DE QUOI ÇA PARLE ?
Avant de percer, Takeshi Kitano a appris les ficelles du métier auprès du génie de l'humour Fukami. Mais alors que sa notoriété croît, celle de son mentor s'essouffle.
C’EST AVEC QUI ?
Prolifique réalisateur de télévision, Hitori Gekidan signe avec Asakusa Kid son second long métrage (après A Bolt from the Blue en 2014). Le cinéaste a lui-même signé le script du film, directement adapté du roman autobiographique de Takeshi Kitano (disponible aux éditions Le Serpent à plumes).
Dans le rôle de Takeshi Kitano, nous retrouvons l'acteur nippon Yūya Yagira. Véritable prodige du cinéma japonais, ce dernier a remporté en 2004 à seulement quatorze ans le Prix d'interprétation du Festival de Cannes pour le film Nobody Knows de Hirokazu Kore-eda. Plus récemment, il était au casting des deux adaptations en prises de vues réelles du manga Gintama.
Yo Oizumi prête, quant à lui, ses traits à l'humoriste Senzaburo Fukami. Actif dans le doublage (Le Voyage de Chihiro, Le Château ambulant, Le Garçon et la bête...), ce dernier est également apparu dans de nombreux films adaptés de mangas à succès, tels que I am a Hero (dans le rôle principal), Fullmetal Alchemist ou encore Tokyo Ghoul.
ÇA MÉRITE LE COUP D’OEIL ?
Parmi les plus grands réalisateurs du cinéma japonais, Takeshi Kitano est la définition même de l'artiste multi-facettes ; cinéaste récompensé par les plus prestigieux festivals du monde, il est également humoriste, imitateur, animateur d'émissions de variété, écrivain, peintre, ou encore chroniqueur politique. Un véritable saltimbanque doublé d'un hyperactif créatif, dont la jeunesse fait aujourd'hui l'objet d'un film biographique sur Netflix : Asakusa Kid.
Le long métrage réalisé par Hitori Gekida (voir ci-dessus) est l'adaptation du roman éponyme écrit par Kitano en 1998. Dans cet ouvrage biographique, le cinéaste revient sur ses débuts de garçon d'ascenseur dans un cabaret dans le quartier populaire d'Asakusa en plein coeur de Tokyo. Propulsé sur scène du jour au lendemain pour remplacer au pied levé un acteur malade, Kitano explique dans son roman comment le virus de la comédie lui est venu, de ses premières expériences jusqu'au succès rencontré par le duo qu'il forma avec son complice Nirō Kaneko : The Two Beats.
Si le film retrace bel et bien la jeunesse de Takeshi Kitano, ne vous attendez toutefois pas à apprendre des anecdotes sur la genèse de ses plus célèbres films, vous risqueriez d'être déçu ! Entièrement consacré aux jeunes années du futur cinéaste, Asakusa Kid dresse en parallèle le portrait désabusé de la fin d'une époque (les cabarets populaires de Tokyo) et l'arrivée de la télévision, annonciatrice d'une nouvelle forme d'humour (dont Kitano sera l'un des fers de lance au début des années 80).
Dans le rôle de Kitano, Yūya Yagira livre une prestation peu convaincante, avec une volonté beaucoup trop appuyée de reproduire les tics du personnage : son interprétation tombe ainsi bien souvent dans la caricature. Ajoutons à cela une ressemblance physique peu évidente avec le cinéaste, ce qui n'aide évidemment pas le jeune comédien à apporter de la crédibilité à son interprétation.
On pourra également reprocher au film un excès de classicisme. Reprenant tous les codes du biopic sans oser les transgresser, Asakusa Kid adapte à l'écran le roman de Takeshi Kitano sans en saisir pourtant toute l'essence mélancolique et allégorique. Le long-métrage suit fidèlement l'histoire des personnages, mais ne parvient pas à nous plonger dans cette époque révolue qui formait pourtant le coeur du récit dans le livre de Kitano.
Ainsi, même si on ne passe pas vraiment un mauvais moment devant ce long-métrage, on ne pourra que regretter qu'Asakusa Kid n'ait pas été plus fidèle à la personnalité extravagante de Takeshi Kitano. Le film reste tout de même plus réussi que la première adaptation du roman par Makoto Shinozaki en 2002.