Incroyable et passionnant rebondissement dans la fameuse affaire du tueur du Zodiac. Un tueur dont personne n'a jamais réussi à établir l'identité, et qui revendiquait 37 meurtres commis en Californie entre la fin des années 60 et le début des années 70, resté tristement célèbre pour ses messages indéchiffrables.
Une équipe de plus de 40 anciens enquêteurs des forces de l'ordre, journalistes et officiers du renseignement militaire, ayant notamment travaillé sur la disparition de l'ancien patron du syndicat US des Teamsters Jimmy Hoffa et d'autres cas non résolus, annonce avoir percé le mystère de l'identité du tueur du Zodiac, aux termes d'une enquête de 10 ans !
Selon les informations rapportées par le San Francisco Chronicle, le tueur du Zodiac serait un homme décédé en 2018 à l'âge de 80 ans, répondant au nom de Gary Francis Poste. L'homme, souffrant d’hypertension, d’ostéoporose, d’hypothyroïdie et de fibrillation auriculaire, aurait succombé des suites d’une septicémie, d’un choc septique, d’une dysphagie et d’une démence vasculaire, selon son acte de décès. Ses cendres ont été dispersé dans les montagnes de la Sierra. Marié, il avait servi dans les forces armées et travaillé comme peintre en bâtiment.
Pour nourrir sa théorie, le groupe d’enquêteurs évoque des preuves médico-légales et plusieurs facteurs, dont l’apparente similitude entre des clichés retrouvés dans la chambre noire du suspect, et un portrait-robot du Zodiac que la Police avait réalisé en 1969. Les enquêteurs ont notamment été frappé par la similitude quasi exact des rides dessinées sur le front du suspect, comme le montre la comparaison ci-dessous. Le cliché de droite date du début des années 1980 :
Selon Jen Bucholtz, un ancien agent de contre-espionnage de l'armée qui travaille sur des Cold Cases, "d'autres indices incluent le déchiffrement des lettres envoyées par le Zodiac qui l'ont révélé comme le tueur. Vous devez donc connaître le nom complet de Gary pour déchiffrer ces anagrammes" a-t-il déclaré. Fidèle à son habitude, le FBI a refusé de commenter la révélation; l'agence ayant, pour mémoire, réouvert l'affaire au début des années 2000.
Une sixième victime attribuée au Zodiac
Officiellement lié à 5 meurtres survenus entre 1968 et 1969 dans la région de San Francisco, l'équipe d'enquêteurs a réussi à lui attribuer une sixième victime. Le meurtre de Cheri Jo Bates, le 31 octobre 1966, à Riverside, en Californie, à des centaines de kilomètres au sud de la région de San Francisco, deux ans avant le premier meurtre lié au Zodiac.
La jeune femme, âgée de 18 ans, fut retrouvée morte dans une ruelle du campus du Riverside City College, après que son père ait appelé la police pour signaler sa disparition. Il est d'ailleurs intéressant de noter que, en 1975, un mémo du FBI évoquait Cheri Jo Bates comme la 6e victime du tueur en série (consultable ici, en page 7).
Le problème concernant ce cas, c'est que la police de Riverside a déjà écarté l'idée que la mort de Cheri Jo Bates soit liée au Zodiac. Ce mercredi, un représentant a assuré au San Francisco Chronicle que Gary Francis Poste n’en était pas l’auteur. Les membres de l'équipe d'investigations réclament des tests ADN pour prouver leurs affirmations; expertise que la Police refuse pour l’instant.
L'équipe a déclaré qu'une série de coïncidences relient Bates et Poste, ancien vétéran de l'armée. Une montre-bracelet avec des éclaboussures de peinture a été récupérée sur les lieux du meurtre et aurait été portée par le tueur; Poste ayant exercé l'activité de peintre en bâtiment durant plus de 40 ans. Par ailleurs, les détectives de l'époque trouvèrent une empreinte de talon d'une botte de style militaire, qui correspondait au même style et à la même taille que celles trouvées dans d'autres scènes de crime du Zodiac et de Poste.
Petite séquence flashback et précédent suspect
En décembre 2020, on apprenait que trois détectives amateurs étaient enfin parvenu à décrypter, 50 ans après, une lettre postée en 1969 par le mystérieux tueur du Zodiac. Elaboré grâce à une technique particulièrement complexe et composée de 340 caractères différents (à déchiffrer en utilisant un sens de lecture très précis), le texte de cette lettre, baptisé Z 340, ne dévoilait toujours pas l'identité du tueur comme pouvaient l'espérer les enquêteurs, mais se contentait de provoquer ses lecteurs : "'J'espère que vous vous amusez beaucoup à essayer de m'attraper. Ce n'était pas moi dans l'émission de télé. (...) Je n'ai pas peur de la chambre à gaz parce qu'elle m'enverra plus vite au paradis, parce que j'ai maintenant assez d'esclaves pour travailler pour moi". Les esclaves étant en l'occurence les victimes de ce tueur en série... Le FBI n'avait pas souhaité commenter cette découverte.
En février 2021, un polytechnicien français du nom de Fayçal Ziraoui, objet d'un long et passionnant article paru sur le site du magazine Le Point. En déchiffrant les deux derniers cryptogrammes envoyés par le tueur, le détective amateur assurait avoir démasqué le tueur en série en identifiiant un nom. Un certain Lawrence Kayr. Si le "r" du nom de famille semble être une erreur, ou bien une ultime manoeuvre du tueur pour brouiller les pistes, ce nom correspondait bien à un suspect identifié par le FBI, et décédé en 2010.
Fayçal Ziraoui s'était empressé d'envoyer ses découvertes à la Police de San Francisco, qui en avait accusé réception, ainsi qu'au FBI. "J'aimerais bien que le FBI suive cette trace, car elle est prometteuse" disait-il au journaliste. Avec les dernières révélations sur l'identité du tueur, pas sûr que l'agence gouvernementale américaine ait forcément penché en faveur du chercheur français, même si elle prend bien soin, depuis la réouverture de l'enquête, de commenter quoi que ce soit sur le sujet.