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    Euphoria : nudité, drogue, ados... pourquoi la série avec Zendaya est-elle sous le feu des critiques ?
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Malgré son immense popularité, Euphoria est sous le feu des critiques depuis la diffusion de la saison 2. Pourquoi certains tournent-ils le dos à la série avec Zendaya ?

    Attention, spoilers. Il est conseillé d’avoir vu la saison 2 d’Euphoria avant de poursuivre la lecture de cet article.

    Portée aux nues par toute une génération d’adolescents lors de sa saison inaugurale, Euphoria subit quelques déconvenues pour sa deuxième saison, dont le final diffusé hier soir sur HBO et disponible depuis aujourd’hui sur OCS a fait crasher la plateforme HBO Max selon Comicbook. La série de Sam Levinson qui dresse le portrait au vitriol de la génération Z a connu un succès retentissant grâce à son casting impliqué, ses sujets traités avec une criante et brutale vérité et sa direction artistique inspirée.

    Euphoria
    Euphoria
    Sortie : 2019-06-16 | 60 min
    Série : Euphoria
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    4,2
    Disponible sur MAX

    Mais, malgré l’énorme popularité de la série devenue la série la plus tweetée des années 2020 si l'on en croit Collider, des critiques se sont fait entendre sur la deuxième saison. Alors pourquoi Euphoria a-t-elle généré autant de conversations et de critiques cette année ?

    Promotion ou brûlot contre l’addiction ?

    Traitant en grande partie de l’addiction aux drogues de son héroïne principale Rue (incarnée par Zendaya, lauréate d’un Emmy Award), Euphoria montre sans tabou et sans concession le parcours difficile d’une adolescente face à l’addiction. Et cela passe par des scènes très crues où Rue prend des drogues de tout genre, passe par des moments de défonce mais aussi manque de perdre la vie suite à une overdose.

    Ce qui ne plaît absolument pas à D.A.R.E. (Drug Abuse Resistance Education), un programme d’éducation américain fondé en 1983 qui vise à prévenir l’utilisation de drogues contrôlées, l’appartenance à des gangs et les comportements violents. Des représentants ont ainsi accusé la série HBO de glorifier l’utilisation des drogues et de glamouriser l’addiction.

    Ce à quoi Zendaya a tenu à répondre dans une interview pour Entertainment Weekly que la série "n’est en aucun cas un conte moral pour apprendre aux gens comment vivre leur vie ou ce qu'ils devraient faire". L’actrice pense qu’"au contraire, le sentiment derrière Euphoria, ou tout ce que nous avons et ce que j’ai toujours essayé de faire, c'est d'aider les gens à se sentir un peu moins seuls face à leur expérience et à leur douleur. Et peut-être qu'ils n'ont pas l'impression d'être les seuls à vivre ou à gérer ce qu'ils vivent".

    HBO

    Cette vérité et cette volonté de montrer qu’il y a une lumière au bout du tunnel vient du showrunner Sam Levinson, qui a lui-même combattu son addiction pendant des années et qui est désormais sobre. Avec tous les drames et les frayeurs qu’a vécu Rue dans Euphoria, on ne peut sérieusement envisager que la série donne envie de reproduire ce que l’héroïne fait, et l’épisode 5, complétement fou, de la saison 2 nous l’a encore prouvé.

    Et pourtant, dans l’Hexagone, un fait divers a interrogé cette représentation et les conséquences qu’elle peut avoir sur un jeune public. En janvier 2022, une jeune adolescente française de 16 ans est tristement décédée après avoir avalé une importante quantité de médicaments et, selon Sud Ouest, elle aurait été inspirée par Euphoria.

    Une vision biaisée de l’adolescence ?

    Il est vrai que la série HBO n’est pas forcément à mettre devant toutes les têtes et Zendaya a rappelé via un post sur Twitter qu’elle était destinée à un public mature :

    "Je sais que je l'ai déjà dit, mais je veux vraiment insister auprès de tout le monde pour dire qu'Euphoria est destinée à un public mature. Cette saison, peut-être même plus que la précédente, est profondément émouvante et parle de sujets qui peuvent être dérangeants ou éprouvants à regarder. S'il vous plaît, ne regardez que si vous vous sentez à l'aise avec ça. Prenez soin de vous et sachez que vous êtes aimés et que je peux quand même sentir votre soutien."

    La série traite en effet de sujets très durs vécus par des personnages qui n’ont pas une minute de répit. À tel point que certains internautes ont critiqué la série sur les réseaux en disant qu’elle n’était pas réaliste en ce qui concerne la sexualité et la drogue ou que leur adolescence n’avait rien à voir avec celle décrite dans Euphoria et que la série aurait même dû se dérouler à l’université.

    Mais d’autres ont tenu à rappeler, via des posts Twitter ou des vidéos sur TikTok que ce n’est pas parce que vous n’avez pas vécu cette adolescence que d’autres ne sont pas passés par ce genre d’épreuve, en témoigne la vidéo TikTok de cette jeune femme qui rend hommage à ses amis du lycée souffrant d'addiction et décédés des suites d'une overdose, et la liste est atrocement longue. Certains ont eu une adolescence similaire ou ont traversé les mêmes épreuves face à l'addiction à la drogue, d'autant plus aux États-Unis où la crise des opiacés continue de faire rage.

