Clap de fin pour Alice Nevers. Après 18 saisons, 121 épisodes, et près de vingt ans d'existence, la série emmenée par Marine Delterme et Jean-Michel Tinivelli, qui fait suite au succès de la version du Juge est une femme avec Florence Pernel, s'achève ce jeudi 10 février à 21h10 sur TF1 avec la diffusion d'un double épisode de conclusion intitulé "Cavalcades", qui promet déjà d'offrir un joli bouquet final aux fans des aventures de la procureure et de son fidèle Marquand.
Réalisé par Chris Briant et écrit par Claire Alexandrakis et Aude Blanchard, ce final a été tourné en novembre dernier, entre la région parisienne et la Normandie, afin de coller au nouveau départ des deux héros.
AlloCiné a pu assister à l'une des dernières journées de tournage de ce double épisode forcément particulier, où flottait une mélange de nostalgie, d'émotion, et de joie à l'idée de pouvoir clore comme il se doit l'une des séries françaises les plus longues de l'histoire de la télévision.
Alice Nevers made in Normandie... ou presque
Mardi 23 novembre 2021. Sous un froid glacial, direction le Château de Bouffémont, à une trentaine de kilomètres de Paris, en plein coeur de la forêt de Montmorency, où les équipes d'Ego Productions ont posé leurs caméras le temps de tourner quelques séquences censées se dérouler dans le château du Prince Fayçal (Selim Clayssen), qui se retrouve lié à l'enquête d'Alice et de Marquand, et fait partie de la longue liste des suspects de "Cavalcades".
"L’action de ce double épisode se passe en Normandie, mais on ne pouvait pas tout tourner là-bas pour des raisons économiques, donc on a fait en sorte de trouver des décors en région parisienne qui puissent passer pour la Normandie", nous explique le producteur d'Alice Nevers, Vincent Mouluquet, entre deux scènes.
"On est surtout allé en Normandie pour des extérieurs. On est dans le milieu des courses hippiques, donc on a utilisé des pistes d’entraînement au pied du Mont-Saint-Michel, des plages magnifiques, et on y a tourné les extérieurs du commissariat local à Granville, ainsi qu'une course hippique, juste à côté de Deauville. On a trouvé un juste équilibre entre ce qu’on filmait là-bas et ce qu’on tournait en région parisienne. Et on a découvert ce château et on s’est dit qu’il avait certains atouts en termes de décoration qui amenaient le luxe auquel on aspirait pour le domaine de notre prince qatari".
Pour ce final très attendu, exit donc le cadre parisien d'Alice Nevers et direction la province où les deux héros ont choisi de débuter une nouvelle vie. Mais le travail n'est jamais bien loin et la procureure Nevers, ainsi qu'un Marquand infiltré dans un centre d'entraînement équestre, vont tenter d'élucider le meurtre d'un jeune jockey (Grégoire Champion) promis à un très bel avenir.
L'occasion de croiser, ce jour-là, Paul Bartel (Les Petits princes, Tu es mon fils), qui prête ses traits à Chris, un rival de la victime, et se dit "ravi de faire partie de la fin d'un phénomène comme Alice Nevers", alors qu'il s'apprête à tourner une séquence avec Marine Deltermne, Jean-Michel Tinivelli, et Jessyrielle Massengo. Car, pour ne rien arranger, Ada, la fille d'Alice et de Marquand, est tombée amoureuse de Chris et a décidé de faire le mur pour retrouver celui qui fait battre son coeur. Quitte à se mettre en danger ?
Un final sous forme de cadeau pour le public
À l'annonce de l'arrêt de la série en janvier 2021, la production et les comédiens espèrent bien avoir droit à une conclusion digne de ce nom, malgré la sensation d'une page qui se tournait à la fin du dernier épisode de la saison 18. Tout simplement parce que le tournage du final à Noirmoutier, qui servait de décor à l'île isolée du "Pacte", avait été contrarié par le Covid et le confinement l'année précédente.
