De quoi ça parle ?
Jean, cadet d’une famille nombreuse, grandit au sein d’une communauté sous influence de Chris, un guide spirituel. Après avoir reçu une cassette de sa sœur qui vit recluse, il redécouvre des voix et des sons de son passé. Les souvenirs se mettent à émerger et Jean décide de partir sur les traces de Chris, dans un voyage qui le mènera au Japon, en Indonésie et en Bulgarie. Pendant cette quête, il découvrira le secret de son père, des années après sa mort.
Spectre : Sanity, Madness & the Family, de Jean-Baptiste de Laubier. Sortie au cinéma le 20 octobre 2021.
Hybridation(s)
A l'image de la musique du film qui brasse les influences et les origines, Spectre: Sanity, Madness & The Family mélange plusieurs genres. Jean-Baptiste de Laubier, cinéaste de formation (DJ et compositeur, connu sous le nom de Para One) brouille les pistes et sème volontairement la confusion, afin de nous sortir de certains sentiers balisés. Ce film est-il un documentaire, un documentaire fantasmé, une auto-fiction, une fiction pure ?
Le résultat est un film OVNI, nourri à la fois de vraies archives, et de séquences créées de toutes pièces pour le film. Ce vrai-faux documentaire repose sur une quête personnelle, avec la découverte d'un mystère, empruntant ainsi aux codes du thriller. Dans cette approche à la fois documentaire, hybride et très intime, on pense au très réussi film d'Eric Caravaca, Carré 35.
Sous l'influence de Chris Marker
La différence notable de Spectre est son impressionnant travail sur la matière ou les textures, fusionnant les séquences, fondant la musique et la voix-off dans ce grand ensemble hypnotique. Spectre est, par ailleurs, une passionnante mise en abyme du travail de création. Le cinéaste cite notamment Jonas Mekas ou encore Chris Marker dans ses influences en tant qu'artiste, et cela s'en ressent grandement dans le film. Spectre semble d'ailleurs être un écho direct à une ligne de texte de La Jetée de Chris Marker : "Elle l’accueille simplement. Elle l’appelle son spectre."
Au cinéma, Spectre sera précédé par le court métrage Dustin de Naïla Guiguet, deux films complémentaires et tous deux imaginés par des cinéastes-musiciens ou musiciens-cinéastes, Naïla Guiguet, étant comme Para One, à la fois DJ et cinéaste. Les deux films se rejoignent par ailleurs car tous deux soulèvent, à leur manière, la question de l'identité. Mais nous n'en dirons pas plus sur ce point afin de garder la surprise de la découverte de ces deux films.
Une trilogie avec musique, film et Live
Ce film de Jean-Baptiste de Laubier, plus connu sous son nom de musicien, Para One, s'inscrit au sein d'une trilogie, réunissant un album (déjà sorti), ce long métrage, et une tournée qui vient de commencer. Rappelons que Para One est par ailleurs le compositeur des films de Céline Sciamma, dont Petite Maman qui sortira en DVD / Blu-ray en novembre.
Clip : Para One - SPECTRE: Sundial