ÇA PARLE DE QUOI ?
Déchirée par la mort brutale de son mari, Beth se retrouve seule dans la maison au bord du lac qu’il avait construite pour elle. Elle s’efforce de faire face, mais d’inexplicables cauchemars font leur apparition. Dans de troublantes visions, une présence insaisissable semble l’appeler. Contre l’avis de ses amis, Beth commence à fouiller dans les affaires de son mari, en quête de réponses. Elle va découvrir des secrets aussi étranges qu’inquiétants, et un mystère qu’elle va, malgré les risques, tenter d’élucider.
L'OMBRE D'UN DOUTE
Passé par la Compétition du 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, La Proie d'une ombre est le troisième long métrage réalisé par David Bruckner après The Signal et Le Rituel, sorti très récemment sur Netflix. Déjà deux films d'horreur, mis en scène par celui qui a également signé un segment de l'anthologie V/H/S ("Amateur Night") et deux épisodes du reboot de Creepshow.
Une valeur montante du genre donc, qui devrait marquer les esprits avec cet opus distribué par Disney puisque produit par Searchlight Pictures, rattaché à la Fox. S'il ne réinvente concrètement rien, le metteur en scène nous offre une relecture solide du mythe de la maison hantée articulée autour de la notion de deuil : celui de Beth (Rebecca Hall), brisée par le suicide de son mari et qui se retrouve seule dans leur maison.
Et cette dans cette immense bâtisse, presqu'isolée au bord d'un lac, que d'étranges phénomènes se produisent : la musique se lance en pleine nuit, le parquet grince et une ombre menaçante semble vouloir s'en prendre à elle. S'agit-il du fantôme de son défunt mari qui vient la hanter, ou d'hallucinations causées par le manque affectif et les nombreux verres d'alcool que nous la voyons boire à l'écran avant que les éléments horrifiques n'entrent dans la danse ?
Outre le fait de ne pas abuser des "jump scares", à l'exception d'une séquence particulièrement saisissante, La Proie d'une ombre ("The Night House" en VO) marque des points dans sa manière de laisser au spectateur le choix de l'interprétation qui lui convient. Tout en lui offrant quelques pistes et explications. Le long métrage se présente ainsi plus comme un drame aux accents horrifiques que comme un pur film d'horreur, malgré les frissons qu'il fait régulièrement parcourir sur notre échine.
Sans cesse focalisé sur le point de vue de son héroïne, il pose la question de ce que l'on sait vraiment de la personne qui partage notre vie au fur et à mesure de son enquête sur ses secrets et des révélations qui en découlent. Couplé à une forme maîtrisée, dans sa spatialisation de la maison notamment, ce fond lui permet de sortir du lot.
Et de faire passer son réalisateur au stade supérieur, puisque David Bruckner dirige actuellement le reboot d'Hellraiser. Ce dernier est produit par David S. Goyer, que l'on retrouve également au générique de La Proie d'une ombre et qui a dû apprécier le résultat.