L’an dernier, Netflix avait été le studio le plus primé de la cérémonie des Oscars avec sept récompenses, essentiellement techniques. La plateforme réussira-t-elle à nouveau cet exploit ? C’est bien possible, car elle a produit le film en tête des nominations cette année : The Power of the Dog de Jane Campion.
En tout, Netflix a récolté 27 citations. Mais les autres plateformes de streaming ne sont pas loin derrière, ayant toutes obtenu des nominations dans des catégories majeures grâce à de très beaux films sortis en 2021. Les voici :
The Power of the Dog (Netflix)
12 nominations dont Meilleur film et Meilleur acteur
The Power of the Dog est le grand favori de cette cérémonie avec 12 nominations et dans des catégories majeures. Avec son western centré sur un cowboy frustré de ne pouvoir vivre au grand jour son homosexualité – interprété par un Benedict Cumberbatch magistral – Jane Campion signe un retour tonitruant.
Elle décroche ainsi sa deuxième nomination dans la catégorie Meilleure réalisation, 28 ans après La Leçon de piano. Une première pour une femme dans l'Histoire des Oscars. Outre Benedict Cumberbatch, sérieux prétendant à l'Oscar du meilleur acteur, ses partenaires (Kodi Smit-McPhee, Jesse Plemons et Kirsten Dunst) sont eux aussi nommés pour le Meilleur acteur et la Meilleure actrice dans un second rôle.
Don't Look up (Netflix)
4 nominations : Meilleur film, Meilleur scénario original, Meilleur montage, Meilleure musique
Pas de nomination dans les catégories d'interprétation, mais néanmoins une présence dans quatre catégories de premier plan. Déjà récompensé par l'Oscar de la Meilleure adaptation en 2016 pour le script de son film The Big Short: le casse du siècle, Adam McKay confirme une nouvelle fois son statut d'auteur/réalisateur parmi les plus en vogue actuellement à Hollywod.
Porté par le duo formé par Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, Don't Look Up est une satire sur deux scientifiques découvrant qu'une comète s'apprête à détruire notre planète. Pris malgré eux au beau milieu d'un tourbillon médiatico-politique, ils vont éprouver toutes les peines du monde à être pris au sérieux par leurs différents interlocuteurs.
The Lost Daughter (Netflix)
3 nominations : Meilleure actrice, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur scénario adapté
Pour son premier long métrage, l'actrice Maggie Gyllenhaal adapte le roman d’Elena Ferrante, Poupée volée, et s'attaque à un sujet tabou : le regret maternel. À travers le destin de Leda, son personnage principal, elle raconte l'histoire d'une femme qui se retrouve dans les yeux d'une jeune mère débordée.
The Lost Daughter dessine un portrait de femme rare au cinéma. Avec délicatesse et subtilité, la cinéaste fait vivre ses personnages grâce à son excellent trio d'actrices et pointe du doigt les injonctions faites aux mères dans la société contemporaine. Aux Oscars, le drame est nommé à trois reprises : Meilleur scénario adapté, Meilleure actrice (Olivia Colman) et Meilleure actrice dans un second rôle (Jessie Buckley).
Tick, Tick… Boom! (Netflix)
2 nominations : Meilleur acteur et Meilleur montage
Premier long-métrage du génial Lin-Manuel Miranda (créateur, entre autres, du phénomène de Broadway Hamilton), Tick, Tick... Boom! est la superbe adaptation de la comédie musicale autobiographique du même nom signée Jonathan Larson.
C’est Andrew Garfield (qui a opéré un retour en force ces derniers mois avec ce film mais aussi Dans les yeux de Tammy Faye et Spider-Man : No Way Home) qui se glisse avec brio dans la peau de ce compositeur de génie mort avant la première représentation de Rent, la pièce qui fera de lui une star à titre posthume.
Les Mitchell contre les Machines (Netflix)
1 nomination : Meilleur film d'animation
Produit par Phil Lord et Chris Miller (La Grande aventure Lego, Tempête de boulettes géantes, 21 Jump Street, Spider-Man New Generation), Les Mitchell contre les machines est aussi un film d’aventure fantastique ultra-référencé qui raconte comme une rébellion technologique va impacter l’avenir d’une famille dysfonctionnelle.
