Succéder à Med Hondo. Un véritable défi tant le comédien au timbre légendaire, disparu en 2019, a marqué trois décennies de cinéma, et notamment la filmographie d'Eddie Murphy qu'il a doublé en version française et accompagné depuis ses débuts en 1982 dans 48 heures. Le Flic de Beverly Hills, Un Prince à New York ou Shrek : autant de longs métrages qui n'auraient pas été tout à fait les mêmes sans la voix de Med Hondo.
Christophe Peyroux, qui a notamment doublé Anthony Anderson, Anthony Mackie ou Omar Epps, et s'est illustré sur les VF des séries Sur écoute, The Good Wife ou How I Met Your Mother, entre autres, a eu la lourde tâche de se glisser dans la peau d'Eddie Murphy sur Un Prince à New York 2. Et, donc, de succéder à Med Hondo en tant que "nouvelle voix française" du comédien. Rencontre.
AlloCiné : Que représente Eddie Murphy pour vous ? Et que représente cette opportunité en tant que nouvelle voix française sur "Un Prince à New York 2" ?
Christophe Peyroux : Eddie Murphy, c'est tout d’abord, les années 80. 48 heures, Un fauteuil pour deux, Le Flic de Beverly Hills... Un nouveau comédien talentueux et plein d’humour. C'est donc pour moi une grande fierté et une énorme envie d’aller plus loin dans mon métier de comédien de doublage avec cet artiste.
C'est une opportunité... et en même temps un énorme défi tant la voix de Med Hondo est devenue indissociable d'Eddie Murphy. Avez-vous hésité avant d'accepter ?
Non, je n’ai pas hésité mais j’étais très angoissé à l’idée de remplacer Med.
Quelle est l'approche quand on succède à une voix légendaire comme celle de Med Hondo et quand on double un comédien aussi important qu'Eddie Murphy : s'en tenir à doubler Eddie Murphy au mieux ou tenter de se rapprocher de ce que Med Hondo aurait éventuellement fait ?
Ne surtout pas faire de l’imitation. D’abord, je ne sais pas faire ça et je pense que, quitte à changer de voix, autant proposer ce que je suis. J’ai essayé de coller au plus près du jeu d’Eddie Murphy.
Comment se déroule précisément un casting vocal, pour expliquer aux spectateurs qui ne seraient pas familiers avec le milieu du doublage ?
On enregistre une ou deux scènes du film qui sont ensuite envoyées aux États-Unis pour être validées.
Un Prince à New York 1 et 2 : ce clin d'œil à un autre film d'Eddie Murphy répété 33 ans après !Dans cette suite, Eddie Murphy joue à nouveau toute une galerie de personnages. Comment avez-vous abordé ces multiples rôles, aux personnalités et accents très différents ?
En regardant et écoutant ce que lui avait fait et d’y coller le plus possible avec mes capacités vocales. J’avoue que le fait d’être également chanteur m’a beaucoup aidé.
L'époque actuelle, surconnectée, vous restitue immédiatement la façon dont les spectateurs français peuvent recevoir votre voix. Dans quel état d'esprit êtes-vous par rapport à ça ? Allez-vous lire les retours ou préférez-vous vous couper des commentaires ?
Je peux comprende que les gens aient du mal à changer d’habitudes, et je peux entendre les critiques constructives. Mais les premières choses que j’ai lues m’ont fait m’éloigner très vite de tout ça… J’ai fait mon travail du mieux possible en y prenant un plaisir immense.
Qu'avez-vous envie de dire aux spectateurs et aux fans d'Eddie Murphy ?
Que comme eux il a pris de l’âge, mais qu’il reste un artiste très talentueux. Et en ce qui concerne sa nouvelle voix française, dans ce monde qui va à deux cents à l’heure, prenez le temps de vous réhabituer...
Quels souvenirs gardiez-vous du premier "Un Prince à New York" ? L'avez-vous revu pour vous en imprégner ? Et que pensez-vous de cette suite ?
Oui, je l’ai revu. J’en gardais le souvenir d’une très bonne comédie et surtout d’un comédien hors norme qui interprétait plusieurs personnages. Ce qui était, à l’époque, assez novateur. Cette suite me replonge dans ces années 80. Et comme moi le prince Akeem a mûri…
Vous avez une histoire personnelle avec Med Hondo, qui a doublé votre papa sur un film. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et vivez-vous dès lors la situation comme une sorte de "boucle qui se boucle" ?
Effectivement Med Hondo a doublé mon père Mansour Diouf dans un film sénégalais de Djibril Diop Mambéty intitulé Hyènes. J’avoue que ça m’a fait bizarre d’entendre la voix de Med, mais là encore il faut reconnaître qu’il a fait du beau boulot. J’ai eu l’occasion d’en parler avec lui lorsque nous nous sommes croisés en studio. Aujourd’hui, prendre sa relève est une lourde tâche mais également un grand honneur. Donc oui, la boucle est bouclée... même si de mon côté il me reste encore pas mal de choses à faire ! (Rires) Merci aux hasards de la vie.
Au-delà de "Un Prince à New York 2", quelle est votre actualité, forcément limitée par la crise sanitaire ? Y'a t-il des projets de théâtre ? de musique ? de cinéma ? de doublage ?
Oui ! Je joue avec une super partenaire, la comédienne/musicienne Virginie Lange, la pièce Le Coeur au même endroit que j’ai écrite qui se passe dans le milieu du piano bar (donc musicale) avec des arrangements de mon pote Jean-Luc Thibault, pianiste/arrangeur. Et j’espère bien que dès la sortie de cette p**** de crise, nous pourrons remonter sur scène.
Un Prince à New York, 1988 vs 2021 : Eddie Murphy et le casting à l'époque et aujourd'hui
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