AlloCiné : Maintenant que l’arche "Home-jacking" de Demain nous appartient est terminée, nous pouvons enfin faire le bilan de cette intrigue riche en rebondissements pour Rémy. Saviez-vous dès le premier jour de tournage de cette arche comment tout cela allait se terminer pour votre personnage ?
Liam Baty : La production m’a prévenu bien avant, oui, car c’est un travail qu’on fait ensemble avec la production. Ils m’ont dit ce qui avait été écrit pour Rémy et m’ont demandé si j’avais envie d’y participer. Je l’ai donc découvert il y a quelques mois, début septembre. Et dès le début, l’intrigue m’a beaucoup plu dans le sens où, si on regarde bien, on peut faire le parallèle avec un Robin des bois des temps modernes. Je l’ai vraiment vu comme ça donc j’étais assez enjoué à l’idée de jouer cette intrigue.
On imagine que vous avez tout de même dû être un peu surpris par cette évolution réservée par les scénaristes à votre personnage, car Rémy est allé de plus en plus loin dans la manipulation. Arrivez-vous à comprendre ou à justifier ses actes ?
Est-ce qu’on ne peut pas tout justifier par amour (rires) ? Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour ? Certes, Rémy a choqué, il a brusqué, mais il n’a blessé personne. Et il s’en est pris à Victor Brunet, une personne riche, qu’on sait plutôt mal intentionné, car il trempe depuis le début dans des affaires assez troubles. Donc Rémy n’est pas allé brusquer quelqu’un qui était tout blanc. Après, bien sûr, il a choqué Timothée, il a choqué Lou, mais il ne les a pas blessés. Et finalement tout le monde s’en est bien tiré.
Mais arrivez-vous à comprendre que les facettes plus sombres, plus tordues de Rémy que l’on découvre depuis cet été puissent choquer le public de Demain nous appartient ?
Bien sûr, mais il faut qu’un personnage puisse grandir, s’étoffer, et se réinventer. Surtout dans une quotidienne. C’est important, pour qu’il ne reste pas lisse. Et je pense que la volonté des scénaristes c’était d’aller chercher du côté sombre de Rémy, qui était présent et rattaché aussi à son histoire personnelle, et à sa sœur, qui était très manipulatrice, voire même folle, tout simplement. Cet aspect-là de sa personnalité existait de par sa famille. Je comprends que ça puisse choquer les gens mais c’est nécessaire. Si Demain nous appartient racontait le quotidien d’une ville tranquille, peuplée de gens bien sous tous rapports, on s’ennuierait un peu et on ne boirait que des cocktails au Spoon (rires). Il faut que les téléspectateurs soient tenus en haleine et soient surpris par les différentes intrigues. C’est pour ça que tous les personnages ne sont pas toujours gentils. Mais même dans ce côté un peu noir, un peu négatif, il y a toujours du très bon. Rémy se rend compte de ses actes, il s’en excuse, et prend conscience de ce qu’il a fait.
Capture d'écran/TF1
On a presque l’impression que le plus surprenant dans tout ça c’est que Soraya lui ait pardonné si facilement…
On me l’a dit plusieurs fois, mais je ne trouve pas ça si surprenant que ça. Elle l’a quand même trompé, elle a fait le choix de changer de vie et de lui mentir. De le manipuler aussi. Car il est devenu manipulateur, certes, mais il a été manipulé avant, il faut le savoir. Donc je pense que c’était l’occasion de se racheter pour Soraya et que c’est pour ça qu’elle a pardonné si facilement. Je pense qu’elle savait qu’elle était allée trop loin. Et comme elle l’a blessé elle aussi, pardonner c’était un moyen de repartir à zéro et de reconstruire une vraie relation de couple.
En fin de compte, pour sauver Rémy et le faire sortir de prison, Soraya a fait chanter Brunet. Elle s’est sali les mains elle aussi, d’une certaine manière. Pour vous, tout ça, c’est la preuve ultime de l’amour que Rémy et Soraya se portent l’un l’autre, et de ce qu’ils sont prêts à faire pour l’autre ?
Exactement, je pense que c’est la synthèse de cette intrigue. Avec tout ce qu’elle entreprend, en lui pardonnant puis en faisant chanter Brunet pour le sauver à tout prix, Soraya donne une preuve d’amour ultime à Rémy. Quoi qu’ils aient pu ressentir, quoi qu’ils aient pu vivre, car cette dernière année a été riche en rebondissements pour cette famille, Rémy et Soraya s’aiment et ne peuvent pas faire autrement. C’est comme ça qu’ils perçoivent l’amour, qu’ils se pardonnent, et qu’ils se raccrochent à leur histoire afin de la faire durer éternellement.
Qu’est-ce qui vous a le plus plu en tant que comédien sur cette arche ?
Ce qui était le plus intéressant c’est de jouer quelqu’un d’"innocent" durant les trois quarts de l’intrigue. Les scénaristes ont vraiment bien écrit cette arche car, à chaque fois qu’on pensait Rémy coupable, ils arrivaient à faire surgir un autre élément ou un autre suspect pour que le public ait des doutes et que tout soit remis en question. Et le fait que Rémy soit impassible, qu’il se dise innocent, qu’il le pense fort, qu’il se dise que ce qu’il avait fait ce n’était pas mal car il voulait aider des gens, c’était génial à jouer pour moi. C’était très intéressant de le voir essayer de cacher son jeu durant tout ce temps.
