AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a plu dans Plan B lorsqu'on vous a proposé le scénario ?
Axel Auriant : Ce que j’ai beaucoup aimé, à la lecture du scénario, c’est la notion de fantastique. C’est rare en France qu’on produise des séries où le fantastique est ancré dans le réel de l’histoire et où il vient nourrir l’intrigue sans la biaiser. Et puis je trouvais également que c'était extrêmement bien écrit. Tous les personnages secondaires ont leur importance, ils évoluent tous au contact de l’intrigue principale. Pour moi, c'est la preuve d'un bon scénario. Et c'était génial à interpréter.
En tant qu’acteur c’était intéressant de vivre deux fois les mêmes scènes, de vivre les "deux vies" de Félix, dans le présent et dans ce passé que revit le personnage de Julie de Bona et qu'elle essayer de modifier. Et puis l’histoire en elle-même est très forte. Si je pouvais retourner dans le passé, est-ce que je changerais quelque chose ? C’est une vraie question.
Et le scénario abordait aussi plein de sujets qui me touchent, comme l’adolescence, le rapport aux parents, le rapport au pardon, à l’expérience, au premier amour, aux peines de cœur. Tout ça n’est pas traité de manière manichéenne. On arrive à comprendre les parents comme les enfants. Les parents font de leur mieux, avec les armes qu’on leur a données, et ce n’est pas toujours évident. Je trouve que Plan B pose un regard très juste sur ces questions.
Justement, si on vous donnait l’opportunité de remonter dans le temps, est-ce que vous changeriez le passé ?
C’est une question qu’on m’a beaucoup posé dernièrement, et, en vérité, je crois que non. Je n’ai pas ce rapport-là au passé. Je me dis que tout arrive pour une raison, que c’est écrit comme ça et que tout a un sens. Je ne suis vraiment pas attaché au passé et aux regrets. Donc, non, je ne changerais rien.
En tant que spectateur, êtes-vous très friand de science-fiction ? Est-ce que c'est un genre qui vous parlait déjà avant de jouer dans Plan B ?
Oui, j’adore Black Mirror ou Stranger Things par exemple. Mais j’aime vraiment la science-fiction ou le fantastique quand ils sont ancrés dans le réel, encore une fois. Claude Lelouch a dit un jour : "À partir du moment où je crois à une histoire, on peut me raconter ce qu’on veut". Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidé. Et qui est très vrai sur Plan B. À partir du moment où le fantastique est ancré dans le réel de la fiction, on y croit. Le fantastique n’est pas au premier plan, il vient simplement nourrir la fiction par petites touches.
Félix est un personnage très intéressant car il est présenté au départ comme le fils modèle, comme quelqu’un de solaire, mais finalement on découvre petit à petit qu’il cache une blessure, qu’il a souffert d’être un peu "délaissé" par ses parents au profit de sa sœur. C'est ce qui vous a plu dans le personnage ?
Oui, complètement. Je pense que ça reflète bien la réalité de ce que vivent les familles qui traversent ce genre de choses. Souvent quand on a deux enfants et qu’un des deux a des problèmes ou est dans une sorte de conflit avec ses parents, l’autre extériorise beaucoup moins. Il est plus en retrait et il essaye d’apaiser la situation finalement en quelque sorte. C’est ce que je trouvais très intéressant avec ce personnage.
On pouvait inventer tout son passé, en fin de compte. Et puis le voir évoluer en fonction des retours dans le passé, voir évoluer ses relations avec sa mère et sa sœur, ça permet de se rendre compte qu’il est tout autant paumé que Lou. Mais il ose moins l’extérioriser. Et c’était hyper intéressant à jouer.
Effectivement, il y a un côté "masque" dans tout ça. Félix paraît très solaire, très rigolo, mais ça cache une blessure plus profonde. Les deux personnages que sont le père et le fils s’expriment moins, sont plus taiseux, tout passe par le regard. Mais lorsqu’ils enlèvent leurs masques, on perçoit leur vulnérabilité, et c’est d’autant plus fort.
Y a-t-il une scène en particulier que vous retenez, ou qui a été plus difficile à tourner que les autres ?
J’avais assez peur de la scène de l’interrogatoire, dans l’épisode 1. Et finalement je l’ai faite en une seule prise. Ça a été un très beau moment de lâcher prise avec Julie. Le plateau était en larmes après, on a vécu un joli moment de partage avec l'équipe.
On sent une vraie alchimie palpable entre Julie de Bona, Kim Higelin, Bruno Debrandt, et vous à l’écran. Ça a tout de suite collé entre vous quatre sur le plateau ?
Oui, même avant. À la lecture, on a compris que ça allait être un tournage durant lequel on allait nouer des liens forts. Et avoir des parents de fiction comme Julie et Bruno, c’est super, car ils sont extrêmement généreux, ils nous donnaient plein de conseils. Ils travaillent constamment dans la bienveillance. Je pense qu’on a été très chanceux avec Kim de tourner avec eux. J’ai pris beaucoup de plaisir sur ce tournage.
D'ailleurs, vous connaissiez déjà Kim Higelin, que vous aviez croisé sur Skam France, c'est bien ça ?
