(Attention, cet article contient des spoilers sur une scène de Super-héros malgré lui. Si vous souhaitez garder la surprise, revenez après avoir vu le film).
Quand l'actualité rattrape un scénario écrit il y a deux ans... C'est ce qui est arrivé à l'équipe de Super-héros malgré lui. Le film qui multiplie les gags et références au milieu du cinéma comprend une scène qui peut faire écho au fait dramatique qui a frappé la chef opératrice Halyna Hutchins, victime d'un tir mortel d'Alec Baldwin, en octobre dernier.
Interrogée sur le sujet, l'équipe précise que cela n'a pas du tout été écrit en référence à cette actualité tragique et est bien antérieur à ces faits. Cette scène a donc été source d'interrogation pour savoir s'il fallait la couper ou non.
"On a eu un cas de conscience sur cette scène car on l'a écrite il y a plus de 2 ans, nous a indiqué Julien Arruti, comédien et co-scénariste. C'était largement avant ce fait dramatique qu'a rencontré Alec Baldwin qui a tiré sur sa chef opératrice et l'a tuée malencontreusement. On connaît l'histoire.
Nous, on a fait un peu la même chose dans le film. Sauf que nous l'avons écrit il y a deux ans, et ça ne s'était pas encore passé. Pour nous, c'était un cas de conscience car nous n'avons pas envie que les gens pensent qu'on se moque de ce fait d'actualité qui est dramatique. Il y a une femme qui est morte. Pour nous c'était hyper important. Donc au début, on s'est dit qu'on allait enlever cette vanne parce qu'elle tombe mal en fait."
Et de poursuivre : "On a fait énormément d'avant-premières et on s'est dit : on va demander au public ce qu'il en pense. On posait la question quand on venait à la fin de la projection. On leur demandait si ça les avait gênés, ce qu'ils en avaient pensé. On essayait de poser des questions pour que les gens s'expriment.
Quand on faisait voter les gens pour savoir qui l'enlèverait et qui la garderait, il y a très très peu de gens qui disaient "non il faut l'enlever". Parce que tout le monde nous disait : "on sait très bien que vous l'avez écrite il y a longtemps". "On sait que vous n'avez pas un humour méchant, ou qui veut se moquer ou faire du mal". Et plus ça va, plus on s'éloigne de ce fait d'actualité, et plus les gens ont un peu plus de recul par rapport à ça.
Nous, on part du principe qu'on peut rire de tout, avec tout le monde donc on peut faire une blague sur la religion chrétienne ou musulmane, les hommes, les femmes, les grands, les petits, les chauves. A partir du moment où l'on rit de tout, il n'y a pas de raison de se mettre de limites, tant que c'est drôle et fait avec bienveillance."
Interrogé également par nos confrères du Dauphiné Libéré, le réalisateur et comédien Philippe Lacheau confirme que cette scène a été source d'interrogations : "On s'est posé la question. Est-ce qu'on laisse la scène dans le film ? On a pris la décision de la laisser, mais on s'est vraiment posé la question. On ne voulait surtout pas que les gens puissent croire qu'on rit ou qu'on parodie quelque chose d'aussi grave, ce qui n'était surtout pas le cas".
Super-héros malgré lui est sorti au cinéma ce mercredi.