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    Demain nous appartient : "Après son agression, Morgane va être victime de transphobie" confie Marie Catrix
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    Après Amanda et Marianne, Morgane est la troisième victime du prédateur dans "Demain nous appartient". Marie Catrix, son interprète, nous a parlé de cette intrigue choc, des conséquences de cette agression sur Morgane, et de la réaction de Gabriel.

    Capture d'écran/TF1

    AlloCiné : Quelle a été votre réaction lorsque la production et les auteurs de Demain nous appartient vous ont appris ce qui allait arriver à Morgane dans cette nouvelle arche "Prédateur" ?

    Marie Catrix : J’étais contente que la série s'attaque à un tel sujet car à une époque j’avais déjà évoqué l’agression avec la production, mais plutôt en lien avec la transphobie, parce que malheureusement ce genre d’agressions touche régulièrement la communauté transgenre. Mais je trouve le sujet du viol également très fort et j’étais ravie de faire partie du trio féminin de cette nouvelle arche. Et en plus l’intrigue est vraiment bien écrite, donc j’étais d’autant plus contente. Tout est bien amené pour chaque personnage, il y a vraiment une destruction, et une reconstruction ou non, ça je ne peux pas trop en parler, qui sont vraiment très intéressantes pour Amanda, Marianne, et Morgane, chacune à leur manière.

    Vous êtes arrivée dans la série début 2019 avec une intrigue très forte, centrée sur la transidentité de Morgane et son histoire d’amour avec Sandrine. Et votre personnage se retrouve dès cette semaine au cœur de l’intrigue "Prédateur" avec Amanda et Marianne. On imagine que pour un comédien c’est gratifiant de se dire qu’on joue dans une série qui participe à sensibiliser le grand public à des sujets aussi forts et importants que la transidentité, la transphobie, ou les violences faites aux femmes ?

    Complètement. Mardi, lorsque je tournais pour la première fois à la Paillotte, j’ai rencontré un petit groupe de fans. On a fait des photos, on a échangé un peu, et au bout d’un moment un monsieur s’écarte et me dit "Vraiment bravo pour votre rôle. Il n’est pas facile et vous le portez super bien". Et évidemment c’est surtout aux auteurs que le bravo revient, car ils m’ont donné de très belles choses à jouer, mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de gens qui m’ont dit que mon personnage et la série les avaient aidés, notamment à travers le couple homosexuel de Sandrine et de Morgane. Ça les a aidés à se dévoiler, à assumer. Et les retours que j’ai eu sur Morgane ont toujours été très positifs. On me dit beaucoup que c’est un personnage fort, et c’est toujours plaisant d’avoir plus de compliments que de mauvais retours. Je crois que les téléspectateurs sont plutôt contents qu’on puisse parler de tout un tas de sujets de société dans Demain nous appartient, et notamment de la transidentité. Donc je suis ravie de porter un tel personnage dans la série.

    Morgane est la troisième cible du violeur qui sévit à Sète. Mais contrairement à Amanda et Marianne, elle ne va pas se faire violer puisqu'elle va parvenir à se débatttre et faire fuir son agresseur. Qu’est-ce que vous pouvez dire sur les conséquences que cela va entraîner sur votre personnage dans les épisodes à venir ?

    Les conséquences ne sont pas les mêmes que pour Marianne et Amanda, qui se sentent toutes les deux humiliées. Il y a une grosse fêlure qui s’est créée chez Marianne. Jeudi on l’a vue regarder la mer, avec cette pensée de vouloir se suicider. Et c’est pareil pour Amanda, qui est profondément marquée, qui ne mange plus. Alors que pour Morgane, qui a eu le courage et la force de se battre, en partie parce qu'elle savait que sa compagne n’était pas très loin, les conséquences sont différentes. Bien sûr elle s’est fait agresser et ça fait peur, forcément. Mais il n’y a pas ce côté où elle se sent humiliée. Ça viendra peut-être après. Mais il n’y a pas eu viol, il n’y a pas eu pénétration. Et Morgane va être très entourée dans les prochains épisodes. Cet événement va réunir la famille, et on va voir les liens qui se renforcent. Mais je crois que la grosse différence c’est vraiment que Morgane ne se sent pas détruite. Et c’est un personnage qui va se révéler fort dans l’alliance car elle va apporter de la force au trio.

