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    La Faute à Rousseau sur France 2 : que vaut la série avec Charlie Dupont et Samira Lachhab (Demain nous appartient) ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    France 2 lance ce soir "La Faute à Rousseau", une nouvelle série dans la veine de "Sam", centrée sur un prof de philo incontrôlable et irrévérencieux. Une jolie réussite portée par Charlie Dupont, Anny Duperey, et Samira Lachhab.

    De quoi ça parle ?

    Les tribulations d’un professeur de philo, Benjamin Rousseau, aussi brillant qu’atypique et rebelle, et de ses élèves. Il leur donne des armes pour affronter la vie, qui sont Kant ou Spinoza. L’ironie dans tout cela : Rousseau, qui aide ces jeunes avancer, fait du surplace dans sa propre vie.

    Adaptation libre de la série catalane Merli (2015-2018).

    Tous les mercredis à 21h05 sur France 2 dès le 17 février. 4 épisodes vus sur 8.

    La Faute à Rousseau
    La Faute à Rousseau
    Sortie : 2021-02-17 | 52 min
    Série : La Faute à Rousseau
    Avec Charlie Dupont, Anny Duperey, Louis Duneton
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    3,5
    Voir sur france.tv

    C'est avec qui ?

    Pour incarner Benjamin Rousseau, le héros incontrôlable et irrévérencieux de La Faute à Rousseau, France 2 et la production ont jeté leur dévolu sur le comédien belge Charlie Dupont, vu notamment dans les séries Hard et Seconde chance. Face à lui, Anny Duperey (Une Famille formidable) prête ses traits à Eva, la mère "un brin" loufoque du prof de philo, Louis Duneton (Plus belle la vie) interprète Théo, son fils avec qui il peine à communiquer, tandis que Samira Lachhab (Demain nous appartient) campe Stéphanie, une prof d'anglais qui ne va pas laisser Benjamin insensible.

    Une jolie distribution que viennent compléter, entre autres, Esther Valding (Les Bracelets rouges), Grégoire Paturel (Infidèle), ainsi que Bryan Tresor et Myra Tyliann de Plus belle la vie, dans la peau des élèves de Rousseau, présents tout au long de la première saison. Mais aussi Akim OmiriAnne Girouard (Kaamelott), Axelle Laffont, et Carole Bianic (Chérif) dans les rôles des collègues de Rousseau ou des parents de certains lycéens.

    Jean-Philippe Baltel - DEMD - FTV

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Après Sam, dont la saison 5 s'est achevée il y a quelques semaines sur TF1, place à Benjamin Rousseau, un nouveau prof rock'n'roll qui va, lui aussi, à sa manière, laisser une marque indélébile dans la vie de ses élèves. Et promet déjà de dynamiter les mercredis soirs de France 2 au cours des quatre prochaines semaines. Pourtant, sur le papier, rien de bien nouveau tant La Faute à Rousseau semble s'inscrire dans les traces déjà vues des enseignants anticonformistes et inspirants du petit et du grand écran, de John Keating (Robin Williams) dans Le Cercle des poètes disparus à la prof de français au tempérament de feu incarnée par Natacha Lindinger dans le remake de Rita, en passant par LouAnne Johnson (Michelle Pfeiffer) dans Esprits rebelles. Mais l'écriture, intelligente et moderne, et l'interprétation au diapason des comédiens en font une très belle surprise, qui nous touche en plein coeur, et à côté de laquelle il serait fort dommage de passer.

    S'il convient de noter que La Faute à Rousseau est l'adaptation française de la série catalane Merli, disponible sur Amazon Prime sous le titre #Philo, la nouvelle série familiale de France 2, développée par Agathe Robillard et Thomas Boullé, évite heureusement de tomber dans la facilité du copier-coller et revisite librement le matériau d'origine, en partant simplement de la bible de Merli pour ensuite tisser son propre récit. Elle en garde cependant bel et bien l'esprit et le format, et chacun des huit épisodes de la première saison s'intéresse plus particulièrement à un élève de la classe de terminale de Rousseau, et s’articule autour d’une notion philosophique (la liberté, l'amour, le devoir, l'injustice, ...). Une manière d'apporter une touche éducative à une série avant tout divertissante qui prouve que la philosophie n'est pas forcément barbante et qu'elle peut aider des ados perdus, ou en souffrance, à se libérer et à fendre l'armure, et leur donner les clés pour y voir plus clair dans leur vie et leur avenir, alors qu'ils s'apprêtent à entrer dans l'âge adulte.

    Rémy GRANDROQUES - DEMD - FTV

    Cette bonne idée, qui permet d'explorer le paradoxe du héros, qui agit en mentor plein de sagesse auprès de ses élèves et les guide - sans pour autant leur donner toutes les réponses -, mais est incapable de mettre de l'ordre dans sa propre vie, est également la petite faiblesse de la série car les histoires personnelles des différents lycéens principaux sont assez inégales et ne suscitent pas toutes le même intérêt de la part du téléspectateur. Heureusement, cette bande de jeunes est remarquablement interprétée, et les prestations très justes d'Esther Valding, Bryan Tresor, Myra Tyliann, Grégoire Paturel, Victor Lefebvre, ou Emeline Faure, pour ne citer qu'eux, permettent de rendre crédible et attachant ce portrait d'une adolescence très actuelle, autant dans le parler des personnages que dans les problématiques, forcément identifiables pour le public, auxquelles ils sont confrontés. Un bon point qui continue d'emmener la représentation des ados à la télévision française dans la bonne direction, après la réussite Skam France et les efforts accomplis par les feuilletons quotidiens pour s'éloigner autant que possible des clichés.

    Mais c'est finalement dans la sphère intime de Rousseau que la série convainc le plus. Et se révèle particulièrement drôle et touchante, à l'image de son héros paumé, qui reste hanté par son passé, n'arrive pas s'engager avec les femmes, et tente comme il peut de se rattraper auprès de son fils, qu'il a délaissé des années durant avant de revenir dans sa vie lors du premier épisode. Charlie Dupont, encore peu connu du grand public, excelle dans le rôle, et ses échanges avec Anny Duperey sont des plus savoureux. Et méritent presque à eux seuls qu'on se laisse séduire par La Faute à Rousseau. Vue récemment dans Grand Hôtel sur TF1, celle qui a incarné durant 26 ans Catherine Beaumont dans Une Famille formidable semble prendre un plaisir fou à camper Eva Rousseau, un ancienne comédienne fantasque qui n'a aucun tabou, dit tout ce qu'elle pense, et fait preuve d'un rapport à la morale très flexible. Un duo que les téléspectateurs devraient très vite adopter, et auquel s'ajoute Louis Duneton, la véritable révélation de la série, que les fans de Plus belle la vie connaissent pour avoir interprété Valentin Nebout de 2012 à 2014, et qui se révèle ici criant de vérité dans la peau de Théo, le fils de Benjamin Rousseau, dont on suit les questionnements, les doutes, et la recherche d'identité tout au long de la première saison avec une émotion certaine.

    Avec sa famille "formidable" et ses ados plus vrais que nature, La Faute à Rousseau est un quasi sans faute, et s'impose sans mal comme l'une des plus belles séries proposées par France 2 ces dernières années. Qui prouve que les fictions familiales, moins nombreuses que les séries et unitaires policiers dans le paysage audiovisuel français, ont encore de beaux jours devant elles.

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