Effectivement, on s’était croisé brièvement sur Skam. Et on avait déjà bien sympathisé et déconné ensemble. Donc j’étais ravi de la retrouver et de jouer son frère dans Plan B. Et puis on a vécu trois mois et demi à Marseille, loin de chez nous, donc on a forcément tissé une relation très forte tout au long du tournage.
Le tournage en pleine pandémie de Covid a évidemment dû être une expérience un peu spéciale. Est-ce que finalement cela a eu pour conséquence de souder encore plus toute l'équipe ?
Carrément. Mais on a eu de la chance car le deuxième confinement est arrivé quand on était dans le dernier décor, la maison. Il nous restait environ un mois et demi de tournage dans la maison. Donc on avait un peu l'impression d'être chez nous, en famille, c'était assez beau.
Il nous restait quasiment uniquement des séquences où nous étions tous les quatre. Julie, Bruno, Kim, et moi. Que ce soit le suicide de Lou, l’interrogatoire, ou les séquences de repas. On était vraiment en immersion, dans cet esprit-là de famille. Et c’était assez jouissif. Plus tu joues avec les gens, plus tu es en confiance et plus tu es dans un rapport au jeu qui est intéressant.
Mon seul regret par rapport à cette période, sur ce tournage, c’était qu’on n’avait pas cette bulle de décompression où on pouvait aller boire des verres tous ensemble le soir après une longue journée de tournage. De ne pas pouvoir refaire le monde le soir avec les comédiens et avec les équipes, de ne pas pouvoir parler de tout et de rien, c’était vraiment la grosse frustration d’un tournage sous Covid.
Mais en dehors de ça, on se sentait privilégiés, de tourner dans un tel décor, avec des gens formidables, et de pouvoir continuer à travailler en cette période compliquée.
Les deux derniers épisodes de la série sont assez dingues. Il y a des rebondissements complètement fous. Quelle a été votre réaction à la lecture du scénario ?
Je ne m’attendais pas à une telle fin. Je ne l'avais pas du tout anticipée et j’ai beaucoup pleuré. On a vu les six épisodes, dans une salle de projection, chez Gaumont, et on a pleuré durant six heures. J’ai une photo de nous quatre, à la fin, les yeux rougis de larmes. J’étais sur le cul, vraiment. On a été complètement bouleversé au visionnage et la fin a réussi à nous surprendre alors qu’on savait ce qui allait se passer puisqu’on l’avait tournée (rires). J'espère que le public sera aussi surpris que nous.
Est-ce que le fait que vous ayez participé à une série comme Skam France, qui était très bien écrite et pour laquelle votre prestation a été encensée, vous rend plus exigeant aujourd'hui dans vos choix de projets et de rôles ?
Oui, forcément. J’ai eu la chance, à mon âge, de toujours participer à des projets où j’étais touché par l’histoire. Et à des projets qui m’ont permis de voyager, d’apprendre, de grandir avec mes personnages. Et parce que j'ai reçu pas mal de propositions après Skam, c'est vrai que j'ai eu la chance de pouvoir choisir mes rôles. Et le plus important pour moi était la recherche de sens. C’est important pour moi que les personnages avec qui je décide de vivre m’apportent quelque chose. C’est en ça qu’il y a une exigence dans mes choix.
Et j’ai vécu un tel truc avec Skam que ça me donne envie de vibrer avec des personnages, de lâcher prise avec eux. Je me souhaite de revivre des choses aussi fortes à l’avenir. Mais au-delà des personnages, le choix du projet est aussi très important. Le réalisateur, ce que le projet raconte, comment c’est écrit, comment le réalisateur le voit. Je m’éclate vraiment dans ce métier et j’espère que je continuerai longtemps à prendre autant de plaisir.
Avez-vous suivi un peu les nouvelles saisons de Skam France ?
Bien sûr. J'ai même récemment envoyé un message à Khalil Ben Gharbia, qui interprète Bilal, le personnage central de la saison 8, pour le féliciter. Je le trouve exceptionnel. J'ai vraiment été impressionné par sa prestation.
Quels sont vos projets à venir après Plan B ?
J'ai terminé fin avril la captation pour France 2 de la pièce Times Square avec Guillaume de Tonquédec au Théâtre de la Michodière. J’ai adoré joué avec lui, et ce sera normalement diffusé en novembre. En ce moment, je tourne le film Les mains vides, avec Guillaume Gallienne et une troupe de jeunes comédiens, dont Robin Migné et Paul Scarfoglio de Skam France. Et je suis aussi à l'affiche de Slalom, qui est sorti en salle le 19 mai.
Côté théâtre, j'enchaîne avec les répétitions pour une pièce qui s’appelle Saint-Exupéry, le mystère de l’aviateur, d'Arthur Jugnot, que je vais jouer cet été à Avignon au Théâtre des Béliers. Et ensuite, à la rentrée, j’entamerai normalement deux autres tournages, pour des films, mais je préfère ne pas en parler tant que ce n’est pas sûr.
La bande-annonce de Plan B, qui se termine demain soir sur TF1 :