    Capture d'écran/TF1

    Lorsqu'Amanda apprend ce qui est arrivé à Morgane et comprend qu'elle a réussi à se débattre et à réagir, contrairement à elle, une distance semble se créer entre les deux personnages. Vont-elles quand même arriver à faire front toutes les trois, avec Marianne, afin de s'assurer que justice soit faite ?

    À un moment donné, Amanda va culpabiliser en se disant "Si, c’était possible, il y en a une qui a réussi à se débattre". Mais Morgane va essayer de lui faire comprendre que Sandrine n’était pas loin et que les circonstances n’étaient pas les mêmes. Dès le moment où la coupure de courant survient, parce qu’elle sait qu’il y a un violeur qui rode à Sète et parce qu’elle connaît son mode opératoire, Morgane réalise ce qui va se passer. Et une sorte de mécanisme d’autodéfense s’active en elle. L’état de sidération qu’Amanda et Marianne ont subi s’est traduit différemment chez Morgane parce que, d’une certaine manière, elle était déjà en alerte. Mais elles ont toutes les trois été victimes du même agresseur donc il y a forcément une alliance qui va se créer.

    Pour Morgane, cette intrigue a également une autre dimension puisque cette agression va faire ressurgir des comportement abjects au lycée…

    Oui, c’est pour ça que je parlais d’humiliation pour Morgane aussi. Après son agression, Morgane va être victime d'homophobie et de transphobie. Des comportements transphobes vont ressurgir parce qu’on va dire d'elle "Elle est arrivée à se défendre parce que c’était un homme avant". Alors qu’au fond, bien sûr, ce n’est pas ce qui s'est passé. C’était juste une réaction d’instinct, parce qu’elle savait que Sandrine n’allait pas tarder à rentrer. Une femme peut heureusement avoir ce genre de réactions, et il y a au contraire des hommes qui seraient incapables de réagir face à une telle situation.

    Un autre élément important de cette intrigue est la réaction de Gabriel. Les tensions entre Morgane et son fils s’étaient déjà apaisées depuis plusieurs mois, mais cette intrigue va lui permettre de faire encore un pas supplémentaire vers elle. Il est très touché par l'agression qu'a subi Morgane. Vous êtes heureuse que les auteurs abordent à nouveau cette relation très complexe ?

    Oui, c’est pour ça que je disais que Morgane allait être très entourée. Cette agression va fortifier les choses au sein de la famille Guého-Lazzari, et faire évoluer encore ses rapports avec son fils, Gabriel. Tout à coup c’est le fils qui a envie de protéger sa mère. On a eu de très belles scènes Arthur Legrand et moi. J’ai adoré tourner cette arche car ça touchait énormément de choses. Le viol évidemment, mais aussi ce qui se passe autour et ce qui se passe après. La réunification pour Morgane, la reconstruction pour les autres. Car il y a de chouettes choses qui vont aussi arriver pour Amanda et Marianne. Et pour Morgane, il y a ce rapprochement, ce joli moment avec son fils. Mais est-ce que ça va durer (rires) ? Après il y a d’autres sujets à confrontation qui vont évidemment fleurir, sinon ce n’est pas drôle.

    Capture d'écran/TF1

    Vous aviez principalement tourné avec Juliette Tresanini, Arthur Legrand, et Théo Cosset jusqu’à présent. Vous étiez heureuse de pouvoir enfin tourner avec Marion Christmann et Luce Mouchel grâce à cette nouvelle arche narrative ?

    Oui, avec Marion on se connaissait d’avant la série, donc on était ravies de tourner ensemble, même si les choses qu’on avait à jouer n’étaient pas très gaies. Et Luce c’était un peu bonheur de tourner avec elle aussi. Et puis j’ai eu quelques scènes aussi avec Franck Monsigny notamment. Donc c’est vrai que cette arche m’a permis de sortir du lycée et de l’appartement.

