ÇA PARLE DE QUOI ?
Des exilés découvrent que le seul moyen de sauver l'Empire galactique de la destruction est de le défier. Adaptation en série du recueil de nouvelles signé Isaac Asimov.
Les deux premiers épisodes de Foundation sont disponibles sur Apple TV+, la suite sera disponible à raison d’un épisode par semaine. Épisodes vus : 4/10.
ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?
Alors que Denis Villeneuve a pris à bras le corps l’adaptation de Dune, classique de la littérature SF de Frank Herbert, sur grand écran, c’est un autre chef d’œuvre majeur du même genre qui débarque sur le petit écran : Foundation, série adaptée du cycle de romans signé Isaac Asimov. Très attendue, la série de 10 épisodes porte de nombreux espoirs en elle d’être la nouvelle œuvre télévisuelle révolutionnaire qui marquera un tournant.
Personne ne s’était encore réellement risqué à adapter l’œuvre du visionnaire Isaac Asimov et, après plusieurs projets avortés, ce sont aujourd'hui les scénaristes et producteurs David S. Goyer (la trilogie Dark Knight, Man of Steel, Batman v Superman) et Josh Friedman (La Guerre des mondes, la série Snowpiercer, Avatar 2) qui se sont lancés le défi fou de mettre en scène Foundation, avec la bénédiction de Robyn Asimov, la fille de l'auteur.
Il est très clair qu’Apple a mis le paquet pour offrir à la série ambitieuse une place impériale dans l’immensité de la galaxie télévisuelle et cette ambition paie puisque Foundation est d’une beauté époustouflante. Tous les plans méritent qu’on s’y attarde, pour ses structures majestueuses, ses décors pointus, ses fonds épurés touchant au firmament.
Il n’y a absolument rien à redire sur les effets visuels de Foundation qui sont à couper le souffle et qui vont définitivement marquer un tournant dans l’imagerie des séries de science-fiction. Avec une telle splendeur dans sa forme, cette adaptation aurait pu vite tomber dans le surplace contemplatif mais évite cette facilité en enchaînant avec force et rythme les actions de ses personnages investis d’une mission quasi divine.
Mais comme l’Empire Galactique, menacé d’un effondrement inévitable, Foundation souffre d’enchaînements parfois trop rapides, avec des intrigues menées hors champ qui pourraient en déstabiliser plus d’un. On imagine que les créateurs ne voulaient pas perdre ou ennuyer le spectateur ni laisser sur le côté les néophytes de l’univers d’Asimov mais cette construction narrative empêche certains éclats d’émotion dans un monde déjà bien austère et froid.
Il est dommage que certains personnages soient moins approfondis ou développés alors que la distribution, des acteurs confirmés (Lee Pace, Jared Harris) aux jeunes talents (Lou Llobell, Leah Harvey), se donne corps et âme dans ce projet fou, aussi dingue que celui d’atténuer le destin funeste et inévitable de l’humanité, dont la chute est prédite par un scientifique spécialisé dans la psychohistoire.
Les puristes rechigneront peut-être face à certains changements scénaristiques par rapport à l’œuvre d’Asimov mais David S. Goyer et Josh Friedman justifient ces différences nécessaires en invoquant chez le spectateur des thématiques de notre présent, entre dictature des religions et des croyances, guerres de pouvoir et jeux politiques, urgence climatique, transhumanisme et sciences anticipatives, afin de rendre ce futur fictif plus probant et parlant.
Malgré les quelques défauts sus-cités, Foundation est une prouesse visuelle incroyable et une expérience hors du temps qui mérite d’obtenir d’autres saisons pour approfondir sa réflexion, prendre le temps de cueillir nos âmes et d’asseoir son autorité conférée par son matériau d’origine qui a inspiré les plus grandes œuvres de science-fiction dans notre imaginaire collectif.