C’est aussi une arche qui vous a donné l’occasion de jouer plusieurs scènes de confrontation assez intenses avec Farouk Bermouga, l'interprète de Victor Brunet…
Oui, c’était très sympa à jouer. Ça s’est fait assez naturellement, d’autant plus que j’avais déjà travaillé avec Farouk avant Demain nous appartient, donc on avait déjà un bon lien et une bonne mécanique. C’était assez drôle. Je trouve même qu’il y a eu un peu trop de confrontations (rires). Quatre, au final, si je ne dis pas de bêtises. Mais on a pris ça avec humour. Farouk joue un personnage qui est présent, qui est ancré, qui est puissant. Donc c’était intéressant pour moi de ne pas lui répondre sur la même force, mais de lui répondre sur un autre ton, dans une certaine provocation.
Capture d'écran/TF1
Pour éviter le procès qui l’attendait, Rémy a fui vers la Turquie avec l’aide de Soraya et de Brunet. Depuis, les fans se demandent ce qui va se passer après et si cela signifie que vous quittez la série pour de bon. Que pouvez-vous dire au sujet de votre avenir dans Demain nous appartient ?
Haha, c’est la grande question (rires). Aujourd’hui c’est encore très frais donc je ne sais pas exactement de quoi l’avenir sera fait. On a servi une histoire, on l’a amenée à son terme, et ça peut être un au revoir comme un adieu. Mais cette intrigue n’a pas été écrite dans le but de mettre un terme définitif au personnage, que ce soit de mon côté ou de celui de la production. Rien n’a été établi dans ce sens. Mais dans une quotidienne je pense qu’il est primordial qu’un personnage vive, qu’il puisse se régénérer. Je ne pense pas que ce soit bénéfique qu’un personnage soit là juste pour être là, sans n’être rien d’autre qu’une présence. C’est comme dans la vie, il faut savoir souffler et il faut savoir manquer. C’est parfois bien de manquer.
Et concernant ce départ, est-ce que je vais revenir ? Peut-être, peut-être. Il est certain qu’il existe plusieurs variables. Je peux être amené à avoir d’autres projets, ou avoir juste besoin d’une pause, mais ce qui est sûr c’est que si un retour doit se profiler, il se fera de manière à étonner tout le monde. Et pour ça je fais confiance à Vincent Meslet (le producteur de la série, ndlr), à Eric Fuhrer (le directeur de collection), et à leurs équipes. Mais rien n’est quantifié en termes de temps. Si Rémy doit revenir ça peut être dans un mois, dans un an. Il ne faut pas oublier qu’il y a déjà eu des pauses dans Demain nous appartient, pour Maud Baecker et Lorie Pester notamment, et ça n’a pas empêché leur retour. Mais même si rien n’est défini à l’heure actuelle, il y a évidemment une envie réciproque de retour, de ma part et de la part de la production. On est ensemble depuis le début, c’est une histoire de cœur. Mais pour l’instant, on ne sait pas, on verra.
Cette absence est-elle purement liée à l’écriture, à l’envie des auteurs ? Ou avez-vous demandé à ce qu’on vous libère du temps pour d’autres projets ?
C’est une absence qui servait l’histoire, oui. Mais après je vous avoue que ça me servait aussi car il y a d’autres projets qui arrivent pour moi, que ce soit en termes de théâtre ou d’écriture. Donc ça tombait bien, c’était complémentaire.
On sait que vous n’êtes pas dans la tête des auteurs, mais pensez-vous que Rémy pourrait être plus près de Sète qu’on ne le pense ? Qu’il n’est peut-être jamais parti en Turquie et qu’il ment à Soraya pour la protéger et faciliter leur séparation ?
Moi, si je veux vraiment être honnête avec vous, j’aimerais bien. Et j’ai même une petite idée d’où il pourrait être. Je n’en dirai pas plus, ce sera la surprise, car je veux en parler avec les auteurs. Mais je pense que vous êtes assez intelligent pour voir ce que je veux dire (rires).
Avez-vous des envies pour la suite, pour le retour de Rémy justement, en termes d’intrigues ou d’évolution ?
Peut-être qu’on creuse un peu plus son univers à lui, car il a beaucoup servi les histoires des Beddiar jusqu’à présent. C’était très intéressant d’être au sein de cette famille, mais il n’a jamais eu droit à son propre cocon. J’aimerais bien qu’on revienne sur son univers, sur sa sœur peut-être, sur ses parents qui sont morts lorsqu’il était tout jeune. Qu’on crée un peu plus de vie autour du personnage, en lien avec sa famille, son passé, ses envies, et tout ce qu’il souhaite faire ensuite. Il y a encore plein de choses à écrire sur son passé et c’est tant mieux. Les possibilités sont multiples. Et c’est sûrement cela qu’on approfondira si retour il doit y avoir.
Propos recueillis le 8 janvier 2021 par téléphone.
Le générique de Demain nous appartient :
