Fugueuse, la série choc de la rentrée traitant du fléau de la prostitution des mineur.e.s, s'achève ce jeudi soir sur TF1 avec la diffusion des deux derniers épisodes, dans lesquels les parents de Léa (Romane Jolly), incarnés par Sylvie Testud et Michaël Youn, vont tout tenter pour sauver leur fille et l'extirper de l'engrenage infernal dans lequel elle est tombée.
Adaptée de la série québécoise éponyme, qui a connu deux saisons entre 2018 et 2020 au Canada, la fiction de TF1 réalisée par Jérôme Cornuau (Peur sur le lac) n'est pas un remake plan par plan de la version originale et diffère en plusieurs points, même si la trame globale est respectée.
La scénariste Manon Dillys (Les Ombres rouges, Fais pas ci, fais pas ça), qui a écrit Fugueuse avec Jérôme Cornuau, expliquait lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre du Festival de La Rochelle que des choix ont dû être faits, dans le fond comme dans la forme, au moment du travail d'adaptation pour coller au nouveau cadre français de l'histoire et à la commande de TF1, qui imposait moins d'épisodes.
"La série québécoise possède 10 épisodes par saison, et nous on nous en demandait seulement 6, donc il a fallu faire des choix, on ne pouvait pas tout garder", avouait la scénariste de la série. "Il fallait également adapter tout l'aspect nord-américain. Le système judiciaire notamment, il fallait qu'on le transpose à ce qui se fait en France".
Des modifications plus artistiques ont également été apportées à certains personnages, à commencer par celui du père de Léa, incarné par Michaël Youn, qui figurait également ces dernières semaines au générique d'Une Affaire française.
"Au départ, le personnage du père était un peu plus absent", confiait pour sa part Jérôme Cornuau, qui a réalisé l'intégralité des six épisodes de Fugueuse. "Dans la version canadienne, l'histoire de la mère était la même, mais le père était un peu absent. Surtout dans la dernière trajectoire de la série. Et lorsque j'en ai discuté avec Michaël, il m'a dit "Il y a un manque".
Michaël Youn a ainsi demandé à ce que son personnage soit moins taiseux ("Ce n'était pas tellement moi, je n'ai rien d'un mec taiseux (rires)") et plus proactif. Ce que les téléspectateurs ne manqueront pas de remarquer dans les derniers épisodes de la série, riches en rebondissements et en scènes intenses, voire musclées.
Enfin, les méchants de l'histoire, et notamment Nico (Willy Cartier) et Micka (Nathanaël Beausivoir), ont également été caractérisés de manière différente par Manon Dillys et Jérôme Cornuau par rapport à la version québécoise, où l'héroïne tombait dans un vrai réseau de prostitution à grande échelle.
"Au niveau des antagonistes, il y avait une situation de départ qui n'était pas tout à fait la même", racontait Manon Dillys en conférence de presse. "Dans la version québécoise, c'est un vrai piège qui se referme sur la petite. C'est très prémédité. Et c'est un vrai réseau de prostitution. Alors que nous, dans l'adaptation, on a décidé de rendre les antagonistes plus "gris". Pour qu'on puisse les comprendre, et comprendre comment ils en arrivent là eux-mêmes".
Une vision non manichéenne des choses qui apporte certainement un petit plus à l'adaptation française de Fugueuse, tout en n'atténuant en rien le cauchemar vécu par Léa, incarnée par Romane Jolly. Un cauchemar qui prendra fin, ou non, demain soir TF1. Mais ça, mieux vaut laisser le soin aux téléspectateurs de le découvrir.