- L'Alpagueur (1976) (Guillaume Martin)
De sa période polar / action, on retient le plus souvent Peur sur la ville, Flic ou voyou ou encore Le Professionnel, mais n’oublions pas le mésestimé L'Alpagueur, un film de Philippe Labro particulièrement sombre, à l’ambiance automnale, mais baigné d’influences américaines.
"L’Alpagueur, c’est un chasseur de têtes, c’est un mercenaire, un marginal. L’Alpagueur, c’est l’astuce qu’a trouvée un haut-fonctionnaire pour passer au-dessus de la routine policière. Tout à fait illégal mais très efficace."
Ce héros ténébreux et énigmatique, campé par un Belmondo tout en sobriété, se retrouve face à une horde d’ennemis, dont un gang de narcotrafiquants et un braqueur tueur en série, L’Epervier, qui a pour fâcheuse habitude de ne jamais laisser de témoins derrière lui. Cet ennemi public n°1 est interprété par le magnétique Bruno Cremer, regard perçant et mélancolique, ancien camarade du Conservatoire.
Leur confrontation rappelle les westerns à la Leone, la musique à la fois puissante, pop et lyrique de Michel Colombier, celle d’Ennio Morricone. Et comment ne pas penser à Sam Peckinpah et son Guet-apens avec Steve McQueen lorsqu’éclate ce règlement de comptes à coups de fusil à pompe dans cette auberge perdue au milieu de nulle part… ?
Enfin, on saluera une fois encore le courage de notre éternel Bébel, lancé dans une course effrénée derrière un camion-citerne alors qu’une sciatique lui faisait souffrir le martyre.
- Classe tous risques (1960) (Corentin Palanchini)
Gangster condamné à mort par contumace et recherché par la police, Abel Davos (Lino Ventura) s'est réfugié en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants. Sur le point d'être retrouvé, il rentre en France, mais une fusillade éclate, tuant Thérèse mais aussi son ami et complice Raymond.
Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice. Ils leur envoient un homme sûr, Eric Stark. Ce dernier est interprété par Belmondo, qui n'apparaît qu'à la 39ème minute de film mais apporte un style de jeu que personne d'autre que lui ne possède.
Sa décontraction, sa capacité à capter l'attention du spectateur est phénoménale. Après une première partie remarquable de réalisme et sans temps mort, le rythme s'assagit pour laisser davantage la place aux acteurs et aux relations entre les personnages, ce qui est aussi cher au réalisateur du film, Claude Sautet.
Classe tous risques est un film sombre et tourmenté, seulement éclairé par le personnage de Belmondo, véritable phare dans le crépuscule et la nuit symbolisant le destin de Davos.
- L'Héritier (1973) (Corentin Palanchini)
Autre réalisation de Philippe Labro, sortie trois ans avant L'Alpagueur, L'Héritier voit Bébel jouer Bart, un fils à papa héritant de la fortune familiale à la mort de ses parents. Très vite, on tente de le compromettre dans une affaire de drogue avec laquelle il n'a rien à voir : on essaye de se débarrasser de lui !
Commence alors une enquête menée par Bart pour identifier les coupables de ce complot, qui auraient peut-être bien également fomenté l'explosion en vol de l'avion de ses parents. Entre Charles Denner, Jean Rochefort, Jean Desailly et Michel Beaune, les visages connus de l'époque se succèdent et donnent vie aux personnages de ce polar bien ficelé.
Bart est à la fois impulsif et violent, insupportable (ses réflexions de privilégié, ses rapports avec les femmes) mais aussi touchant et tourmenté. Jean-Paul Belmondo s'en sort encore une fois avec les honneurs grâce à ce personnage aux différentes facettes qui lui font jouer toutes les émotions.
- La Sirène du Mississipi (1969) (Corentin Palanchini)
Après A bout de souffle et Pierrot le fou avec Godard, Belmondo tourne avec François Truffaut et donne la réplique à Catherine Deneuve. L'histoire ? Louis passe par une agence matrimoniale pour se trouver une épouse et on lui propose Julie. Après des échanges épistolaires, ils se rencontrent enfin. Il l’attend, sa photo en main, mais ne la voit pas.
Julie lui explique tout : elle n’a pas envoyé une photo d’elle mais d’une femme qu’elle juge plus belle. Louis est sous le charme. Commence alors une romance pour le meilleur et pour le pire. Difficile d'en raconter plus sans gâcher l'intrigue du film, mais leur histoire d'amour va s'avérer plus compliquée que prévue.
La Sirène du Mississipi tient avant tout par la performance de ses acteurs principaux, qui sont formidables, et le cinéaste adapte sa mise en scène à ses bêtes de jeu. Sa réalisation devient discrète pour mieux nous embarquer dans l’histoire elle-même et la relation entre ses deux protagonistes. Deneuve se délecte à jouer sur le mystère et l'intransigeance et Belmondo est génial de vulnérabilité.
- Stavisky (1974) (Vincent Garnier)
Jean-Paul Belmondo chez Alain Resnais, voilà un attelage inattendu. Il déconcerte d’ailleurs les festivaliers cannois, qui sifflent copieusement le film, présenté en compétition officielle en 1974. Une meurtrissure qui marquera durablement Belmondo, doublement impliqué dans le film, en tant qu’acteur mais aussi comme producteur. Et il faudra attendre 2011 et l’hommage de Cannes au grand comédien pour que se referme la blessure.
Si cette œuvre hybride, oscillant sans cesse entre chronique mordante de l’une des affaires d’escroquerie les plus célèbres de la IIIème République et somptueuse reconstitution historique, a de quoi décontenancer par sa jovialité factice, elle offre surtout un superbe écrin à ses acteurs.
A Belmondo évidemment, mais également au vétéran Charles Boyer, aux jeunes Anny Duperey et Gérard Depardieu, et aux copains du Conservatoire que sont Claude Rich et Pierre Vernier.
Et de Jean-Paul Belmondo, il restera aussi les innombrables cascades :
Mort de Jean-Paul Belmondo : ses plus belles cascades en images