Après le pari l'an dernier des saisons 5 et 6 totalement originales, Skam France a fait son grand retour le 18 janvier sur France tv slash pour une septième saison qui pousse encore plus loin le challenge puisqu'elle est la première à ne pas être réalisée par David Hourregue, qui a laissé leur place à Shirley Monsarrat derrière la caméra. Tandis que Déborah Hassoun succède à Niels Rahou en tant que nouvelle directrice de collection. Un renouveau plus que payant puisque, sur la base des trois premiers épisodes complets mis à disposition de la presse, cette nouvelle salve est une vraie réussite, qui est parvenue à nous happer et à prendre tout le monde par surprise dès son teaser coup de poing mis en ligne le 9 janvier.
On y découvrait alors Tiffany (Lucie Fagedet), la lycéenne qui avait passé son année de seconde à harceler Lola (Flavie Delangle), prises de violentes douleurs au ventre dans les vestiaires, après une compétition de Gymnastique Rythmique. Une séquence choc, ultra efficace, qui marquait le début d'un bouleversement pour Tiff puisque, une fois arrivés sur place, le verdict des pompiers était sans appel : l'adolescente, héroïne surprise de la saison 7, était victime d’un déni de grossesse. Alors que la diffusion de Skam France se poursuit chaque jour en "temps réel" sur France tv slash et Youtube, avant un nouvel épisode intégral ce vendredi 5 février, Lucie Fagedet est revenue pour nous sur les défis de cette nouvelle saison et sur l'évolution de son personnage. Sans oublier de nous en dire plus sur les coulisses du tournage du teaser déjà inoubliable qui a lancé le destin inattendu de Tiffany.
AlloCiné : À quel moment avez-vous appris que la saison 7 serait centrée sur Tiffany ?
Lucie Fagedet : Je l’ai appris le premier jour du confinement de mars. La productrice de la série, Carole Della Valle, m’appelle et me dit "Le personnage de Tiffany va être développé. Elle sera le personnage principal de la saison 7". Et j’ai évidemment été très surprise car je ne m’y attendais pas du tout. Pour moi, Tiffany était un personnage de passage. Je pensais plutôt que la MIF serait au centre la saison 7, comme beaucoup de gens. Donc j’ai été la première surprise, mais c’est plutôt chouette d’être arrivé à créer cet effet de surprise auprès des fans de Skam France. Personne ne s’y attendait, ça a été une surprise pour tout le monde.
Au-delà de la surprise, avez-vous ressenti un peu de pression à l’idée de porter sur vos épaules une saison d’une série qui est un tel phénomène ?
J’ai surtout vu cela comme un challenge car c’était la première fois qu’on me confiait un premier rôle qui allait être de quasiment toutes les séquences. C’était davantage un challenge qu’une pression ou qu’une peur. Bien sûr, avant de débuter le tournage, j'ai eu un peu peur de mal faire. C'est normal, je pense. Mais lorsqu'on m'a annoncé la nouvelle, j'ai surtout pris ça comme un challenge que j’avais hâte de relever avec plaisir.
L’un des thèmes de cette saison 7 est le déni de grossesse. Comment vous êtes-vous préparée à jouer ce que vit Tiffany dans ces nouveaux épisodes ?
La directrice de collection, Déborah Hassoun, a écrit la saison en étant énormément documentée. Et moi, en parallèle, j’ai regardé des films, des témoignages, des reportages. J’ai écouté des podcasts aussi. Et on a beaucoup parlé Deborah et moi. Elle m’a expliqué tout ce qu’elle savait sur le sujet car elle avait rencontré des jeunes femmes qui avaient vécu un déni de grossesse. L’idée c’était surtout de me documenter au maximum pour être le plus proche possible de la réalité. C’est un sujet dont on parle peu, donc pour une des premières fois où on en parlait vraiment, on voulait refléter au mieux la réalité. J’espère que si des femmes qui ont vécu cela regardent la série, elles ne se sentiront pas trahies et pourront se dire "Ça se rapproche de ce que j’ai vécu moi".
