Une semaine après, les répercussions du séisme provoqué par la Warner continuent de se faire ressentir. Le 3 décembre dernier, le studio annonçait en effet que tous ses films de 2021 sortiraient simultanément dans les salles américaines et sur la plateforme HBO Max, ce qui n'a pas manqué de provoquer le colère de Christopher Nolan et James Gunn. Ou de la société Legendary Pictures, qui a participé au financement de Godzilla vs. Kong et Dune, et envisage une action en justice pour que la visibilité de leurs longs métrages ne soit pas atténuée par cette décision polémique.
Laquelle suscite bien évidemment des craintes à Hollywood, comme le précise le réalisateur et scénariste Aaron Sorkin : "Nous avons tous peur que les choses changent maintenant", explique le metteur en scène des Sept de Chicago, dans une discussion avec Patty Jenkins organisée par Variety. "Que les salles de cinéma deviennent comme des maisons d'art et que les films que nous ferons ne seront vus que sur des plateformes de streaming. Mais je pense que cela n'arrivera pas car rien n'est parvenu à remplacer l'expérience consistant à faire partie d'un public en l'espace de 4000 ans. Cette expérience partagée, où l'on est dans un cinéma alors que les lumières s'éteignent, où l'on rit, halète ou se tait au même moment, avant ce final où le film résonne en nous au même moment."
Alors que son homologue vient de signer un long métrage pour Netflix, Patty Jenkins est davantage concernée par le décision de la Warner. Car Wonder Woman 1984, qu'elle a réalisé et co-écrit, sera le premier opus du studio à sortir dans les salles et sur HBO Max, le 25 décembre. Et selon elle, la situation pourrait profiter à ceux qui choisissent d'aller dans une autre direction : "Lorsque tous les studios se mettent à rechercher la même chose, vous vous demandez pourquoi aucun d'entre eux ne cherche à se différencier", explique-t-elle. "Dans le cas présent, je pense que ce qu'il va se passer, c'est qu'un studio sera assez malin pour faire office d'anomalie vers qui les grands réalisateurs vont se tourner, et dont les cinémas vont favoriser les films. Car si, aujourd'hui, les studios se mettent à annoncer [qu'ils vont sortir les films en salles et en streaming le même jour], les metteurs en scène vont se tourner vers celui qui leur promettra de ne pas faire cela."
Des propos qui vont dans le sens de ceux de Christopher Nolan, ce que la réalisatrice confirme au micro de CNN : "Je suis d'accord avec Chris. Je ne pense pas que cela soit bon pour l'avenir du cinéma une fois le Covid passé. Le cas de [Wonder Woman 1984] a toutefois été différent. Cela s'est présenté autrement, dans la mesure où nous sommes face au pic de la pandémie, avec des gens qui souffrent et luttent, et que nous devions choisir entre mettre notre film de côté et attendre, ou le sortir. Dans le cas présent, et à ce moment précis, j'étais très excitée par cette idée. La raison principale pour laquelle je suis réalisatrice est d'essayer de partager cette expérience avec l'humanité et de vivre ce moment de communion où l'on partage quelque chose. Bien sûr, j'adore lorsque cela se produit dans une salle de cinéma, mais cette année je suis touchée et émue à l'idée que cela se fasse chez les gens qui ne peuvent pas se déplacer, et dans les salles pour ceux qui le peuvent."
"Il y a quelque chose de merveilleux dans le fait de se dire que c'est le moment de sortir le film, peu importe ce qu'il se passe à côté. Mais je suis du côté de Chris, et je vais immédiatement redevenir une partenaire de l'industrie cinématographique. C'est ce pour quoi je fais des films." Attendu le 25 décembre aux États-Unis, Wonder Woman 1984 devrait sortir le 16 dans les salles françaises. A moins que les prochaines annonces gouvernementales ne viennent remettre le retour de l'Amazone dans l'Hexagone en question.