En route pour l’université, Katie Mitchell et ses proches vont assister à un soulèvement des machines sans précédent et cette épreuve va les rapprocher plus que jamais. Sous couvert d’un road trip SF endiablé, Les Mitchell contre les machines est un formidable film d’animation drôle, touchant et terriblement efficace.
La Main de Dieu (Netflix)
1 nomination : Meilleur film en langue étrangère
Signé Paolo Sorrentino, La Main de Dieu est le film le plus personnel du réalisateur qui y raconte le tournant de son adolescence, marquée par une tragédie familiale. Jamais misérabiliste, son film est au contraire lumineux, porté par la révélation Filippo Scotti qui joue Paolo Sorrentino adolescent.
Dédié à Naples (où se déroule le film), à Maradona et à sa famille, La Main de Dieu concourt dans la catégorie du Meilleur film en langue étrangère, dans laquelle Paolo Sorretino a déjà été récompensé en 2014 pour La Grande Bellezza. Ce film autobiographique se mesure à deux films favoris des festivals en 2021, Drive My Car et Julie (en 12 chapitres).
Dans les yeux de Tammy Faye (Disney+)
2 nominations : Meilleure actrice et Meilleurs maquillages et coiffures
C’est bien connu, les biopics - qui plus est avec transformation physique ! - ont la cote aux Oscars. Pas étonnant donc que Jessica Chastain ait reçu une nomination pour son interprétation de l’épouse de Jim Bakker, un télévangéliste star des années 70 et 80, dans Dans les yeux de Tammy Faye.
L’actrice disparaît complètement derrière ce rôle haut en couleur et rend instantanément attachante cette femme prônant un message d’amour qui va voir son monde exploser après plusieurs scandales touchant son mari, incarné par Andrew Garfield.
Summer of Soul (Disney+)
1 nomination : Meilleur film documentaire
Événement méconnu, si ce n'est oublié par certains, le Harlem Cultural Festival trouve une nouvelle vie grâce au travail du musicien et réalisateur Ahmir “Questlove” Thompson. Ce dernier est l'auteur de Summer of Soul. Le documentaire met en lumière cette célébration musicale qui avait réuni de nombreux artistes afro-américains. Hélas, le festival avait été totalement éclipsé par celui de Woodstock, en 1969.
Summer of Soul rend un vibrant hommage à cette fête injustement oubliée par l'Histoire. Le cinéaste a visionné plus de 40 heures d'images filmées, et encore jamais montrées, pour monter une œuvre de deux heures ponctuée par de nombreux témoignages. Le geste de Questlove trouve un écho unique : son long métrage est nommé à l'Oscar du Meilleur documentaire.
Luca (Disney+)
1 nomination : Meilleur film d'animation
Loin d’être un Pixar mineur, Luca a fait chavirer les coeurs grâce à ses couleurs chaudes, ses décors italiens somptueux et sa touchante histoire d’amitié. Dans ce film d’animation qui sent bon l’été, Luca et Alberto veulent passer des vacances exceptionnelles comme de vrais petits garçons, sauf que les deux héros sont en réalité des créatures marines chassées par les humains.
L'écriture et la réalisation d'Enrico Casarosa, qui avait déjà collaboré au merveilleux Coco, apportent une sincérité et une générosité émouvantes à ce nouveau bijou des studios Pixar, plein de malice, de bienveillance et de répliques mordantes.
Raya et le dernier dragon (Disney+)
1 nomination : Meilleur film d'animation
Nommé dans la catégorie Meilleur film d'animation, Raya et le dernier dragon du duo de réalisateurs Carlos López Estrada et Don Hall est une petite révolution à lui seul : il met en scène la première princesse d'Asie du Sud-Est. Le conte suit l'aventure d'une guerrière solitaire qui se donne pour mission de retrouver le dernier dragon pour restaurer la paix dans son royaume de Kumandra.
