Rarement un film aura autant fait l’unanimité que Parasite, le film de Bong Joon-ho, diffusé ce soir sur France 3. Pourtant, rien ne prédestinait ce long métrage à connaître un tel succès, comme nous l’avait d'ailleurs confié le cinéaste sud-coréen qui avouait l’avoir tourné en espérant simplement pouvoir rembourser son budget avec les recettes du box-office.
Produit après un "exil" américain de quelques années (le temps d’y tourner le film de science-fiction Le Transperceneige puis Okja pour Netflix), Parasite n’était donc pas de l’aveu de Bong Joon-ho un film bâti pour marcher en dehors des frontières de la Corée du Sud.
En revoici la bande-annonce...
En mai 2019, Parasite concourait en Compétition officielle au 72e Festival de Cannes ; dès sa projection, le film enchante la presse et prend la tête des favoris pour la Palme d’Or. Traditionnellement, un écart existe entre les pronostics et le palmarès, si bien qu’il est souvent mauvais signe pour un film d’être désigné comme le grand favori des critiques internationaux. Toutefois, l’édition 2019 a fait mentir cet adage en sacrant Parasite à l’unanimité du jury présidé par Alejandro González Iñárritu.
Un succès critique donc, bientôt suivi d’un triomphe public à sa sortie dans les salles françaises le 5 juin 2019 avec plus de 1,5 millions de spectateurs conquis, un total qui a alors permis à Parasite de devenir le plus gros succès d’une Palme d’or étrangère au box-office français depuis Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Un accomplissement inouï pour une production coréenne, qui n’annonçait pourtant que le début d’un parcours aux allures de grand chelem.
La marche triomphale vers le grand chelem
En octobre 2019, Bong Joon-ho était l’invité d’honneur du Festival Lumière où il reçut des honneurs égaux à ceux du prix Lumière 2020 Francis Ford Coppola. Sur la scène du théâtre Comédie Odéon, le cinéaste confiait alors avoir parcouru les quatre coins du monde pour assurer la promotion de Parasite, et n’avoir qu’une seule hâte : rentrer en Corée pour retrouver son chien (photos à l’appui) !
Parasite : "En Corée, certains spectateurs ont eu honte d’aimer le film" explique Bong Joon-hoMais la promotion de Parasite ne faisait que débuter pour lui, et très vite Bong Joon-ho a enchaîné les talk-show américains, cérémoniel indispensable pour tout candidat sérieux aux Oscars. Car il ne faisait désormais guère plus de doute, dès l’automne 2019, que Parasite ferait partie des grands favoris des Academy Awards.
Des prévisions très vite confirmées par la présence du film parmi les nominations des plus grandes cérémonies de prix américaines (Golden Globes, Director Guild Awards, Producer Guild Awards…) mais également internationales (BAFTA…).
Début 2020, Parasite semble pourtant décrocher de la course aux Oscars alors que 1917, le film de guerre de Sam Mendes tourné en plan-séquence, endosse la tenue de nouveau grand favori après ses victoires aux Golden Globes, BAFTA et PGA, généralement de fiables indicateurs du futur palmarès des Oscars.
Bong Joon-ho reste néanmoins un sérieux candidat pour le prix du Meilleur réalisateur tandis que la statuette du Meilleur film étranger lui semble d’ores et déjà promise, malgré une sérieuse concurrence (Les Misérables, Douleur et gloire parmi les nommés…).
Le 9 février 2020, Parasite tord cependant le nez à tous les pronostics en triomphant dans les catégories Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur film étranger et Meilleur scénario original, Bong Joon-ho devenant à cette occasion le premier réalisateur sacré par quatre prix au cours de la même soirée depuis… Walt Disney en 1954 ! Dans les jours qui suivent cette soirée historique, Parasite est ouvertement critiqué par le président Donald Trump, pour certains la consécration ultime reçue par le film à ce jour !
Parasite sera finalement honoré une dernière fois par le César du Meilleur film étranger ; absent de la cérémonie après un retour bien mérité dans sa Corée natale, Bong Joon-ho adresse néanmoins un message au public français en compagnie de toute l’équipe du film. Une façon pour lui de remercier le pays où le parcours incroyable du long métrage a commencé un soir de mai 2019, mais également de boucler la boucle d’une des success-story les plus phénoménales de l’Histoire du cinéma.