Shirley Monsarrat, la réalisatrice, a laissé entendre que d’autres thématiques se cachaient dans la saison. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Pas grand-chose (rires). Il faut regarder la série, c’est trop tôt pour en dire plus. Je n’ai pas envie d’en dévoiler davantage sur l'intrigue car j’ai cru comprendre que les fans de Skam n’aiment pas être spoilés. Mais on va en savoir plus dans les semaines qui arrivent. À partir de l’épisode 3 il me semble.
On peut tout de même s'attendre, au moins, à ce que la relation compliquée entre Tiffany et ses parents, incarnés par Vahina Giocante et Alexis Loret, soit approfondie, non ?
Oui, on va comprendre comment Tiff a été conditionnée par ses parents à être toujours parfaite. Et ce que ça a engendré dans sa vie, en saison 6, et comment elle va s’émanciper de tout ça dans les épisodes à venir. Elle va découvrir des personnes, dont la MIF, avec qui elle peut vraiment être elle-même. Elle va beaucoup grandir au cours de cette saison 7.
Vous avez travaillé sur la saison 6 avec David Hourrègue. Et vous avez ensuite découvert une nouvelle réalisatrice, Shirley Monsarrat, sur la saison 7. Leurs méthodes de travail sont-elles très différentes ? Comment décririez-vous la patte de Shirley ?
Sur la saison 6 j’ai eu très peu de jours de tournage finalement. Mais je ne remercierai jamais assez David de m’avoir fait confiance, car en saison 7 Tiff prend une toute autre direction et une autre ampleur. C'est allé très vite mais ça s’est très bien passé avec lui. Et avec Shirley, un rapport de confiance et de bienveillance s’est tout de suite installé. Dès les répétitions qui ont débuté en août 2020, et ensuite durant tout le tournage jusqu’en décembre. Shirley vient de la pub et donc, dans sa manière de filmer, il y avait quelque chose de très pop, qui contrastait avec la thématique du déni de grossesse, qui est assez sombre. C’est ce qui est vraiment réussi dans cette saison 7 : arriver à jongler entre quelque chose de très joyeux, de très coloré, et quelque chose de plus sombre dans le propos.
C’était une vraie volonté de Shirley de revenir vers quelque chose de plus lumineux cette année, et ces scènes de comédie on les aura avec certains personnages. Et pour moi ça a été vraiment intéressant de jongler entre le drame et la comédie. Car le rythme de tournage de Skam France est intense, on tourne beaucoup de séquences par jour. Donc c’était un challenge en plus pour moi d’arriver à jongler entre le drame et la comédie au cours d'une même journée. Et j’ai beaucoup apprécié ces scènes plus légères, ces moments de respiration. Ça me permettait de souffler un peu entre deux scènes plus graves. Et il y a une séquence qui arrive, dans l’épisode 3, qui traduit bien cela, mais je n’ai pas envie de trop en dire, encore une fois.
Quel était pour vous le principal défi de cette saison 7 ? C’était d’essayer de rendre attachant un personnage détesté en saison 6 ?
Oui, le but c’était qu’on ait de l’empathie directement pour elle. Car Tiffany était un antagoniste en saison 6, que les gens n’avaient pas forcément envie de revoir. Il fallait donc qu’on ait un teaser qui "claque" pour vraiment arriver à faire en sorte que les gens l’aiment bien. C’était le challenge pour toute l’équipe et j’espère qu’on a réussi. Quand j’ai lu le scénario, à aucun moment je me suis dit "On voit la Tiff d’avant". On découvre une nouvelle Tiff. En fait, elle se découvre en même temps que les téléspectateurs la découvrent, et je trouve ça génial.
Vous évoquiez le fameux teaser qui a ouvert la saison 7. À quel moment cette séquence coup de poing a-t-elle été tournée ? Dès le premier jour de tournage de la saison ?