    Dès la première saison, Sam Levinson a misé sur une esthétique particulière, louée par beaucoup, mais qui pourrait parfois prendre le pas sur la narration, les intrigues et le traitement des personnages. C’est ce qui peut aussi donner l’impression d’une glamourisation des traumatismes vécus par les adolescents de la série, mais Euphoria n’oublie jamais de revenir à la réalité et de choquer pour mieux faire comprendre.

    La deuxième saison, tournée sur pellicule 35mm avec un film inversible couleur Ektachrome sur Koda, a sa propre esthétique et s’est un peu éloignée des strass et paillettes des premiers épisodes. Plus sobre et plus sombre, la saison 2 d’Euphoria vous retourne et vous prend aux tripes en creusant encore plus la noirceur de ses personnages pour mieux les faire revenir ensuite dans la lumière. Ce contraste est à l'image du final de la saison 2, très brutal mais pourtant plein d'espoir.

    Et Sam Levinson avait prévenu que ces nouveaux épisodes iraient dans ce sens à Vogue, tout en dressant un portrait élogieux de Zendaya qui porte la série : "C'est une saison tellement brutale et ce que j'aime le plus chez Zendaya, c'est qu'elle est capable d'aller dans ces endroits sombres et dès que je dis 'Coupez', elle traîne derrière le moniteur, mange des cheesecakes et fait des blagues. On parle de la série, des personnages, de la vie, des films, de la politique. Elle est l'un des êtres humains les plus ancrés dans la vie que je connaisse."

    Ces nouveaux épisodes pouvant être vus comme une phase de transition avant la saison 3, déjà commandée, ont été pointés du doigt pour leur lenteur et la sensation de surplace qu’elle dégage. Pourtant, il n’y a rien de mal à ce qu’une série prenne son temps et que l’action ne soit pas aussi rapide qu’espérée, surtout dans le cas d’Euphoria où les moments suspendus et les dialogues ou monologues ont une importance primordiale.

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    Une nudité trop importante ?

    Mais il y a d’autres séquences qui ont suscité des controverses plus vives, notamment les scènes de nudité très présentes dans la série. Malgré un certain équilibre entre la nudité féminine et la nudité masculine, avec quelques full frontal cette saison, les actrices sont plus sollicitées pour ce genre de scène. Si Zendaya a, de son côté, signé une close de non-nudité, d’autres actrices ont évoqué les trop nombreuses séquences de nu et l’ont fait savoir au showrunner Sam Levinson.

    Notamment, les nouvelles arrivantes, comme Minka Kelly, l’interprète de Samantha, qui a demandé au showrunner de ne pas être nue dans une scène, comme elle l’a expliqué à Vanity Fair : "C'était mon premier jour en tant que guest dans cette nouvelle saison, et je ne me sentais tout simplement pas à l'aise d'être là nue. J'ai dit : 'J'adorerais faire cette scène, mais je pense que nous pouvons garder ma robe'. Et il m’a dit d’accord sans hésitation. Et il a tourné une belle scène et a obtenu exactement ce qu'il voulait."

    Même son de cloche pour Chloe Cherry, actrice pornographique qui incarne Faye dans cette saison 2. Dans une interview pour Daily Beast, elle a évoqué sa gêne pour une scène où elle devait être nue à l’origine avec l’acteur Tyler Chase. Et Sam Levinson a répondu à la demande de l’actrice :

    "On venait juste de se rencontrer et de se saluer et puis on a filmé la scène. Cela aurait probablement été plus confortable si nous avions eu un peu plus de temps pour nous connaître. Sam voulait faire la scène avec moi complètement nue et Tyler a dit que c’était un peu too much. Alors, ils ont décidé de ne pas le faire. Mais j'étais couvert de faux sang et je me sentais tellement bien d'être sur le plateau."

    De son côté, Martha Kelly, qui interprète la trafiquante de drogue Laurie, s’est sentie mal à l’aise lorsqu’elle a lu le script de la scène où elle donne un bain à Rue et qu’elle lui injecte de la morphine ensuite. Mais elle a expliqué à Variety qu’elle n’avait pas demandé à Sam Levinson de changer la séquence :

    "Je sentais une ambiance assez grossière, presque pédophile, quand j’ai lu la scène et je ne voulais pas la faire au début. J'ai parlé avec lui et j'ai décidé de ne pas lui demander de changer quoi que ce soit, parce que j'ai le sentiment très fort que je suis plus une comédienne qu'une actrice, donc je ne dirais jamais à un écrivain ou à un réalisateur s'ils pouvaient changer quelque chose pour moi parce que je me sens tellement chanceuse d'avoir été invitée en premier lieu."

