De quoi ça parle ?
Catherine Borowiak, la cinquantaine, est directrice d’une agence de liberté conditionnelle. Alors qu’elle est en charge du dossier d'Hugo, un jeune homme de vingt ans récemment sorti de prison, elle laisse s’installer entre eux une relation à haut risque… Peu à peu consciente du péril que représente pour sa famille et son mariage sa passion dévastatrice pour ce jeune homme manipulateur et dangereux, elle va prendre tous les risques pour protéger sa maison, son mari et son fils de la menace qu’elle a fait entrer dans leur vie.
Mercredi 9 décembre à 21h05 sur France 2 et déjà disponible en ligne sur france.tv
C'est avec qui ?
Vue ces dernières années dans 24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi, Il a déjà tes yeux, Box 27, ou la série Paris etc., qu'elle a également réalisée, Zabou Breitman, qu'on ne présente plus, hérite ici du premier rôle tout en nuances de ce téléfilm réalisé par Christian Faure (La Promesse de l'eau, Le Rêve français). Face à elle, les fans de Skam France seront heureux de retrouver Maxence Danet-Fauvel dans la peau d'Hugo, un jeune homme pour le moins perturbé, à mille lieues du personnage d'Eliott. Mais aussi Lula Cotton-Frapier, la Daphné de Skam, qui interprète ici la soeur d'Hugo.
Félix Lefebvre, la révélation d'Eté 85, qu'on avait aperçu auparavant dans Le Châlet et Infidèle, et Yvon Back, actuellement au générique d'Un Si Grand Soleil sur France 2, campent quant à eux le fils et le mari de Catherine, l'héroïne. Tandis qu'Elise Tielrooy, bien connue des fans de Section de recherches, complète la distribution haut de gamme de cet unitaire.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Tourné fin 2018 et resté depuis dans les cartons de France 2, Le Diable au coeur, dont le titre renvoie évidemment au Diable au corps de Raymond Radiguet, marque le premier essai en tant que scénariste de l'écrivain Bernard Minier (Le Cercle, Une putain d'histoire), qui avait déjà vu son thriller Glacé être adapté en série par M6 en 2017. Fidèle à son goût pour les personnages complexes, souvent paumés et en marge de la société, le romancier, épaulé par sa co-scénariste Laura Muñoz, nous propulse alors dans un drame psychologique de plutôt bonne facture - dans sa première partie tout du moins - qui malgré une intrigue peu originale parvient rapidement à nous happer grâce aux prestations de ses deux comédiens principaux : Zabou Breitman et Maxence Danet-Fauvel. Ce dernier ayant d'ailleurs reçu le prix du Meilleur espoir masculin lors de l'édition 2020 du Festival de Luchon, ex-aequo avec son partenaire Félix Lefebvre.
Jouant beaucoup sur les regards et les silences, Christian Faure parvient à retranscrire avec un talent certain le tourbillon dans lequel Catherine, son héroïne perdue, se retrouve emportée. Et le désir totalement charnel et physique que fait naître en elle Hugo, jeune, beau, et torturé, alors qu'elle a la sensation que sa vie de couple ronronne et que les meilleures années de sa vie sont peut-être derrière elle. Mais l'emprise qu'Hugo semble avoir sur Catherine vire rapidement à l'obsession pour le jeune homme, qui va se faire de plus en plus insistant et va s'immiscer dans la vie de celle qui, à la base, devait simplement l'aider à trouver du travail. Une bascule attendue, puisque inhérente à ce genre de thrillers, qui fonctionne plutôt bien durant la première heure du téléfilm, à grand renfort de mensonges, d'angoisse, et de scènes de sexe qui perdent petit à petit en sensualité pour devenir brutes, désincarnées, et glauques. À l'image de la relation entre les deux héros, dont Catherine peine pourtant à se défaire.
Malheureusement, Le Diable au coeur vire au grand n'importe quoi dans sa dernière demi-heure. La faute à un rebondissement assez consternant, qui crée une sous-intrigue dont on se serait bien passée, qui semble avoir pour seul but de donner quelque chose à faire à des personnages périphériques jusqu'ici impuissants. Dès lors, le scénario perd toute finesse et entraîne même dans sa chute les comédiens, qui ont du mal à se démener avec ce qu'on leur donne à jouer. Jusqu'à un dénouement ridicule, dénué de réelle tension, qui ne prend même pas la peine de résoudre l'un des éléments principaux de l'intrigue. La preuve qu'un virage mal contrôlé peut avoir des conséquences désastreuses. Même dans un scénario.