au monde de la politique avec la même verve acerbe qui les caractérise.
"Depuis 20 ans, grâce au cinéma, nous tentons d’embrasser les questionnements qui agitent notre société contemporaine et nos petites vies personnelles. Cette fois elles étaient toutes en pause, sidérées par le covid", indique Benoît Delépine dans le dossier de presse du film.
"Nous aurions pu parler de cette sidération, mais nous avons pensé que beaucoup d’autres cinéastes s’en chargeraient. Et puis, dans un grand éclat de rire salvateur, est venue cette image incongrue de deux hommes politiques collés l’un à l’autre contre leur gré", confie le réalisateur.
"EN MÊME TEMPS", UNE RÉFÉRENCE À EMMANUEL MACRON ?
Pourquoi les cinéastes ont-ils opté pour ce titre évocateur, qui rappelle une certaine formule fétiche d'Emmanuel Macron ? Le film devait à l’origine s’intituler Union nationale mais les réalisateurs trouvaient ce titre un peu trop martial. En même temps s’est imposé tout seul.
"Un politicien est tout simplement la quintessence d’un être humain dans la période actuelle. Il est comme ces artistes de cirque qui doivent jongler avec des assiettes. Il court d’assiette en assiette pour éviter qu’elles tombent. C’est exactement ce que nous faisons tous pour éviter la catastrophe", explique Gustave Kervern.
"Ceci étant dit, le principe du "en même temps" pour un homme politique, devant le chaos qui s’annonce, c’est la certitude absolue d’aller droit dans le mur", ajoute-t-il.
Pour son complice Benoît Delépine, ce titre est à la fois actuel ("on peut y voir une attaque du Macronisme") et intemporel ("dans 20 ans on s’en foutra du Macronisme"), qui exprime la difficulté à satisfaire tout le monde et à procéder à de vrais choix politiques.
BROCARDER LES HOMMES POLITIQUES
Pour les réalisateurs, il était important de faire le point sur le pouvoir politique en France, surtout l’année où se déroulent les élections présidentielles.
"En ce qui me concerne, mon père ayant été maire d’un bourg en Picardie pendant près de 40 ans, et suivant de près la vie de mon village en Charente, je trouvais intéressant de faire un portrait humain de ceux qui nous gouvernent. Avec leurs bonnes et mauvaises volontés. Leurs limites. Leurs angoisses aussi", précise Benoît Delépine.
Le film met ainsi en scène Molitor et Béquet, deux types de politiciens différents. Le premier est un écologiste qui croit vraiment en ce qu’il dit mais que personne n’écoute.
Le second est "un prototype de mec d’extrême droite, mais qui surfe sur ces idées pour aller dans le sens des électeurs, de plus en plus sensibles à garder leur petit pré carré. C’est un opportuniste qui profite de son statut et que les gens prennent plus au sérieux parce qu’il paraît plus affirmé et plus autoritaire", conclut Gustave Kervern.
En même temps est dans les salles depuis le 6 avril.