"On avait essayé d’amener nos héros dans un autre univers. Mais au bout de deux jours de tournage, le premier confinement nous est tombé dessus et tout s'est arrêté", nous raconte Vincent Mouluquet. "Ne sachant pas ce qu’il adviendrait, on s’est vite dit qu’on ne pouvait pas terminer ces épisodes comme ils étaient intialement prévus, donc on a réécrit la fin durant l’été pour finir sur une autre humeur".
"On terminait sur nos deux héros qui regardaient l’horizon et appréhendaient l’après. On ne savait pas si ça allait être la fin de la série ou non. C’était une fin assez jolie qui a été reçue comme une conclusion possible par les téléspectateurs. Mais cette fin avait tout de même été imaginée dans l’urgence, sous la contrainte d’une certaine manière".
"Une fois l'arrêt de la série acté, on a donc discuté avec TF1 et on en est venu à la conclusion que ce serait bien d'offrir une vraie fin au public, pour dire merci aux gens qui nous ont suivi durant toutes ces années. Car on a une communauté de fans assez hardcore (rires)", poursuit le producteur d'Alice Nevers, qui a rejoint l'aventure au moment du passage de la série du 90 au 52 minutes.
"La chaîne a accepté l’idée qu’on puisse partir en province. Et puis, en sachant qu’il y avait déjà eu un mariage avorté et que les fans nous en voulaient un peu je crois, nous avons vite imaginé que le final se terminerait sur ce mariage tant attendu".
"C’était l’occasion de le faire. Et on voulait vraiment rassembler le maximum de récurrents de la série. Si on n’avait pas pu faire ces deux épisodes, on aurait été vraiment tristes car les conditions de travail étaient un peu "volées" sur le final de la saison 18. C’était une fin avortée, un peu tristoune. Là, on termine avec un mariage, avec les amis réunis, il y a pire pour terminer une série".
Ces amis, ce sont Arnaud Binard (Sylvain Romance), Jean Dell (Edouard Lemonnier), Guillaume Carcaud (Victor Lemonnier), Alexandre Varga (Mathieu), ou encore Pierre Santini, l'interprète du père d'Alice, qui ont tous accepté de revenir une dernière fois à l'occasion du mariage des deux héros. Des retrouvailles qui réjouissent Marine Delterme, qui a même oeuvré en coulisses pour qu'elles se concrétisent.
"C’est très chouette de les retrouver. Et c'est très drôle car Jean-Michel n'y croyait pas (rires)", s'amuse la star de la série avant d'aller tourner une séquence d'interrogatoire entre Alice et le Prince Fayçal. "Avec son côté bougon et défaitiste, Jean-Mi me disait "Ils ne viendront pas. Lui, il tourne. Lui, c’est fini depuis trop longtemps". Et moi je prenais mon téléphone le week-end, je disais "Allez Jean, tu viens"."
"Et finalement on a réussi à rameuter tout le monde au mariage pour que ce soit un beau cadeau pour les téléspectateurs. On ne pouvait pas finir la série sans offrir une jolie séparation qui se passe bien, comme dans un couple. Je voulais une fin heureuse, qui amène de la joie et qui montre qu’Alice peut concilier son travail, son couple, ses enfants. Que tout ça est possible".
"Je ne réalise pas vraiment que c'est fini"
À quelques jours de filmer le mariage, qui marquera le tout dernier jour de l'aventure Alice Nevers, Marine Delterme ne semble ressentir aucune fatigue malgré le rythme assez soutenu du tournage. "Ce sont de grosses journées, c'est vrai, dans des décors importants. Lorsqu’on a tourné à Granville ou près du Mont-Saint-Michel, on avait des minutages plus petits, donc là tout est plus concentré sur la fin du tournage, mais ça ne me dérange pas, j’aime bien cette rapidité".
