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    Tchernobyl, 35 ans après : pourquoi il faut (re)voir la mini-série sur la catastrophe nucléaire
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Ce 26 avril 2021 marque les 35 ans de la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle : l'accident de Tchernobyl, en Ukraine. Alors que le pays commémore ce douloureux souvenir, c'est l'occasion de voir l'extraordinaire mini-série du même nom.

    HBO

    Le 26 avril 1986 à 1h23 du matin, se produit une explosion au réacteur 4 de la centrale nucléaire Lénine, située à l'époque en République socialiste soviétique d'Ukraine en URSS. Pendant dix jours, le combustible nucléaire brûle, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui contaminent, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe mais surtout l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie.

    Les autorités soviétiques tentent de dissimuler l'incident, tandis que Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique à l'époque, ne s'exprime publiquement sur le sujet que le 14 mai.

    116 000 personnes ont dû être évacuées de la zone autour de la centrale en 1986, toujours quasiment inhabitée à ce jour. La ville dortoir de Prypiat, voisine de la centrale de seulement 3 km, est vidée de ses habitants, qui ne sont plus jamais revenus sur les lieux. Dans les années suivantes, 230 000 autres ont connu le même sort.

    Une catastrophe dont on peut encore aujourd'hui mesurer les effets, et dont l'Ukraine se souvient dans la douleur en ce jour, 35 ans tout juste après le drame. Même si l'actuel président du pays, Volo­dy­myr Zelensky, souhaite désormais développer le tourisme dans la région, qui connaît un net engouement depuis la diffusion de Chernobyl, en 2019. Corollaire de cet engouement, hélas, le tourisme dans l'ancienne zone radioactive s'accompagne de nombreuses dégradations commises par les visiteurs, provoquant la fureur (et à raison) des guides locaux...

    Apocalypse Now

    Mini-série en cinq épisodes diffusée sur la chaîne HBO aux Etats-Unis et OCS chez nous, Chernobyl est une des réussites majeures de l'année 2019. D'un niveau de finesse d'écriture exceptionnel, grâce à la plume de Craig Mazin, portée par un extraordinaire casting, à commencer par un fabuleux Jared Harris dans le rôle du scientifique Valeri Legassov, dont le témoigne posthume révélera les graves manquements à la sécurité du site et les pressions politiques pour étouffer l'affaire, Chernobyl offre un récit didactique et glaçant, terriblement haletant.

    Mais cette reconstitution méticuleuse du drame se double aussi d'un bouleversant requiem dressé à la mémoire de tous ceux et celles qui ont perdu la vie dans un combat par trop inégal face à une telle tragédie. En particulier ceux que l'on a appelés "les liquidateurs"; nom désignant le personnel civil et militaire intervenu immédiatement sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986 au matin, mais aussi aux équipes impliquées dans la consolidation et l'assainissement du site à plus long terme. Sur les 600 000 liquidateurs employés, le bilan sera en dizaines de milliers de morts, même si les chiffres sont toujours sujet à discussion.

    Chernobyl
    Chernobyl
    Sortie : 2019-05-06 | 58 min
    Série : Chernobyl
    Avec Jared Harris, Stellan Skarsgård, Paul Ritter
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    4,6
    Disponible sur MAX

    A ce sujet précis d'ailleurs, on vous recommande chaudement, en complément du visionnage de Chernobyl, un formidable documentaire diffusé en 2006, La Bataille de Tchernobyl, de Thomas Johnson. Bénéficiant de témoignages précieux d'acteurs du drame, il montre en outre des images d'archives inédites des jours qui ont suivi la catastrophe, avec ces fameux liquidateurs en action, qui ont lutté sans relâche pour éviter une seconde explosion nucléaire, qui aurait dévasté une bonne partie de l'Europe.

    Si la mini série Chernobyl a suscité un très vif intérêt de la part du public et la critique, cette création américaine a irrité aussi certains médias russes proches du Kremlin. Selon le Moscow Times, le journal Komsomolskaya Pravda (KP), quotidien le plus populaire du pays, accusait les concurrents étrangers de Rosatom, la société publique russe liée au secteur de l'énergie nucléaire, qui regroupe plus de 300 entreprises et organisations et emploie 250 000 personnes, de se servir de la mini-série pour ternir la réputation du pays comme puissance nucléaire.

    Dans un élan d'orgueil national blessé, la chaîne russe NTV annonça même en 2019 avoir mis en chantier sa propre série sur les événements de Tchernobyl, en développant l'hypothèse selon laquelle la catastrophe de la centrale nucléaire était due à un acte de sabotage de la part d'un agent de la CIA... Comme un (vieil) air de Guerre Froide...

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