C'est un auteur qu'il est inutile de présenter. Depuis plus de 45 ans, Stephen King inspire le monde du cinéma et de la télévision avec ses ouvrages. Au total, il en aurait vendu plus de 350 millions d'exemplaires - un chiffre qui reste difficile à déterminer. Avec Histoire de Lisey, il adapte son propre roman et scénarise les 8 épisodes de cette mini-série réalisée par le Chilien Pablo Larraín. Écrit suite à un moment difficile de sa vie - un long séjour à l'hôpital pour une pneumonie -, l'écrivain crée un récit cathartique, hypnotique et, forcément, angoissant.
Produite par J.J. Abrams et portée par un superbe casting, la fiction propose un aller simple dans l'imagination torturée du Maître de l'horreur avec un monde parallèle, le Boo'ya Moon, aussi beau qu'effrayant. AlloCiné a pu rencontrer l'équipe de la série pour parler de leurs premiers souvenirs liés à l'auteur - voir la vidéo ci-dessus. Ils ont également parlé plus longuement de leur collaboration avec le réalisateur Pablo Larraín qui sublime les mots de Stephen King grâce à une vision unique. Interview.
AlloCiné : En tant que producteur, J.J. Abrams, vous avez un historique important avec l'auteur. Vous avez déjà produit l'adaptation de son roman 22.11.63 et Castle Rock en série. Pourquoi, selon vous, Histoire de Lisey devait être le prochain ouvrage à être transposé à l'écran ?
J.J. Abrams : Stephen King est incontestablement l'un des auteurs les plus remarquables de son époque. Il a la plus incroyable des imaginations et une grande variété de personnages et de scénarios. En ce qui me concerne, j'ai toujours aimé Histoire de Lisey. Je savais également que c'était son livre préféré.
Quand il m'a contacté pour me demander si je souhaitais être impliqué dans l'adaptation, j'étais très nerveux parce que je ne voulais pas me louper et trahir son roman. Il a ensuite exprimé l'envie d'écrire les scénarios lui-même. C'était un énorme plus pour nous tous. J'étais sûr que nous allions être entre de bonnes mains. Il nous a donné tous les éléments nécessaires pour que tout se passe bien.
Quand on regarde la série, le choix de Julianne Moore pour jouer Lisey semble évident...
J.J. Abrams : En vérité, elle est la première actrice à laquelle nous avons pensé pendant nos préparations. Le plus fou chez elle, au-delà du fait qu'elle soit une artiste accomplie, c'est qu'elle était déterminée à donner le meilleur d'elle-même. C'est un rôle très difficile. Elle semble relever le défi sans le moindre effort, mais c'est très compliqué.
Celle qui devait jouer Lisey devait susciter la compassion chez le public, que l'on puisse ressentir sa souffrance mais aussi que l'on soit de son côté. Julianne Moore est excellente dans cet exercice et encore une fois, elle nous a bluffé avec sa performance.
Julianne, vous incarnez un personnage endeuillé et donc complexe à interpréter. Qu'est-ce qui vous a séduit dans son histoire ?
Julianne Moore : Ce qui me plaît dans cette série c'est que nous proposons un portrait d'une longue relation de couple, ce qui est finalement rare au cinéma ou à la télévision. Ici, on s'attarde sur ce qu'une vie de couple peut construire au fil des années.
Le plus important pour moi était de rendre cette relation avec Scott, joué par Clive Owen, la plus authentique possible. J'ai eu la chance d'avoir les meilleurs partenaires de jeu pour ça. Tout le monde était très impliqué pour apporter le plus de vérité à cette histoire.
Votre rôle, Joan, est l'un des plus sombres de la série. Amanda est une femme dépressive, malade, qui appelle à l'aide en se scarifiant les bras. Était-ce compliqué de quitter la peau de ce personnage ?
Joan Allen : D'habitude, je suis plutôt bonne pour faire la part des choses entre ma vie et mon travail. Pour Histoire de Lisey, tout s'est bien passé dans l'ensemble, mais j'ai le souvenir d'un jour où j'étais littéralement épuisée. Je suis montée dans la voiture, je parlais au chauffeur bien sûr, mais je me sentais vidée.
Mais c'est une sensation agréable. J'avais le sentiment d'avoir fait du bon travail, Pablo Larraín semblait satisfait, je faisais confiance à son regard.
En parlant de Pablo Larraín, ceux qui verront la série noteront son sens de l'image et son style si particulier. Que pouvez-vous dire sur lui ?
Julianne Moore : C'est une chance de l'avoir eu pour les 8 épisodes. Je souhaitais vraiment le point de vue d'un seul réalisateur. Pourtant, tourner une série est une tâche compliquée, c'est très long et cela prend beaucoup d'énergie. Sa vision est unique, il est intéressé par les instants de vérité et sur le plateau, il ne passait jamais à la scène suivante s'il n'avait pas ce qu'il attendait. C'est très rassurant d'avoir quelqu'un comme lui à nos côtés.
Jennifer Jason Leigh : Il est à la fois très ouvert et très précis. C'est un vrai poète. Il reste très sensible à notre vision de l'histoire et il est clair dans ce qu'il attend de nous. J'ai aimé chaque seconde avec lui.
Ron Cephas Jones : Il m'a aidé à travailler chaque petit détail de mon personnage. Ces petites choses qui, à première vue, ne semblent pas importantes, mais qui changent tout. J'aimerais que d'autres réalisateurs travaillent comme lui. J'espère avoir la chance de rejouer pour lui un jour.
Propos recueillis par Thomas Desroches, le 16 mai 2021.
Montage : Arthur Tourneret
Découvrez la composition musicale du générique signée Clark :