Dans El Embarcadero, vous retrouvez les deux créateurs de La Casa de Papel, Álex Pina et Esther Martínez Lobato, avec qui vous avez précédemment travaillé. Avez-vous collaboré différemment cette fois-ci ? Qu'est-ce qui était nouveau dans votre dynamique de travail ?
Álvaro Morte : C'était un projet totalement différent sur lequel Alex et Esther ont beaucoup travaillé. Ils ont essayé de raconter cette histoire d'une manière très innovante, et le personnage que j'y incarne est aussi très différent de ce que j'ai pu faire dans La Casa de Papel. Après avoir joué El Profesor, ils m'ont à nouveau fait confiance, et j'étais vraiment ravi de pouvoir travailler à nouveau avec eux.
Etait-ce une évidence pour les créateurs de vous proposer le rôle d'Oscar ?
C'est justement parce que le personnage d'Oscar était totalement nouveau pour moi qu'il m'a autant plu, même si je n'étais pas sûr d'être à nouveau à la hauteur des attentes d'Álex et Esther. Mais de la même manière qu'El Profesor, Oscar a une part sombre que nous allons découvrir au fur et à mesure, et ça m'a beaucoup plu. Je me suis alors prouvé que j'étais capable de jouer ce rôle, et c'était un véritable plaisir de le faire.
Qu'est-ce qui vous a plu dans ce personnage ?
Oscar est un personnage ambivalent, impossible à décrire. C'est un homme bien en apparence, mais qui est tombé amoureux d'une autre femme. Ça a été un vrai défi de traduire ce tourment émotionnel qu'il a vécu et qu'il a du cacher pendant huit ans, et de restituer cette vie intérieure qu'il a entretenu durant toutes ces années, et j'ai beaucoup aimé explorer ça.
La série est très intime et singulière par son sujet, et aussi profondément espagnole dans son ADN. Pensez-vous qu'elle puisse trouver son public à l'international, de la même manière que La Casa de Papel ?
J'aime à croire que oui, de la même manière que nous ne pouvions pas prédire le succès de La Casa de Papel en la faisant. Je pense que El Embarcadero possède tous les ingrédients pour plaire au public. Même si l'histoire de cet homme tiraillé entre deux femmes a déjà été racontée de nombreuses fois dans les fictions, elle est ici montrée d'une autre façon, à travers un changement de point de vue entre les protagonistes. Je pense que cette nouvelle perspective sera très intéressante pour le spectateur.
Comme vous le dites, l'infidélité et ses conséquences sur le couple ont nourri de nombreuses fictions. De quoi parle la série, au-delà de cette thématique ?
Pour être plus précis, le point de départ de l'histoire est la découverte de l'infidélité d'Oscar suite à sa disparition, qui est immédiatement étiqueté comme coupable aux yeux du spectateur. Mais la série prend ensuite un autre chemin en cherchant à comprendre ce qui peut faire basculer une personne au point de mentir à l'être aimé. Elle explore ce sentiment de culpabilité ressenti par Oscar alors qu'il entretient cette liaison. C'est cette histoire-là que nous avons essayé de raconter : que se passerait-il si l'on pouvait raconter l'histoire d'une infidélité sans chercher de coupable, mais en essayant de comprendre ce qui s'est passé ? Ce n'est pas simplement l'histoire d'un homme marié qui trompe sa femme et ne recherchant que du plaisir sexuel, c'est bien plus profond que ça.
La série parle finalement de polyamour.
Exactement ! Oscar aime sa femme Alejandra de tout son coeur, à aucun moment il ne cesse de l'aimer, mais il ressent la même chose pour Verónica, son amante, et c'est ce qui vient tout compliquer et rendre cette histoire passionnante. Je pense que la série a la capacité d'ouvrir un débat enrichissant à ce sujet.
Quels sont vos futurs projets, pour la télévision ou le cinéma ? Aimeriez-vous vous vous diriger vers une carrière internationale ?
J'ai plusieurs projets en cours, autant en Espagne qu'à l'étranger et pour le cinéma et la télévision. Ce qui m'intéresse par-dessus tout, c'est de choisir des personnages imprévisibles, qui me demandent de m'adapter en permanence et d'imaginer où je peux les emmener, plus que de l'envergure des productions qui se présentent à moi. Si les projets de cinéma sont souvent de meilleure facture visuelle que les séries, je ne fais aucune préférence entre les deux : c'est vraiment la singularité des personnages qu'on me propose qui me fait choisir.
El Embarcadero est diffusé à partir du 5 septembre à 21h sur TF1 Séries Films et disponible en intégralité sur SALTO
Propos recueillis le 17 janvier 2019