En cette journée internationale du baiser, focus sur les mesures envisagées par le Comité Central d’Hygiène et de Sécurité et des Conditions de travail (CCHSCT) pour la production cinématographique et audiovisuelle en matière d'intimité sur les tournages.
Ce qui suit est extrait du Guide des préconisations de sécurité sanitaire pour les activités de la production audiovisuelle cinématographique et publicitaire et n'a aucune valeur coercitive. Il énumère des solutions possibles que chaque tournage doit décider d'adopter ou non. On trouve ainsi à propos des scènes d'intimité, dont font partie les baisers, les recommandations suivantes :
- Adaptation des certaines scènes prévues au scénario ou dans la narration (réécriture du scénario, changement de plan, utilisation d’inserts numériques, etc.).
- Port d’un masque par les artistes, mannequins ou cascadeurs, et, de toutes les façons, par tous les membres de l’équipe en proximité.
- Sur la base du volontariat, mise en place de tests et/ou la prise de température (...).
- Sur la base du volontariat, mise en place de périodes de quarantaine dont les modalités (rémunération, mesures d’isolement à respecter…) seront fixées dans le contrat de travail, ou dans un avenant à celui-ci si la quarantaine est envisagée postérieurement à la conclusion du contrat.
- Dans les limites du plan de travail, report du tournage d’une (ou des) scène(s) dans le respect des recommandations sanitaires nationales à un moment où le risque sanitaire sera réduit.
- Ou toute autre mesure de prévention visant à limiter le risque COVID-19 prise dans le respect des recommandations sanitaires.
Interrogé par AlloCiné en mai dernier, le comédien Antoine Reinartz, vu récemment dans La Vie scolaire expliquait :
"Ne plus représenter le contact, c’est impossible. De ne pas pouvoir jouer ça, ça me paraît inconcevable. Même un film sur le confinement devra le montrer. Montrer les moments de contact ou de retrouvailles avec quelqu'un. Quand on n'a pas vu quelqu'un pendant 6 semaines, le contact devient extrêmement intense. C'est quelque chose de très bête, mais en terme de maquillage et de coiffure - par pour des questions esthétiques -, cela pose une question de raccords... Une prise sur deux, on a les traces de masque, et les cheveux qui ne sont pas pareils !"
"Peut-être qu'on va éviter de s'embrasser, mais de se tenir à distance, honnêtement, ça va tenir deux jours, estime Djanis Bouzyani, acteur de Tu mérites un amour, sorti l'an dernier. Après les gens vont zapper. De tourner en pensant à ça, ça n'est plus naturel. Sauf si c'est intégré dans le scénario et que c'est une comédie. Mais on en fera combien des comédies comme ça ? A un moment, ça va être saoulant !"
Dans un reportage de nos confrères de Canal+, on découvre la reprise du tournage de Viens je t'emmène, le prochain film d'Alain Guiraudie. Ce dernier confirme au micro qu'il est soulagé que les scènes intimes de son nouveau long métrage aient été tournées avant le confinement, car "ce serait très dur de tourner des scènes sensuelles et sexuelles, peut-être qu'on a une forme de censure et même d''auto-censure qui nous attend là-dessus. (...) On peut faire des films très sensuels sans qu'on soit toujours en train de se toucher. Toutes les censures arrivent à être détournées.
Le 12 juin dernier, l'actrice Marina Foïs était plutôt contre l'idée de se faire dicter la façon de tourner : "Donc les assurances vont avoir un avis sur comment on fabrique un film. [...] Ils disent de ne pas embrasser, c'est le maximum, mais c'est aussi une distance de sécurité, dénonce Marina Foïs. Mais ça ne marchera pas. Très concrètement on va répéter une scène en me disant "Tu ne dois pas t'approcher de plus de 1,5 mètre de Valeria Bruni Tedeschi" avec qui je vais tourner à la rentrée. Si je veux bien jouer il faut que j'abandonne quelque chose et que je laisse se passer ce qui se passe. Donc je ne le respecterai pas."
Le Ministre de la culture Franck Riester avait assuré quelques jours auparavant sur RTL (via Le Monde) que le baiser de cinéma n'était "pas fini". L'aide financière supplémentaire (50 millions d'euros) récemment débloquée pour les tournages de films et de séries va permettre d'aider les tournages jadis paralysés car non assurés contre les risques du COVID-19. Concrètement, ils pourront reprendre plus sereinement, avec une somme d’assurance destinée à compenser les éventuels arrêts de production pour cause de pandémie. C'est d'ailleurs le cas : à l'heure de ces lignes un grand nombre de tournages ont repris dans l'Hexagone.
Marina Foïs était à notre micro pour soutenir la réouverture des salles de cinéma :