Elle était la révélation de Phantom Thread, film qu'elle illuminait de sa présence. Vicky Krieps est assurément l'une des actrices qui vont compter cette année, avec pas moins de trois longs métrages dans les salles ces prochains jours, et beaucoup de tournages en approche, dont le film français à gros budget Les Trois Mousquetaires.
Ces trois films sont Bergman Island de Mia Hansen Love, actuellement en salles, Old de M. Night Shyamalan, à l'affiche mercredi prochain, et Serre moi fort de Mathieu Amalric, le 8 septembre prochain.
Rencontrée à Cannes juste avant la sortie de Bergman Island, Vicky Krieps a commenté cette période chargée pour elle, pointant les convergences entre ces trois films : "ce sont des films très différents et en même temps, très proches. C’est presque un peu mystérieux ! Les trois films parlent par exemple de la notion du temps, la notion de réalité : qu’est-ce que le réel ? Qu’est-ce que l’irréel ?"
Et d'ajouter : "Les trois films racontent aussi qu’il faut laisser aller notre idée du réel pour faire arriver les choses. Comme dans le film de Mia, le personnage se trouve elle-même une fois qu’elle a le courage de laisser aller et d’accepter presque le chaos, de perdre le contrôle. Les trois films racontent ça alors que les trois films sont différents. Ces trois réalisateurs font à chaque fois un travail très défini et en même temps, j’ai pu me connecter avec les trois".
"Mia est plus comme une architecte, très intelligente, intellectuelle presque et structurée. Mathieu Amalric est aussi très intelligent et en même temps complètement intuitif, presque chaotique et musical. Du coup, je suis plus dans une chose où je ne sais pas où je suis, et en même temps, si je ferme les yeux, je sais où je suis. Enfin, Night, c’est encore différent : c’est presque que la structure et la vision, l’image... Toute la construction du film est là pour porter l’image, et en même temps, même lui, il avait envie de parler de laisser aller. Donc c’est bizarre que ces trois films soient tellement similaires !"
Touchant par ailleurs d'apprendre que le cinéma de Mia Hansen Love a joué un rôle déterminant dans la cinéphilie et le parcours de Vicky Krieps, comme elle nous l'a confié.
"Je vais raconter une histoire vraie. Avant d’aller à l’école de théâtre pour être actrice, j’étais spectatrice aussi au cinéma, dans un petit cinéma d’art et essai au Luxembourg. Je suis sortie de la salle et j’étais sidérée de voir pour la première fois par l’écriture d’un metteur en scène. Je suis sortie de la salle. Je ne savais pas du tout qu’il s’agissait d’une femme, et surtout pas d’une femme aussi jeune. Mais je me rappelle très bien d’avoir dit à mes amis que ce film était bien. C’était son premier, Tout est pardonné. J’étais très touchée par ce film.
Et deuxièmement, je me rappelle d’avoir formulé ça, de m’être dit : c’est fou que ça soit une même personne qui ait pris toutes ces décisions, qui me semblaient être des décisions justes. Après j’ai découvert ses autres films, mais ça reste ça. C’est vraiment ça son cinéma pour moi, et c’est drôle que ma première impression qui était quand même assez naïve -je ne travaillais pas dans ce domaine, je n’avais pas étudié le cinéma-. C’était vraiment ma réaction en tant que public.
C’est ce que j’ai retrouvé dans le travail avec elle. D’un côté, une construction hyper intelligente, comme on construirait une architecture toute fine, délicate, et d’une élégance, et en même temps, avec une générosité, et humainement ouvert, avec plein d’amour pour la vie. Cela me touche au cœur et c’est ça qui fait son cinéma et le travail avec elle."
"Je cherche toujours dans ma tête l’endroit où j’ai décidé de faire ce métier, poursuit Vicky Krieps à notre micro. Le Luxembourg, d'où je viens, est tellement petit que de devenir actrice était une chose quand même assez folle. Je n’aurai jamais osé vraiment avoir cette pensée. Du coup, je n’arrive pas à retrouver ce moment décisif. Mais c’est vrai que de voir un film comme celui de Mia est certainement une des raisons pour lesquelles j’étais intéressée de participer à ce monde, de faire des films."
Outre les trois films cités ci-dessus, Vicky Krieps est attendue dans Beckett avec John David Washington, disponible sur Netflix le 13 août prochain, puis dans De nos frères blessés de Hélier Cisterne (13 octobre 2021). Elle vient de tourner le film Corsage de Marie Kreutzer, sur la vie de Sissi l’impératrice d’Autriche. Elle a également joué avec Gaspard Ulliel, dans Plus que jamais, d’Emily Atef. Elle s'apprête à tourner dans Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon.
"Bergman Island", actuellement au cinéma : Mia Hansen-Love, Vicky Krieps et Tim Roth au micro
