DE QUOI ÇA PARLE ?
Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James a du mal à l'accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu'il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoé. Une tragédie les frappe et la famille s'en trouve brisée. Isabelle décide alors de prendre le destin en main.
My Zoé, réalisé par Julie Delpy. Avec Julie Delpy, Richard Armitage, Daniel Brühl, Gemma Arterton, Sophia Ally.
JULIE DELPY DE RETOUR AUX MANETTES
Six ans après Lolo, une comédie ave Dany Boon et Vincent Lacoste, Julie Delpy est de retour derrière (et devant) la caméra. Cette fois, la réalisatrice opère un virage à 180 degrés avec un drame sur fond de crise conjugal et drame familial.
La genèse du film vient de cette fascination qu’exerce sur Delpy l’idée que nous sommes des individus uniques et, d’une certaine manière, irremplaçables. La cinéaste avait envie de questionner ce qui nous définit en propre, le mariage de l’inné et de l’acquis, de la nature et de la culture.
"J’ai beaucoup lu sur la génétique, j’observe beaucoup mon fils ou les enfants de mes amis, et je constate que notre nature, qui nous constitue fondamentalement, est extrêmement puissante. Puis il y a aussi le fait qu’au moment de l’écriture, je me suis séparée du père de mon fils. C’était tellement difficile et traumatisant que j’ai eu l’impression de couper mon enfant en deux – ce qui m’a fait penser à l’histoire du roi Salomon, qui m’a toujours passionnée", confie Julie Delpy.
L'artiste a eu la sensation que son enfant se réinventait et devenait une personne différente avec chacun de ses parents. Selon la réalisatrice, en devenant deux, il est devenu autre, ce qui l’a rendu d’autant plus intelligent, complexe et capable d’adaptabilité.
"Mais c’est une des épreuves les plus dures que j’ai dû traverser. D’une certaine manière, ce scénario recrée un peu cette situation et la pousse à son paroxysme à la fin", précise-t-elle.
EXPLORATION D'UN SUJET TABOU
Au-delà de la chronique conjugale, thème que Julie Delpy a déjà exploré dans 2 Days in Paris, My Zoé s'extirpe vite de cet aspect pour nous emmener vers totalement autre chose. Contre toute-attente, la réalisatrice sonde un sujet extrêmement tabou qui surprendra plus d'un spectateur. En ce sens, il se rapproche un peu de La Comtesse, réalisé par Delpy en 2009.
"C’est sûr que mon film va en agacer certains ! Le film pose la question de l’âme et va plus loin que la question de
spoiler: l’avortement
, par exemple. Je pense que My Zoé parle de sujets encore plus tabous", indique la cinéaste. Bien sûr, pour conserver la surprise et le choc de la découverte, on ne divulguera pas ce dont il est question.
C’est sûr que mon film va en agacer certains !
Julie Delpy a aussi décidé de ne pas mettre de musique pour ne pas manipuler les émotions des spectateurs et pour ne pas tomber dans le film sentimental ou mélodramatique. Elle souhaitait que les spectateurs qui se sentent émotionnellement concernés par le film puissent l’être pleinement et que ceux qui se sentent furieux puissent l’être tout autant.
UNE PETITE ACTRICE BRILLANTE
Pour camper la petite Zoé, qui prête son nom au film, Julie Delpy a choisi Sophia Ally. Selon la réalisatrice, la jeune comédienne est une perle.
"Je l’ai trouvée en faisant un casting. Elle est très brillante et a tout de suite compris l’histoire. Elle est très douce et sensible, et me posait des questions existentielles comme le fait son personnage, c’était étonnant ! Par exemple : « Pourquoi Dieu est-il à l’image d’un homme ? » !", explique la cinéaste.
Sophia était bonne actrice, ce qui était bien sûr essentiel pour Julie Delpy, mais elle était aussi très flexible, ce qui lui permettait d’évoluer en fonction des situations. Pour l'équipe du film, c’était une chance. En effet, en Allemagne, où une partie du film a été tournée, les règles pour travailler avec des enfants sont plus strictes qu’ailleurs.
"Nous avions donc très peu d’heures avec elle par jour et Sophia a su s’adapter à cette course contre le temps. Elle avait onze ans au moment du tournage, mais paraissait plus jeune et avait donc la maturité nécessaire pour jouer une enfant de huit ans. Le fait que je joue donne un ton, c’est sûr, mais c’est aussi plus difficile pour moi d’être à la fois devant et derrière la caméra. J’espère, à l’avenir, tourner des films sans forcément jouer dedans !", conclut l'artiste de 51 ans.