Raya et le dernier dragon est une nouvelle réussite pour les studios Disney. Le film invite les spectateurs à découvrir les légendes ancestrales de la culture sud-asiatique, le tout mêlé à des séquences d'action à couper le souffle et différents styles d'animation. Au premier plan, on retrouve surtout une grande héroïne, dont le courage et l'audace pourraient inspirer un jeune public.
Being the Ricardos (Prime Video)
3 nominations : Meilleur acteur, Meilleure actrice et Meilleur acteur dans un second rôle
Écrit et réalisé par le réputé Aaron Sorkin, Being the Ricardos s’intéresse au couple formé par Lucille Ball et Desi Arnaz. Peu connus en France, ils étaient deux immenses stars de la télé aux États-Unis grâce à leur série I Love Lucy diffusée dans les années 50.
Le film plonge ainsi le spectateur dans les coulisses de cette sitcom culte, tout en retraçant la relation de Lucille et Desi - respectivement incarnés par les talentueux Nicole Kidman et Javier Bardem, tous deux très investis dans leur rôle -, de leur coup de foudre à leurs premiers déboires.
Spencer (Prime Video)
1 nomination : Meilleure actrice
Le Chilien Pablo Larraín transforme chacun de ses films en une expérience sensorielle. Spencer ne fait pas exception. Ce biopic sur Lady Diana revient sur les tensions entre la princesse et sa belle-famille pendant les fêtes de Noël en 1991. Sur une période de trois jours, le long métrage suit la rébellion de la jeune femme qui tente, en vain, de trouver sa place.
Dans la peau de l'icône royale, Kristen Stewart signe son meilleur rôle. Et pour cause, elle décroche la seule nomination accordée au film, celle de la meilleure actrice. Poignant, poétique et anxiogène, Spencer n'est pas un biopic ordinaire. À travers la mise en scène de son réalisateur, le film se vit comme un thriller à la frontière du drame et de l'horreur.
Un Prince à New York 2 (Prime Video)
1 nomination : Meilleurs maquillages et coiffures
33 ans après Un Prince à New York, Eddie Murphy retrouve Akeem Joffer devenu roi dans Un Prince à New York 2. C’est Craig Brewer qui succède à John Landis pour la réalisation de ce deuxième opus.
Roi de la métamorphose, Eddie Murphy s’est de nouveau amusé – avec son compère Arsenio Hall – à transformer son apparence en interprétant plusieurs personnages. Ce qui vaut au film sa nomination pour l’Oscar des Meilleurs maquillages et coiffures.
CODA (Apple TV+)
3 nominations : Meilleur film, Meilleur acteur dans un second rôle et Meilleur scénario adapté
Quand les Américains proposent un bon remake d’un film français, ça donne CODA de Sian Heder (Orange Is the New Black, GLOW). Cette version US de La Famille Bélier dont le titre, acronyme de l’anglais pour "Child Of Deaf Adults" (qui veut dire "enfant entendant de parents sourds"), fait également référence à la fin d’une pièce en musique.
Car il n’est pas question que du quotidien d’une famille malentendante terriblement attachante et authentique (incarnée par de véritables acteurs atteints de surdité), c’est aussi l’histoire d’une jeune chanteuse tiraillée entre ses rêves et ses responsabilités envers ses proches. Après avoir fait sensation au festival de Sundance aux États-Unis, CODA continue de rafler des prix grâce à son intrigue d’une grande puissance émotionnelle et son casting bouleversant.
The Tragedy of Macbeth (Apple TV+)
3 nominations : Meilleur acteur, Meilleurs décors et direction artistique et Meilleure photographie
Premier film en solo de Joel Coen, The Tragedy of Macbeth est une nouvelle adaptation du Macbeth de Shakespeare où Denzel Washington tient le rôle-titre face à Frances McDormand qui joue son épouse, la terrible Lady Macbeth. Nommé dans la catégorie Meilleur acteur pour la septième fois, Denzel Washington concourt pour un deuxième sacre après Training Day en 2002.
Réalisé dans un noir et blanc magnifique du Français Bruno Delbonnel – nommé pour la Meilleure photographie – le film a également été entièrement tourné en studio dans des décors à l'austérité calviniste, assurés par Nancy Haigh, nommée pour cette occasion.