De quoi ça parle ?
Une ex-championne de MMA saisit sa dernière chance de se racheter dans la cage quand le fils qu'elle a laissé revient dans sa vie.
Meurtrie, un film réalisé par Halle Berry, écrit par Michelle Rosenfarb, avec Halle Berry, Sheila Atim, Shamier Anderson, Adriane Lenox…
C’est avec qui ?
On ne présente plus Halle Berry : première actrice noire oscarisée pour un premier rôle, ancienne James Bond girl, sujette à tous les dithyrambes mais aussi détentrice d’un Razzie Award (pour Catwoman) qu’elle est allée chercher elle-même. Après 30 ans de carrière, elle passe derrière la caméra et s’offre par la même occasion le premier rôle, celui de Jackie Justice, une ex-championne de MMA qui a touché le fond après une cuisante défaite.
Face à elle, on retrouve Adan Canto qui joue son agent et son petit ami alcoolique. Il l’emmène un soir assister à un combat clandestin. De provocations en coups de boules, Jackie finit par se faire remarquer par un promoteur – joué par Shamier Anderson, vu dans Le Passager n°4 – qui lui propose de revenir dans la cage.
Pour l’entraîner, c’est l’hypnotique Sheila Atim – vue dans The Underground Railroad – qui prête ses traits à Buddhakan, une entraîneuse zen mais féroce. Enfin, on découvre un jeune talent, celui de Danny Boyd Jr, qui joue Manny, le fils que Jackie a abandonné et qui a maintenant 6 ans. Il revient dans la vie chaotique de Jackie alors que son père a été tué.
Ça vaut le coup d’œil ?
Avec Meurtrie, Halle Berry signe un vrai drame, assez classique dans le genre "film de rédemption", plus qu’un film sur l’univers du MMA. Mais il tombe aussi dans la catégorie des films sur des combattants. Ils ont cette particularité qu’ils doivent combiner un portrait cru du personnage principal et une vraie expertise dans la manière de filmer et de construire les scènes de combat.
Et le premier film de Halle Berry ne fait pas exception à cette règle. On relève incontestablement un effort courageux de la réalisatrice, mais elle ne parvient pas tout à fait à trouver ce juste équilibre. La faute à un script stéréotypé, une direction des combats assez inégale et aussi l’impression que le personnage n’a pas été écrit sur mesure pour Halle Berry – au tout début de la production, c’est Blake Lively qui devait incarner Jackie Justice sous la direction de Nick Cassavetes.
L'atout le plus évident d’Halle Berry en tant que réalisatrice est son amour inné pour chaque personnage du film. Elle les voit, les révèle tous, et dans chacun de ses cadres. Elle caresse ses acteurs avec la caméra. Pour une débutante, elle nous surprend à exceller dans le cadrage de petits moments, à créer une intimité entre les personnages – en particulier entre Jackie et son fils, et Jackie et Buddhakan – qui résonne tout au long du film.
Mais il y a tout de même des lacunes qui nourrissent une certaine frustration, comme la formation de Jackie, par exemple, qui semble trop artificielle. Et ce sont surtout les scènes de combat qui manquent singulièrement de nerf. Le recours trop simpliste à la shaky-cam (ou caméra tremblante) sert à combler l’absence d’une vraie chorégraphie de combats.
Cela ne veut pas dire que Halle Berry n’a pas travaillé dur pour se transformer physiquement et apparaître comme une combattante de MMA plus que crédible. Mais on devine aussi que la réalisatrice n’a pas envie de s’embarrasser avec ces passages obligés et que tout ce qu’elle a en tête, c’est de raconter une plus grande histoire, de transcender le récit de la combattante.
En tant qu’actrice, Halle Berry donne tout dans chacune de ses scènes. Et elle a su s’entourer des bonnes personnes pour transmettre une émotion. Mais la réalisatrice semble n’avoir pas mesuré l’importance des émotions convoyées dans des scènes de combats épiques qui arriment le spectateur à son canapé.