Après avoir triomphé aux Oscars 2017 avec 3 statuettes pour Moonlight, dont celle du Meilleur film, Barry Jenkins a été choisi par Disney pour mettre en scène le préquel du Roi Lion. Le réalisateur américain de 41 ans passe donc du drame intimiste au blockbuster pur et dur ! Son dernier film, Si Beale Street pouvait parler, a permis à Regina King de remporter l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. C'est dire si ce cinéaste de films indépendants engagés semble très loin de l'univers de la firme aux grandes oreilles.
L'annonce de son engagement dans Le Roi Lion a été faite en septembre dernier. Pour l'occasion, Barry Jenkins déclarait qu'il avait grandi aux côtés de ces personnages. "D’avoir l’opportunité de travailler avec Disney pour prolonger cette magnifique histoire d’amitié, d’amour et d’héritage tout en continuant mon travail de chroniques de vies et d’âmes issues de la diaspora africaine est un rêve devenu réalité", confiait-il au Hollywood Reporter.
Récemment, dans une discussion avec Chloé Zhao dans Variety, le cinéaste est revenu plus longuement sur les raisons pour lesquelles il a accepté de diriger cette super-production : "Mes agents m’envoient beaucoup de scripts. Quand celui-ci est arrivé, super top secret, j’étais très sceptique. Comme vous, je me souviens de la sortie du Roi Lion. J’avais deux neveux, alors j’avais l’habitude de le regarder avec eux. Je l’avais vu littéralement des centaines de fois et j’avais ce lien fort avec lui ; pourtant j’étais sceptique parce que qui suis-je pour faire un film Le Roi Lion ?", s'interrogeait Barry Jenkins.
On peut comprendre la réticence du metteur en scène quand on regarde la façon dont l'industrie hollywoodienne a lissé le style de cinéastes comme Guy Ritchie, pas très inspiré dans son adaptation live d'Aladdin. "J’ai lu le script et au bout d’environ 40 pages, je me suis dit : ‘Putain de merde, c’est bien’. Et en continuant à lire, j’ai éloigné cette partie de mon esprit qui disait : ‘Oh, un cinéaste comme toi ne fait pas un film comme celui-ci’, et ça m’a permis d’arriver jusqu’à l’endroit où ces personnages, cette histoire, est incroyable."
Grisé par sa lecture du scénario écrit par Jeff Nathanson, Barry Jenkins en parle à James Laxton, son directeur de la photo, qui le pousse à franchir le pas : "James m'a dit : ‘Tu sais quoi ? Il y a quelque chose de vraiment intéressant dans ce mode de réalisation de films que nous n’avons pas fait et que peu de gens ont fait’. C’est à ce moment-là que je suis retourné voir ceux qui sont aux pouvoirs et j’ai dit : 'J’adorerais faire ça, mais je dois être capable de le faire à ma sauce’. Et ils ont dit oui !"
L'artiste a ensuite évoqué le cas de Chloé Zhao, également passée du cinéma indépendant à la mise en scène d'Eternals, blockbuster super-héroïque : "Sachant que Chloé Zhao était passée de l’un des plus beaux films du siècle avec The Rider à faire un film Marvel, je me suis dit : Oh, merde. Si elle peut le faire, je peux le faire", ajoute Jenkins. À noter que la cinéaste chinoise est la favorite des Oscars 2021 avec son Nomadland, Lion d'Or à la dernière Mostra de Venise.
Espérons que Barry Jenkins puisse réellement apporter sa touche personnelle à ce projet, qui devrait revenir sur les jeunes années de Mufasa et de son frère, Scar. Pour rappel, l'adaptation live de Jon Favreau avait explosé le box-office avec 1,6 millard de dollars de recettes mondiales. Toutefois, le film avait été décrié pour son côté "copier-coller" du dessin animé de 1994 et son aspect trop lisse, sans relief par rapport à son illustre aîné. Aucune date de sortie n'a été annoncée concernant le préquel mais on peut tabler sur 2022 au plus tôt.
Les gaffes et erreurs des Disney live (Le Roi Lion, Aladdin, Maléfique...)