Nouvelle polémique sur les plaines d'Hollywood. Trente ans après le film culte de Nicolas Roeg, le réalisateur Robert Zemeckis s'empare, à son tour, du roman jeunesse de Roald Dahl, Sacrées sorcières, pour livrer une nouvelle adaptation cinématographique du même nom. À l'écran, Anne Hathaway succède à Anjelica Huston sous les traits de la grande méchante, leadeuse d'un clan de sorcières qui envahissent un hôtel de vacances pour y trouver leurs prochaines proies.
Sorti le 22 octobre 2020 sur la plateforme américaine HBO Max, le long métrage a reçu un accueil pour le moins glacial de la part de personnes atteintes d'ectrodactylie. Cette maladie génétique, considérée comme rare, se manifeste par des malformations au niveau des mains et des pieds. Alors quel rapport avec Sacrées sorcières ? Dans le film, Anne Hathaway, affublée de tailleurs haute couture et de robes décalées, dissimule, sous une paire de gants, des mains qui ne comptent que trois doigts. Un détail visuel qui n'apparaît pas dans le livre original et dans la version cinéma de 1990. Au contraire, dans l'ouvrage de Roald Dahl, les gants servent à cacher "les griffes de chats" des sorcières.
Sur son compte Instagram, Shannong Crossland, une défenseuse des droits pour les personnes atteintes d'ectrodactylie fait part de sa colère : "Dans le remake de 2020, la sorcière est chauve et n'a que trois doigts... C'est une réalité humaine pour certains ! (...) Pour eux, le thème du film permet de valoriser les gens. Non. Ce n'est pas valorisant pour les personnes atteintes d'ectrodactylie, c'est plutôt le contraire. Diaboliser ces personnes n'est pas valorisant." Même indignation de la part de Amy Marren, deux fois championne paralympique de natation, elle-même concernée par cette maladie : "Oui, je suis consciente qu'il s'agit là d'un film et que ce sont des sorcières. Mais les sorcières sont habituellement des monstres. Ma crainte est que des enfants puissent voir ce film, sans savoir qu'il exagère l'ouvrage de Roald Dahl, et qu'ils comprennent que cette maladie doit faire peur."
De leur côté, le studio qui distribue le film, Warner Bros. Pictures, a d'ores et déjà publié un communiqué pour présenter leurs excuses : "Nous, les réalisateurs et Warner Bros. Pictures sommes affectés d'apprendre que notre représentation des personnages fictifs du film Sacrées sorcières ait pu offenser des personnes invalides. Nous regrettons tout préjudice. En adaptant l'histoire originale, nous avons travaillé avec des artistes qui ont proposé leur propre version des "griffes de chats" décrites dans le livre. Nous ne souhaitions pas que le public puisse penser que ces créatures inhumaines et fantastiques puissent les représenter. C'est un film sur le pouvoir de l'amitié et de la bonté. Notre volonté est que les familles et les enfants puissent apprécier le film et s'emparer de ces thèmes inspirants."
En France, Sacrées sorcières devait débarquer sur les écrans le 18 novembre prochain. Reconfinement oblige, le film de Robert Zemeckis est repoussé à une date encore indéfinie.
Découvrez la bande-annonce de "Sacrées sorcières" :