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    Enfin, Sydney Sweeney (Cassie), qui a été la première à évoquer le sujet pour The Independent, a expliqué qu’elle n’avait pas hésité à se faire entendre et que le showrunner avait écouté ses réclamations et ne l’a jamais forcée à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas :

    "Il y a des moments où Cassie était supposée être topless et j’ai dit à Sam : 'Je ne crois pas que ça soit nécessaire ici'. Et il répondait : 'Ok, dans ce cas, on en a pas besoin'. Je n’ai jamais ressenti que Sam me poussait ou essayait absolument de mettre une scène de nu. Quand je ne voulais pas, il ne m’y obligeait pas."

    L’actrice, qui fait partie des talents à suivre, a par ailleurs rappelé à ELLE Australie qu’une coordinatrice d’intimité, appelée Amanda Blumenthal, était présente sur le plateau de la série HBO, pour superviser et chorégraphier les scènes intimes et mettre à l’aise les acteurs et les actrices :

    "La présence d’une coordinatrice d’intimité ajoute un autre niveau de confort. J'ai vraiment de la chance parce que tous mes partenaires de jeu sont si gentils. C'est un environnement très sûr et incroyable pour faire de telles scènes et la coordinatrice d'intimité permet de me sentir bien, en sécurité avec mon personnage."

    Pour Sydney Sweeney, la représentation de la sexualité des adolescents dans la série est même réaliste : "Je pense que c'est une attente très réaliste en matière de sexe, parce que quand on y pense et quand on grandit, il s'agit de plaire à quelqu'un d'autre et pas à soi-même. C’est ce qu’on nous apprend jusqu'à ce qu’on grandisse. Surtout pour Cassie, elle ne s'en rend pas compte. Tout est pour quelqu'un d'autre, toutes ses décisions sont pour quelqu'un d'autre, pour plaire."

    Des problèmes en coulisses ?

    Pour plaire à ses partenaires, certes, mais pour plaire au public aussi ? Le showrunner Sam Levinson, qui est un homme de 31 ans, est le seul à chapeauter Euphoria. Il écrit et réalise la série, sans aide extérieure, et pose son seul regard masculin sur ses personnages. Et des rumeurs laissent entendre que les coulisses de la série ne sont pas toujours roses.

    Selon des sources anonymes rapportées dans Elle AustralieBarbie Ferreira et Sam Levinson se seraient disputés sur la nouvelle approche de son personnage Kat dans la série. Des désaccords seraient vite apparus entre les deux sur le tournage, ce qui aurait conduit le showrunner à couper bon nombre de ses scènes : "La nouvelle saison d'Euphoria va être vraiment sombre. À tel point que certains acteurs, en particulier Barbie Ferreira, n'étaient pas en phase avec la vision du réalisateur."

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    Selon la source anonyme, le conflit entre les deux s'est avéré préjudiciable pour Barbie, qui a vu ses répliques et sa présence à l'écran considérablement réduites en conséquence. Ni Sam Levinson, ni Barbie Ferreira n’ont réagi à ces allégations mais les fans d’Euphoria se sont déjà fait leur opinion sur le sujet et sont assez en colère.

    Il en est de même pour l’absence à l’écran de McKay (Algee Smith) dans cette saison 2. Les fans s’attendaient à ce que les nouveaux épisodes évoquent les conséquences et traumatisme de l’agression sexuelle qu’il a subi mais le personnage n’est apparu que dans les deux premiers épisodes. Algee Smith a expliqué au Daily Beast qu’il ne connaissait pas l’avenir de son personnage :

    "Je ne sais pas vraiment, pour être honnête. Je pense que c’est une question qu’il faut poser à notre showrunner Sam Levinson sur la façon dont il voit le cours de l’histoire. Nous n’avons pas été aussi loin dans la discussion sur ce sujet, tous les deux."

    Euphoria n’est pas la première série ados à alterner l’importance des personnages, on se souvient de Skins, qui consacrait un épisode par personnage et aujourd’hui c’est Skam France, et sa version originale norvégienne, qui consacre une saison à un personnage. Cela apporte évidemment des disparités mais cela permet aussi de faire la part belle à des personnages moins visibles avant. C’est le cas pour Fez (Angus Cloud) et Lexi (Maude Apatow) dans les nouveaux épisodes d’Euphoria.

    Passer l’épreuve d’une saison 2 est toujours compliqué pour une série et Euphoria ne fait pas exception. Le public s’est tellement approprié la série, en la commentant, la rejouant, la critiquant, l’applaudissant et en faisant même des challenges TikTok, dont un hilarant et inventif "Euphoria High School" sur les costumes et "uniformes" des élèves, qu’une grande pression et une certaine exigence sans précédents et étonnantes pèsent sur elle.

    Mais l’on peut comprendre certaines critiques adressées à la série, qui n’est pas parfaite. Il ne serait pas de trop que Sam Levinson s’entoure d’un pool de scénaristes et/ou de réalisatrices avec un regard féminin, racisé et queer. L’épisode spécial centré sur Jules écrit par Hunter Schafer en est un bel exemple. Pour tout ce qu'elle apporte, tout ce qu'elle met en lumière et pour tous les talents dans cette série, on espère qu'Euphoria prendra un tout nouveau virage tout en gardant son essence et son identité pour sa saison 3, qui ne devrait pas être diffusée avant 2024.

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