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    Deauville 2021 - Clémence Poésy : "J'ai été biberonnée à la comédie musicale de la grande époque d'Hollywood"
    Maximilien Pierrette
    Un feel-good movie avec une BO aux petits oignons, un drame situé dans l’Amérique rurale, une pépite qui prend le pouls des États-Unis, il aime se pencher sur la dernière sensation venue de l’autre côté de l’Atlantique.

    Présidente du Jury Révélation du Festival de Deauville, dont elle avait été membre en 2014, Clémence Poésy revient avec nous sur son expérience en la matière. Et ses goûts concernant le cinéma américain.

    OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

    Retour à Deauville pour Clémence Poésy, qui fait partie des habitués du festival. Un an après avoir présenté le film Resistance en avant-première, celle qui avait remis son Prix Nouvel Hollywood à Daniel Radcliffe, son partenaire d'Harry Potter et la Coupe de Feu, est aujourd'hui à la tête du Jury Révélation… dont elle avait fait partie en 2014. L'occasion d'évoquer cette expérience et ses goûts en matière de cinéma américain avec elle.

    AlloCiné : Vous avez déjà fait partie du Jury Révélation en 2014. A quel point le fait d'avoir occupé cette fonction change votre manière de voir les films, même en tant que spectatrice ?

    Clémence Poésy : On ne voit jamais les films tout à fait pareil, que ce soit comme juré ou comme spectateur. Dans ma vie, je ne vois jamais autant de films par jour et à ce rythme. Donc c'est une autre façon de plonger dans un bain de films.

    C'est vrai qu'en festival, je ne lis pas du tout les résumés. J'essaye d'arriver la plus vierge possible devant les films, alors que dans la vie, on choisit sa séance, on y va avec des attentes, que j'essaye de ne pas avoir du tout là. C'est une autre façon d'être spectateur.

    Quand vous avez fait partie d'un jury, suivez-vous de près les cinéastes que vous avez récompensés ensuite ? Je pense notamment à Ana Lily Amirpour qui avait reçu le Prix Révélation en 2014, et qui est en ce moment en Compétition à Venise.

    C'est vrai qu'Ana Lily Amirpour, on sentait qu'il y avait quelque chose. C'était une telle promesse de cinéma. Et c'est intéressant car, cette année-là, il y avait Whiplash, et on avait tous compris. On avait tous pris une énorme claque et on sentait qu'il allait triompher [il a remporté le Grand Prix et le Prix du Public, ndlr].

    Et, de notre côté, il y avait eu l'idée d'aller chercher un vrai prix de révélation, car on sentait que la reconnaissance de Whiplash était déjà peut-être plus installée. La proposition de A Girl Walks Home Alone at Night nous paraissait davantage correspondre à ce terme de "révélation". Très bien même.

    Il doit aussi y avoir cette satisfaction de se dire que l'on ne s'est pas trompé.

    Oui. Et l'autre jour, je discutais avec un metteur en scène à propos d'un film à faire ensemble, et il m'a dit que sa copine était productrice et qu'elle avait produit un film que le jury dont je faisais partie avait récompensé à Locarno. Et elle m'a écrit. Mais souvent on garde un petit lien. Et il y a quelque chose d'assez émouvant, notamment sur les premiers ou deuxièmes films.

    Emma Stone sait tout faire, c'est déprimant.

    Même en tant que spectateur, il y a quelque chose de plaisant lorsque l'on remarque un acteur ou une actrice, et qu'on les voit évoluer.

    C'est drôle parce qu'on parlait d'Emma Stone avec Lomepal [membre de son jury, ndlr] hier. Et je pense qu'on est tous les deux assez fans (rires) Je disais que je me rappelais l'avoir vue dans une comédie, un teen movie appelé Easy A, quand j'étais aux États-Unis. Et de me dire qu'il y avait un truc qui allait exploser chez cette fille. C'était clair dès le départ.

    Et elle sait tout faire en plus, c'est déprimant (elle éclate de rire). Enfin, tant mieux pour elle. Même dans une comédie musicale elle s'en sort. Elle est prodigieuse cette fille.

    Easy Girl
    Easy Girl
    Sortie : 1 septembre 2010 | 1h 32min
    De Will Gluck
    Avec Emma Stone, Malcolm McDowell, Patricia Clarkson
    Spectateurs
    3,4
    louer ou acheter

    En tant que spectatrice, y a-t-il un film américain dont vous vous souvenez comme le premier que vous auriez vu ?

    Je pense que, comme tout le monde, c'est un Disney. Enfin, peut-être pas comme tout le monde, mais je suis à peu près sûre que c'était un Disney, même si je ne me souviens plus exactement lequel. Après j'ai été biberonnée à la comédie musicale de la grande époque d'Hollywood. Nos parents, à ma sœur et moi, nous ont beaucoup montré des films comme Chantons sous la pluie ou Tous en scène. Des films qu'on a vus à répétition.

    Y a-t-il un réalisateur ou une réalisatrice des États-Unis qui vous marque particulièrement ?

    Certains films de Terrence Malick continuent de vous habiter longtemps après. Certains grands films de Michael Cimino aussi. Des westerns également, et je pense plus à un film comme Jeremiah Johnson, et même toute cette vague des westerns pacifiques des années 70 qui me sont très chers.

    Et il y a un film que Nicolas Pariser m'avait fait découvrir quand on préparait un film ensemble [Le Grand jeu, ndlr]Reds de Warren Beatty. Un film un peu fleuve qui reste un très grand souvenir de cinéma américain.

    Reds
    Reds
    Sortie : 27 avril 1982 | 3h 04min
    De Warren Beatty
    Avec Warren Beatty, Diane Keaton, Edward Herrmann
    Spectateurs
    3,8
    louer ou acheter

    Avez-vous un acteur ou une actrice fétiche ? En plus d'Emma Stone.

    (rires) Je suis assez fan de Diane Keaton.

    Quel a été votre dernier coup de cœur de film américain ?

    Mon dernier vrai vrai vrai coup de cœur, c'est Marriage Story. J'ai trouve qu'il y avait quelque chose d'une grande délicatesse et d'une grande justesse. On y sentait la vie. Et ce qui est toujours beau dans ce que fait Noah Baumbach, c'est que ça garde un humour, un œil qui frise de temps en temps sur les choses les plus dramatiques. Ça commence à remonter un peu, mais je crois que c'est mon dernier coup de cœur.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 5 septembre 2021

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