C'est l'un des DJs les plus connus dans le monde. Devenu une icône de la musique électronique, Laurent Garnier revient sur 30 ans de carrière à l'occasion d'un documentaire inédit, Laurent Garnier : Off The Record.
Présenté sous la forme d'une tournée dans plusieurs salles de France*, puis édité sous la forme d'un coffret collector**, le film réalisé par Gabin Rivoire permet d'avoir un vaste aperçu du parcours du DJ, de New York à Tokyo, de Hong-Kong à Détroit ou Londres, où Laurent Garnier a fait danser les foules du monde entier.
Un documentaire qui nous fait voyager géographiquement et musicalement, et qui procure inévitablement des sensations fortes en captant l'ambiance de clubs et en réservant quelques archives rares de ces lieux pour beaucoup auréolés d'un certain mythe. En parallèle du parcours du DJ, le documentaire permet de revenir sur l'histoire de l'électro, avec une approche accessible, et non uniquement réservée aux adeptes.
Paris est à nous : de Laurent Garnier à Daft Punk, ces musiciens de la French Touch qui composent pour le cinémaSi Laurent Garnier s'était déjà raconté dans un livre, -Eletrochoc écrit avec David Brun- Lambert (paru en 2003, et réédité et augmenté en 2013)-, puis dans un roman graphique -Rêves syncopés, éditions Dargaud, 2013-, il s'agit du premier documentaire lui étant entièrement consacré.
L'occasion d'une rencontre avec lui pour parler... cinéma ! Le rendez-vous est fixé au mythique Rex Club. Aucunement besoin de briser la glace ! Laurent Garnier, volubile et passionné, parle avec enthousiasme de tout ce qui l'anime, et tutoie d'emblée.
Quel est son rapport avec le cinéma ? Prend-il le temps de voir beaucoup de films, notamment quand il est entre deux avions ?
"Je regarde beaucoup de films. Enormément. Quand j'ai commencé à m'intéresser de plus en plus au cinéma, j'ai beaucoup focalisé mon attention sur les chefs opérateurs, sur l'image, tout ça. Par exemple, Benoit Debie (chef opérateur de Gaspar Noé notamment). J'adore ses images. Je suis tellement fan."
Laurent Garnier poursuit : "Quand tu découvres un musicien, qu'il y a un album qui te marque beaucoup, tu te dis déjà "comment j'ai fait pour pas l'écouter avant" et surtout "qu'est ce qu'il a fait d'autre?" Et donc, tu vas tout écouter. Tu te dis : "Si ce disque me marque autant, il a forcément un truc à l'intérieur de lui qui me touche. Et donc, je veux connaître tout sur lui."
"Je n'ai pas eu cette démarche dans le cinéma, sauf à un moment où j'ai commencé à le faire un petit peu. Donc je n'ai pas la connaissance, on va dire, de toute la culture du cinéma français. J'en ai regardé plein. Disons que quand je rencontre des gens passionnés de cinéma qui vont me dire "Il faut que tu vois ça, il faut que tu vois ça", je note."
Il y a des films qui m'ont fondamentalement marqué
"J'ai déjà un téléphone qui est rempli de films à regarder et je mange aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup de films. Déjà, je voyage beaucoup. Donc, je passe beaucoup de temps dans les transports. Et c'est là aussi où on a la chance aujourd'hui d'avoir des ordinateurs portables. On peut emmener nos films avec nous et regarder plein de trucs."
"Le cinéma me parle beaucoup en tout cas. Il y a des films qui m'ont fondamentalement marqué. Pas forcément toujours par la narration. C'est aussi l'image. Mais je ne suis pas ce qu'on peut appeler un cinéphile. Je n'ai pas vu toute l'oeuvre d'un tel ou un tel, chose que les gens dans le cinéma vont faire."
Condor Distribution
"C'est drôle parce que le cinéma a beaucoup compté dans ma vie puisque mes premiers émois musicaux viennent de films. Quand je suis petit, je regarde, Ne nous fachons pas (de Georges Lautner), et je vois ces Anglais qui font de la musique. Et je me dis : "C'est ça la vie?" Moi, je veux aller vivre là bas. Je veux rencontrer ces gens là et c'est vraiment mes premiers émois musicaux.
Mes premiers émois musicaux viennent des films
"La musique dans les fillms est très importante. C'est comme un troisième personnage. Je sais que le premier truc qui m'a effrayé comme musique, c'était la musique des dossiers de l'écran et je crois que c'est la musique d'un film (L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, Ndlr.). Complètement flippant !"
"C'est aussi grâce au cinéma que j'ai découvert pas mal de musique. Je me souviens lorsque j'ai découvert A tombeau ouvert. Il y a cette scène d'ouverture avecun morceau de Van Morrison. Je me dis "Wow, c'est quoi ce truc là? Et j'avais l'impression que c'était Mick Jagger qui chantait. Il n'y avait pas Shazam à l'époque. Van Morrison, OK et je vais me l'acheter le lendemain. Je m'achète toute la discographie de Van Morrison !"
Question impossible : s'il fallait citer quelques films cultes ?
"Soy Cuba. Ça, c'est sûr. C'est un film dingo. Après des films cultes, il y en a plein. Il y a Hitchcock. Quand j'ai vu Les Oiseaux la première fois, ça m'a effrayé. Cela a hanté ma jeunesse. Il y a ce film que je suis allé voir au cinéma, qui m'a tellement retourné... Requiem for a dream. La gifle."
"J'aime beaucoup le cinéma belge. J'aime beaucoup les Anglais aussi parce qu'il n'y a pas de fioritures. Le comique est brutal aussi en Angleterre et j'aime bien ça."
"J'aime beaucoup les comédies et je trouve qu'on retrouve pas ça dans les comédies françaises. Sauf que là, je suis allé voir récemment L'origine du monde de Laurent Lafitte. Qu'est ce que j'ai rigolé!"
Pour terminer, Laurent Garnier fait un clin d'oeil à un lieu qui lui est cher. "J'ai la chance de vivre dans un village où il y a un petit cinéma de village qui s'appelle Le Cigalon. Il y a 98 places, et Clémence, qui travaille là bas fait une programmation absolument fantastique. On fait d'ailleurs la première de notre tournée dans ce cinéma."
La tournée de Off The Record commence aujourd'hui à Cucuron, et se déroulera jusqu'au 21 novembre avec un final au Rex à Paris.
*Le film Laurent Garnier: Off The Record sera projeté au cours d'une tournée cinéma, du 1er au 21 novembre. La tournée se concluera au mythique Rex.
** Un coffret collector DVD / Blu-Ray sera à la vente dès le 8 décembre, comprenant le DVD et le Blu-Ray du film, le DVD du concert « It’s Just Musik » de Laurent Garnier, le CD audio de l’EP tiré de la bande-originale du film, un livret exclusif de 80 pages, « Laurent Garnier : On the Road, ainsi que d'autres suppléments.