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    Révélation de 120 battements par minute, Nahuel Pérez Biscayart dans un thriller sociétal bouleversant
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Actuellement au cinéma, Employé / Patron est un thriller social porté par Nahuel Pérez Biscayart, révélé en France dans 120 battements par minute. Rencontre avec l’acteur et le réalisateur Manuel Nieto derrière ce film présenté au Festival de Cannes.

    Plongée brutale dans le milieu rural uruguayen, Employé / Patron (El Empleado y El Patron, en VO) met en opposition deux classes sociales à travers le conflit qui anime un petit patron agricole et un de ses employés sur son exploitation de soja. Un drame affreux va faire basculer l’équilibre fragile de cette relation de travail où l’ascendant aura toujours le dernier et terrible mot.

    Employé / patron
    Employé / patron
    Sortie : 6 avril 2022 | 1h 46min
    De Manuel Nieto Zas
    Avec Nahuel Perez Biscayart, Cristian Borges, Justina Bustos
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,0
    Streaming

    Entre le western et le thriller, ce film de Manuel Nieto dresse le portrait violent d’un monde paysan toujours plus précaire mais aspirant à toujours plus de liberté malgré les difficultés. Nahuel Pérez Biscayart, la révélation de 120 battements par minute, livre une performance sombre et à contre-emploi face à un jeune Cristian Borges bouleversant. Présenté au dernier Festival de Cannes lors de la Quinzaine des réalisateurs, Employé / Patron sort aujourd'hui au cinéma.

    AlloCiné : Le film se construit sur la relation entre cet employé et ce patron, qui auraient pu être amis, si leurs conditions sociales et un terrible accident n'avaient pas été des obstacles. Est-ce que le scénario a toujours été pensé ainsi ou est-ce que vous l'avez retravaillé en fonction du tournage ?

    Manuel Nieto : Oui, il y a eu des modifications dans le scénario au fur et à mesure du tournage parce qu'après avoir filmé la première partie du film, on s'est aperçu que le film tel qu'on l'avait imaginé était trop gros pour ce qu'on pouvait se permettre et pour le temps qui nous était donné. On a coupé un tiers du scénario, 60 séquences et évidemment ce qu'il y avait dedans, il a fallu le réintroduire dans le scénario mais de manière condensée.

    Ensuite, quand on a filmé les deux parties suivantes, on a gardé ce qu'on avait tourné parce qu'il faut savoir qu'une journée de tournage coûte très chère, sur ce film c'était 20 000 dollars et je suis aussi producteur, donc il fallait le prendre en compte (rires). Finalement, je crois que ces modifications qu'on a apportées au scénario,- ce resserrement -, ont permis une tension qui est plus importante dans le film, à partir du moment où se produit l'accident.

    Eurozoom

    C'est vrai que cette tension fait basculer le film dans le thriller et parfois même le western avec les séquences de courses de cheval, très oniriques. Quelles étaient vos inspirations en termes de mise en scène ?

    Manuel Nieto : C'est certain ce que vous dites. L'inspiration, je dirais que c'est mon aventure personnelle, très particulière pendant le tournage. C'est assister à une course de chevaux, organiser une chasse aux sangliers, faire amener toute l'équipe et tout le matériel dans un coin reculé, ça c'est la partie logistique. Et pour le film, je le vois comme une grande peinture qui va d'un lieu à un autre, qui montre une région qui est très vaste et qu'on va parcourir sans jamais regarder en arrière. C'est offrir aux gens des choses qu'ils n'auront jamais l'occasion de voir. Je crois que c'est ce désir là qui a inspiré la mise en scène.

    Nahuel, le public français vous découvre dans ce nouveau film à Cannes dans un tout autre registre après 120 battements par minute. Le tournage s'est bien passé ? Qu'est-ce qui vous a plu dans ce film ?

    Nahuel Pérez Biscayart : C'était un tournage effectué en trois parties, j'ai participé à la première et à la dernière. Ca s'est très bien passé, c'était fluide et calme. C'était super de revenir à la source de la création cinématographique avec un petit film artisanal. J'ai trouvé le scénario très fort et j'avais très envie, après avoir tourné un film en Biélorussie qui était très grand et commercial, de passer à une chose plus petite, à un film à hauteur d'homme. Et je connaissais le travail de Manuel, donc j'ai foncé.

    Est-ce que vous avez échangé avec Manuel concernant les modifications dans le scénario ? Est-ce que votre personnage a aussi connu quelques changements ?

    Nahuel Pérez Biscayart : Non, Manuel est très concret, il enseigne aussi, et il a été précis avec son scénario. Je lui ai accordé ma totale confiance. A chaque fois qu'il modifiait quelque chose, il m'envoyait les notes et je suivais le mouvement. Je suis tout à fait d'accord avec lui, le film a gagné en force grâce à cette condensation un peu imposée par les contraintes financières.

    Au final, le personnage était assez clair depuis le début. Je vois un peu le film comme une longue scène qui se déploie tout du long, il fallait juste rentrer dans un certain état et faire avancer cette histoire de la manière la plus organique possible. Ce qui a surtout été modifié ce sont les enjeux dramatiques.

    Quelles ont été les grandes modifications du coup ?

    Manuel Nieto : Il y avait beaucoup de petites scènes de l'univers du patron, qui n'étaient pas importantes en tant que telles, mais qui mises bout à bout permettaient de construire une idée. La multiplication de ces scènes atténuaient la tension. Il y avait tout de même des dialogues intéressants donc j'ai dû les distiller dans les principales scènes.

    Le Patron fait face à un employé passionné de courses de chevaux. Est-ce que c'était évident de faire appel à un comédien non professionnel, Cristian Borges, qui est impressionnant face à Nahuel ?

    Manuel Nieto : Oui, c'était une idée fondamentale qui était la matérialisation des deux univers. Partir du monde du patron et avoir des comédiens professionnels et arriver au monde de l'employé et avoir des comédiens non professionnels et cherchés dans la région où on a tourné.

    Cristian Borges était en plus excellent avec les chevaux puisqu'il est dresseur de chevaux qui n'ont jamais été montés. Mais il n'avait pas l'habitude des courses donc il a eu un entraînement. Il est très jeune, très intelligent et il observait beaucoup Nahuel. Il regardait tout sur le plateau.

    Nahuel Pérez Biscayart : Cristian était quelqu'un de très éveillé et très capable sur le plateau. Il apprenait vite, il n'a pas eu peur d'y aller. A la fin du tournage, il me demandait si je pensait qu'il pouvait faire des démarches pour jouer dans une telenovela en Argentine. Il m'a demandé des contacts. J'ai adoré travaillé avec lui, il était très disponible, très ouvert, très observateur. Il a très vite compris la logique d'un tournage de film. J'étais très admiratif.

    Propos recueillis par Mégane Choquet le 10 juillet 2021 à Cannes.

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