Non, on a tourné ça fin octobre, au tout début du deuxième confinement. C'était notre 15ème jour de tournage il me semble. On venait de terminer les scènes de lycée. Et ce jour-là, le matin, on a tourné la scène de l’épisode 1 durant laquelle Tiff et Jo (Louise Malek) font des abdos en cours d’EPS. Et l’après-midi on a tourné tout le teaser. On a eu beaucoup de chance car, pour les besoins de cette scène, on a eu 5 heures, alors qu’on sait que le rythme par journée est intense sur Skam France. Je pense que tout le monde a mis la barre très haut pour ce teaser. Sur les lumières, le maquillage, les costumes aussi, car j’avais un justaucorps sur mesure, qu’on avait fait faire tout spécialement. Et puis c’était un plan-séquence, donc techniquement c’était très compliqué pour tout le monde. Je me suis sentie obligée d’être vraiment bien et de donner le meilleur de moi-même, car tout le monde se cassait la tête pour faire quelque chose de génial avec ce teaser. Entre chaque prise, il fallait tout réinstaller, ça prenait 30 minutes à chaque fois. Donc je savais qu’il ne fallait pas que je me loupe, c'était assez stressant.
Diriez-vous que ça a été la scène de la saison 7 la plus dure à tourner ?
Oui, même si en lisant le scénario je n'en avais pas vraiment conscience. Mais la veille du tournage, j'ai commencé à stresser. J’y allais à reculons, j’avais très peur de tourner cette scène. C’est celle que j’appréhendais le plus car je n’ai jamais accouché. Mais je me suis éclatée à la tourner, je me suis fait confiance, et ça a payé. Et puis je savais que Shirley et les auteurs croyaient en moi. Si les scénaristes l’ont écrite c’est parce qu’ils savaient que j’étais capable de jouer cette séquence.
Cette nouvelle saison est également marquée par le retour surprise de Paul Scarfoglio dans le rôle de Basile, qui a redoublé sa terminale. Plutôt en retrait sur les deux premiers épisodes, va-t-il finir par interagir avec Tiff et avec la MIF ?
Je préfère ne rien dire pour ne pas spoiler. Mais c’est un rappel de l’ancienne génération qui veille sur la nouvelle génération, c'est important.
Dès le lancement de la saison à la mi-janvier, êtes-vous allée lire les commentaires sur les réseaux sociaux ?
Au début du tournage je m’étais dit que je n’allais pas regarder, mais ça a été plus fort que moi (rires). J’avais envie de savoir ce que les gens pensaient de cette saison. On étais tous curieux en fait, forcément. Donc on s’envoie de temps en temps des commentaires qu'on voit passer avec Shirley et d’autres personnes de l’équipe. Et pour l'instant les retours sont positifs, donc ça fait plaisir.
On vous verra prochainement dans un thriller pour TF1 avec Marine Delterme et Marc Lavoine. Que pouvez-vous dire sur ce téléfilm qui s'annonce très différent de Skam France ?
Ça s'intitule Loin de chez moi et c’est l’histoire d’une jeune fille au pair qui part à Amsterdam pour s’occuper des enfants d’un couple expatrié là-bas. Et ça vire au thriller psychologique car elle se rend peu à peu compte que la nounou qui a travaillé avant elle pour cette famille a disparu. Et elle va essayer de mener l’enquête. C’est très différent de Skam, on part sur quelque chose de plus sombre et d’assumé. On commence le tournage en février et ça va être, là encore, une aventure assez intense. Et l'été dernier j'ai aussi tourné Les Héritières, réalisé par Nolwenn Lemesle, pour Arte. Le film est prêt mais je ne sais pas quand il va être diffusé. Là, pour le coup, c’est un film très léger et j’ai pris beaucoup de plaisir sur ce tournage. Ça faisait du bien de tourner ça avant me lancer dans une aventure aussi intense que Skam France.
Propos recueillis par téléphone le 26 janvier 2021.