De quoi ça parle ?
Cette nouvelle saison suit la relation de Denise et son épouse Alicia. Cette histoire d'amour moderne illustre intimement les hauts et les bas du mariage, la lutte contre l’infertilité et le développement personnel à la fois ensemble et séparément. Des hauts et des bas se succèdent avec des instants romantiques éphémères, des pertes personnelles dévastatrices, tandis que des questions existentielles se posent.
C’est avec qui ?
Si pendant deux saisons, Master of None a mis en avant le quotidien de Dev (Aziz Ansari) avec ses errances amoureuses autant que professionnelles, cette saison 3 est entièrement consacrée à celle qui n’avait jusque-là qu’un rôle secondaire : Denise, une des meilleures amies de Dev, incarnée par Lena Waithe.
On se souvient du formidable épisode intitulé "Thanksgiving" qui lui était consacré dans la saison 2 qui revient sur son passé et le moment où elle fait son coming-out auprès de sa famille. Cet épisode lui a valu l’Emmy Award du Meilleur Scénario pour une série comique, un prix historique puisque Lena Waithe est devenue à ce moment la première femme noire à recevoir ce prix dans cette catégorie.
Face à elle, on découvre un peu plus le talent de l’actrice britannique Naomi Ackie qu’on a pu voir dans Stars Wars : L’Ascension de Skywalker ainsi que dans l’épisode "Education" de Small Axe, créée et réalisée par Steve McQueen.
Ça vaut le coup d’œil ?
Préparez-vous à un certain dépaysement ! Exit la comédie douce-amère où Dev déambule dans sa vie comme il déambule dans les rues de New York ou en Italie, à la recherche du grand amour et d’une carrière à l’écran. En plus de changer de casting, la série change de ton d’une manière assez radicale aussi bien dans la forme que dans le fond.
Sous-titrée "Moments in love" ("moments d’amour" en français) et composée de seulement cinq épisodes, cette saison est entièrement consacrée au couple que forment Denise (Lena Waithe) et Alicia (Naomi Ackie). Devenue une autrice à succès après un premier roman, Denise a complètement changé de vie. Elle vit dans une belle maison à la campagne avec sa femme. Elles mènent une vie tranquille et sereine, en recluses de la société.
Mais juste après avoir reçu Dev (Aziz Ansari) et sa nouvelle petite amie avec qui il forme un couple dysfonctionnel, Denise et Alicia entrent dans une phase de crise conjugale. Le désir d’enfant, la difficulté d’en avoir pour un couple de lesbiennes, l’âge et l’horloge biologique qui sonnent comme un tic-tac angoissant deviennent des points de crispation dans le couple.
On n’ira pas plus loin dans la description de ce qu’il se passe en ce début de saison car celle-ci est véritablement écrite comme une expérience de la vie conjugale, avec son lot d’imprévus et de contrariétés qu’il faut découvrir par soi-même.
L’écriture est assurée à quatre mains par Lena Waithe et Aziz Ansari qui a également réalisé seul les cinq épisodes. De toute évidence, le duo s’est laissé influencer par le cinéaste suédois Ingmar Bergman. Plus précisément, c’est sa série Scènes de la vie conjugale – remontée ensuite en film – qui est leur référence explicite.
Premier élément déconcertant : le format 4:3 qui n’existait qu’au XXème siècle, un format carré donc avec deux grosses bandes noires de part et d’autre de l’écran. La réalisation d’Aziz Ansari se calque également sur celle de son référent suédois. Plans fixes, naturalisme, cette manière d’aller directement à l’os, sans fioritures… c’est une véritable déclaration d’amour du créateur et réalisateur américain.
De la même manière que Bergman a utilisé des éléments de sa vie personnelle dans son film/série, Lena Waithe livre à son tour une forme d’autobiographie déguisée. Alors que cette saison n’est pas la suite directe des deux précédentes, on peut conclure que c’est la saison de la maturité. Ces scènes de vie, à la fois extrêmement pudiques et intrusives, sont d’une justesse inouïe. On en ressort tout chamboulés.