Le Jour viendra où... - Réalisé par Chris Morris
Disponible en VOD
Moses Al Shabaz est " le Sultan " de la ferme The Star of Six, un projet qu’il mène à Miami avec son épouse Venus. Avec son armée de quatre personnes, il désapprouve les armes à feu, combat le crime et rêve de renverser le gouvernement. Afin de sauver sa famille de l'expulsion, il décide d'accepter de l'argent d'un inconnu qui lui propose de financer sa " révolution ". C'était sans savoir que son bienfaiteur travaille pour le FBI qui prévoit de le transformer en criminel en alimentant ses rêves révolutionnaires les plus fous.
AlloCiné : Parlez-nous de la genèse de "Le Jour viendra où..." ?
Chris Morris (réalisateur) : L’idée de ce film m’est venue après avoir regardé une émission de télévision anglaise sur les divers raids organisés, plus ou moins "illégalement", par le FBI aux Etats-Unis. L’émission parlait d’une soit disante "armée" qui préparait une attaque contre les Etats Unis et comment le FBI allait la démanteler. Ce qui est amusant, c’est que quelques temps après je suis tombé sur un ami qui était impliqué dans le procés des personnes ayant fait partie de cette "armée". En fait c’était des pauvres âmes qui avaient voulu créer une vague de tsunamis pour submerger Chicago et mener une attaque à cheval sur la ville ! A peine croyable ! Il s'agissait de pauvres gens ayant perdu leur boulot dans la construction et qui étaient tombés sur un agent pourri du FBI qui les avait incité à mener une attaque sur le pays. Il leur a même proposé 50 000 dollars pour l’idée la plus folle possible. Et ces six personnes naïves ont fini leurs jours en prison, jugées pour terrorisme.
C'est une histoire assez incroyable, en effet...
Quand j’ai découvert le coeur de cette histoire, cela m’a tout de suite inspiré pour écrire un film qui montrerait comment il est tristement facile de manipuler les gens et la vérité. Pour moi, c’est fascinant de constater la différence entre la réalité et la fiction. Comment cette réalité est ensuite déformée à des fins
manipulatrices. Le pire, c’est qu’en menant quelques recherches, je me suis rendu compte qu’il y avait plus de 400 cas similaires de procés bidons menés par le FBI ces vingt dernières années ! J’ai pensé que c’était le moment de faire un film sur ce sujet et que cela reflétait bien la folle époque dans laquelle nous vivons. Et bien sûr, la raison pour laquelle personne ne se penche de plus près sur ces affaires suspectes, c’est que le FBI prend toujours pour cible des personnes pauvres issues, souvent, des minorités, sans ressources, presque sans abri et totalement désespérées. Il est donc facile de les pousser à l’erreur, de les arrêter et de les incarcérer. Au final, 99.9% des personnes finissent en prison et à vie.
Est-ce qu’un film comme celui-ci peut aider à solutionner le problème des abus du FBI ?
C’est bien la question que l’on peut se poser. Est-ce que le cinéma, en général, a un véritable impact sur les spectateurs. Au mieux, disons que cela ne peut qu’exposer les abus par telle ou telle agence gouvernementale et ouvrir les yeux du public. Ce qui est certain, c’est que cela ne peut laisser personne
indifférent. Dans tous les cas, je dois me battre pour que la vérité soit exposée et que la vraie justice soit rendue.
Parlez-nous du choix de vos acteurs...
Ce n’est jamais une chose simple et il faut savoir se donner le temps pour trouver le meilleur casting possible. Ainsi, j’ai vu des tonnes d’acteurs pour jouer le rôle de Moses mais c’est finalement Marchant Davis qui s’est imposé. Dès la première lecture d’une scène où Moses se fait interroger par le FBI, j’ai compris que ce serait lui mon acteur pour ce film. Même situation pour signer Anna Kendrick qui joue Kendra Glack. A l’issue de notre première rencontre, j’étais convaincu qu’elle serait parfaite. Danielle Brooks que j’avais vue dans Orange is the new black était tout ce que je voulais pour jouer Venus. Donc, au final, j’ai eu beaucoup de chance de trouver la bonne combinaison d’acteurs.
Avez-vous dû surmonter certaines difficultés pour monter le film ?
Bien sûr, le premier défi a été de trouver le financement car ce je voulais rester le plus indépendant possible et sans l’interférence d’un studio. Ensuite, chaque jour apporte son lot de défis. Mais, en avançant lentement mais sûrement, on arrive toujours à bon port. Nous avons tourné le film en République Dominicaine, ce qui a rendu les choses flexibles avec l’équipe de travail mais ça n'a pas toujours été simple au niveau des décors pour simuler Miami, où l’action est censée se dérouler. Et puis nous avons dû tourner dans le secret car nous ne voulions pas éveiller les soupçons du FBI. C’est toujours délicat de tourner un film qui dénonce certains abus. Il y a toujours le risque de se retrouver poursuivi ou d’être obligé d’arrêter le
tournage.
Est-ce que le FBI a vu votre film depuis ?
Certain agents qui ont travaillé avec nous comme consultants ont aimé le résultat. Je crois que l’on n’aura
aucun soucis de la part du FBI, car nous n’avons rien exagéré ni exposé un véritable dossier du Bureau. Et puis il y a tellement de membres du FBI qui sont contre les abus de leur propre agence que cela nous protége quelque part. Je pense, également, que le FBI a de plus gros poissons à chasser que nous et notre film.
Est-ce que la pandémie change la manière de sortir votre film ?
Il faut savoir s’adapter dans la mesure où certains cinémas seront fermés et que, de toute façon, dans la plupart des pays le film sort en VOD. Mais ce n’est pas grave, car mon film est visible aussi bien sur un petit écran que sur un grand.