La bande-originale des Olympiades de Jacques Audiard est sortie ce vendredi 5 novembre. Elle a été composée par Rone, Césarisé cette année pour la musique du film La nuit venue. Nous l'avons rencontré au Festival de Cannes.
AlloCiné : A quel moment avez-vous été approché pour Les Olympiades ? Le film était-il déjà tourné ou était-ce sur scénario ?
Rone, compositeur : Jacques Audiard m'a contacté quand le film était déjà monté. Il m'a appelé. Bon, déjà pour moi c'était fou d'avoir Jacques Audiard au téléphone... C'est vraiment un de mes réalisateurs préférés. Je me souviens de la sortie d'Un Prophète, me disant que c'était l'un des meilleurs réalisateurs français. J'adore son cinéma, donc de voir son film dans une projection privée, qu'on en parle.
Je découvre donc ce film en noir et blanc, dans une première version. Il m'a dit qu'il aimerait que je fasse sa musique. On avait des délais assez courts, un mois, et il fallait faire 20-25 minutes de musique.
Il m'a proposé de choisir trois scènes et de lui envoyer de la musique trois jours après. Je suis rentré chez moi. J'ai bossé sur trois scènes choisies comme ça. Je me suis dit, bon, ça passe ou ça casse. Et je me souviendrai toute ma vie de ce message : "Amazing".
Il m'appelle et donc j'étais ravi et complètement flippé, car il me dit : "en fait, je réalise que c'est un film musical. On va rajouter de la musique, et finalement c'est 45 minutes de musique qu'il a fallu faire en un mois. C'était un travail intense, mais en même temps, je ne l'ai pas vu passer.
Il y a eu beaucoup d'échanges avec Jacques. Tous les jours, je l'avais au téléphone. C'était très fluide. Ça allait très vite, on n'a pas trop tâtonné. C'était une expérience dingue pour moi.
Le titre d'ouverture des Olympiades, "Opening"
Lorsque vous ne composez pas de la musique de films, avez-vous cette même approche portée sur l'image ?
Oui, c'est marrant parce que j'ai fait 4 ans d'études de cinéma après le bac. J'ai fait une fac de cinéma très théorique, mais ce que je retiens de ces années là, c'est surtout que j'ai vu énormément de films. C'était une année où je voyais plusieurs films par jour à la cinémathèque de la fac. Et je crois ça m'a marqué à vie en fait. Les cours d'analyse de films m'ont passionné aussi, de critiques de films, d'écriture de scénarios.
Cela fait qu'aujourd'hui, quand je fais de la musique, je crois que j'ai ce genre de réflexes. J'ai envie de travailler le climax, que ça monte, qu'il y ait des rebondissements, du suspense... J'utilise beaucoup le jargon du cinéma. Même quand je pense un album, il y a quelque chose de très narratif, le fait de raconter une histoire. Il y a quelque chose vraiment de l'ordre du cinéma.
C'est un peu abstrait, mais il y a quand même des images qui me viennent quand je fais de la musique. Ca me donne une énergie. Il y a quelque chose de très visuel en tout cas.
Propos recueillis à Cannes le 16 juillet 2021. Entretien réalisé dans le cadre des temps forts SACEM au Festival de Cannes.
Jehnny Beth, Noémie Merlant, Makita Samba et Lucie Zhang chez Jacques Audiard