La comédienne, vue récemment dans Loin de chez moi sur TF1 et dans Manipulations sur France 2, nous explique avoir été dès le départ en accord avec la volonté de la production, de la chaîne, et des scénaristes d'opérer un virage et un changement de vie important pour Alice et Marquand juste avant le clap de fin.
"C’est bien d’amener un peu d’ouverture dans un polar comme Alice Nevers, surtout en cette période compliquée", nous confie Marine Delterme avant d'aller rejoindre son acolyte Jean-Michel Tinivelli sur le plateau.
"Cette envie de voir le personnage changer de vie correspondait à ce que les gens ont vécu durant le confinement. Alice décide qu’elle veut partir en province et qu’elle veut vivre autrement". Une vision que partage Vincent Mouluquet : "On a toujours fait en sorte d’être en prise avec l’actualité et la réalité d’un public large. Et là, l’aspiration à un ailleurs, à quitter les grosses métropoles, cela nous semblait être un mouvement naturel pour nos héros. Et la chaîne nous a suivis".
Et si Marine Delterme assure être excitée à l'idée de "croiser d’autres rôles, d’autres partenaires, d’autres producteurs", malgré l'émotion qu'elle peine à cacher après vingt ans passés dans la peau d'Alice Nevers, son partenaire depuis la saison 6, Jean-Michel Tinivelli, avoue ne pas réaliser encore que cette grande et belle aventure va s'arrêter.
"Les 13 années que j’ai passées dans la série se mélangent dans ma tête. Je ne réalise pas vraiment que c’est fini", nous confie l'interprète de Fred Marquand. "Vous savez, je ne pensais pas rester aussi longtemps dans cette série. Je pensais que j’allais faire six épisodes, voire une deuxième saison tout au plus (rires). Mais ça se profile, c’est la fin là".
"Je suis certainement triste de dire au revoir aux équipes, mais je suis content de ce qu’on a accompli durant toutes ces années. Et je suis content de ce final. Ça aurait été un peu difficile pour tout le monde si on n’avait pas eu droit à ce double épisode. Je pense aux fans, à Marine aussi, pour qui tout ça est forcément chargé en émotion. Et je suis content qu’on n’ait pas attendu trop longtemps pour mettre ces deux épisodes en action".
Celui que l'on retrouvera prochainement sur France 3 dans Simon Coleman poursuit en expliquant qu'il comprend le besoin de TF1 de "renouveler ses programmes" et qu'il retiendra avant tout les très belles rencontres faites sur la série. "Je retiendrai évidemment la rencontre avec Marine. La rencontre avec mes partenaires, mes assistants flics. J’ai eu la chance de tourner avec des mecs avec qui je me suis super bien entendu. Et je pense qu’on apprend vraiment son métier sur une série comme celle-ci".
Jeudi soir, les fans d'Alice Nevers diront adieu à leur série préférée, en même temps que les comédiens s'en iront vers de nouvelles aventures sérielles ou cinématographiques. Mais pas avant d'avoir enfin assisté au mariage de la procureure la plus célèbre du petit écran.
"Le public va enfin avoir droit au mariage. Mieux vaut tard que jamais (rires). C’était devenu un running-gag", avoue amusé Jean-Michel Tinivelli lorsqu'on l'interroge sur l'intrigue de cet ultime épisode. "Si ça n’avait tenu qu’à moi, je n’aurais pas concrétisé le mariage. Ça m’aurait fait marrer qu’il y ait encore un obstacle".
"Et, en même temps, je me dis que c’est très bien, si on pense à tous les fans qui ont tellement attendu ce mariage. Comme le tutoiement (rires). Car on est resté dans un vouvoiement durant des années que j’aimais beaucoup. Je trouvais ça très joli, charmant, et assez glamour. On était un peu l’équivalent d’Arielle Dombasle et de BHL à la télévision (rires)". Les vrais fans comprendont.