Brève séquence flashback. Le 24 janvier dernier, le cinéma français et les principaux représentants du secteur audiovisuel ont signé au Ministère de la Culture un nouvel accord sur la chronologie des médias. Pour mémoire, celle-ci régit les dates auxquelles les films peuvent être diffusés, en ligne et à la télévision notamment, dans les mois qui suivent leur sortie au cinéma. Ces règles, qui doivent protéger la création, ont été l’objet d’intenses négociations, depuis l’essor des plates-formes de streaming, qui bouleversent la donne.
"Cet accord est une première étape significative de modernisation de la chronologie des médias. Il reflète notre approche constructive tout au long du processus de négociation et notre engagement à contribuer au cinéma français" commentait un porte-parole de Netflix, cité par Le Monde.
Ce 22 février, la firme de Redmond annonce la signature du premier accord avec les principaux organismes du cinéma français, représentés par la SRF (Société des réalisateurs de films), le BLIC (Bureau de liaison des industries cinématographiques), l'ARP (Société civile des auteurs réalisateurs producteurs), et le BLOC (Bureau de liaison des organisations du cinéma).
La plateforme de streaming s'engage ainsi "à articuler sa contribution de 4% de son chiffre d’affaires annuel net réalisé en France", à travers :
- un minimum garanti de 30 millions d’euros par an dans la création cinématographique d’expression originale française ;
- une clause de diversité fléchant au moins 17 % du montant des préfinancements dans le financement d’œuvres d’expression originale française dont le budget est inférieur ou égal à 4 millions d’euros ;
- une clause de volume prévoyant un minimum de dix films préfinancés chaque année.
Cela devrait représenter, pour l’année 2022, un investissement total d’environ 40 millions d’euros dans la création cinématographique française et européenne. La nouvelle chronologie des médias confère à Netflix une première fenêtre de diffusion à 15 mois après la sortie des films en salles, pour une durée de 7 mois exclusifs. Toutefois, ces films produits en-dehors de la France ne sortiront toujours pas en salle chez nous. De fait, ceux-ci ne seront soumis à aucun délai.
Si, de son côté, la SRF salue dans un communiqué la signature de cet accord avec Netflix, elle exprime dans le même temps "[son] étonnement et [sa] déception face au manque de curiosité et d'investissement de riches et puissants opérateurs comme Amazon et Disney pour la création cinématographique française"; ces deux autres géants ayant refusé de parapher l'accord sur cette nouvelle chronologie des médias.