    Est-ce qu’il y a d’autres comédiens avec qui vous aimeriez tourner bientôt ? Des personnages que vous aimeriez voir interagir avec Morgane ?

    Oui, bien sûr. Au lycée j’ai quand même la chance de tourner avec certains jeunes. J’ai eu des scènes avec les personnages de Charlie (Clémence Lassalas) et de Luke (Martin Daquin) récemment, et c’était chouette car je les aime beaucoup personnellement. Et avec Luke il pouvait y avoir quelque chose de plus psychologique de l’ordre de "Allez, tu vas t’en sortir, si tu veux être bien dans ta tête et dans ton corps il faut te bouger". Quelque chose d’un peu "coach", d’un peu boostant qui était très sympa à jouer. Après au lycée j’ai également eu quelques scènes avec Ingrid Chauvin, avec Frédéric Diefenthal, mais c’est vrai que je n’ai encore jamais tourné avec Alexandre Brasseur par exemple. Ou même avec certains comédiens qui évoluent surtout dans le décor de l’hôpital. Je n’ai pas d’envies particulières car je trouve chouette de pouvoir tourner avec tout le monde. Il y a une super ambiance. À mon arivée sur la série, j’ai eu un accueil extraordinaire, donc c’est un gros plus, il faut bien le dire.

    En dehors de l'acceptation difficile de sa transidentité par Gabriel, le passé de Morgane n'a jamais vraiment été abordé. Est-ce que vous avez envie que les auteurs s'y intéressent prochainement, peut-être en revenant notamment sur les réactions de ses proches à sa transition ?

    Oui, j’aimerais beaucoup. On en a discuté en rigolant avec Linda Hardy car on s’est retrouvées à voir des photos de nous un peu ressemblantes et on se disait "Tiens, est-ce que Clémentine ne serait pas sa sœur cachée ?". Mais il ne faut pas que je dise ça, sinon je spoile tout si un jour les auteurs finissent par écrire ce rebondissement (rires). C’est vrai qu’on n’a pas du tout évoqué le passé de Morgane et ça pourrait être très intéressant. Est-ce qu’elle a des frères et sœurs ? Comment est-ce que ses parents ont vécu sa transition ? J’aimerais beaucoup qu’on voit comment ça s’est passé avec ses parents, car on sait que dans certaines familles l’acceptation est très difficile.

    Fabien Malot/Telsete/TF1

    Y a-t-il une séquence que vous retenez en particulier depuis votre arrivée dans la série ?

    J’en ai une en tête. Quand je suis arrivée sur la série, c’est Christophe Barraud qui réalisait et ma toute première séquence, qui correspondait du coup à ma rencontre avec Juliette sur le plateau, c’était le premier baiser de Morgane et de Sandrine. Donc je garde un souvenir assez dingue de cette scène. C’était vraiment chouette d’arriver et de rencontrer Juliette qui venait de manger un sandwich au fromage et qui me rassurait en me disant "Ne t’inquiète pas, je vais aller me brosser les dents" (rires). C’était assez drôle et en même temps très romantique car Christophe Barraud nous avait mis des petites lumières et une musique d’ambiance d’Amélie Poulain pour nous donner le rythme. C’était assez magique. C’est vraiment une scène que je retiens tout particulièrement. Mais j’ai eu plein de très belles scènes à jouer. Là, récemment, j’ai partagé une très jolie séquence avec Arthur Legrand, où justement pour une fois Gabriel dit "Je t’aime" à Morgane. C’était assez fort.

    Vous avez récemment fait votre entrée dans le générique de Demain nous appartient. Même si c’est un peu anecdotique, parce que tous les comédiens récurrents sont importants, qu'ils soient dans le générique ou non, ça doit tout de même être une belle preuve de reconnaissance de la part de la production et de TF1, non ?

    C’est vrai que j’ai pas mal d’amis qui me disent "Oh c’est sympa que tu sois au générique maintenant". Et en fait, honnêtement, je trouvais que c’était surtout important et légitime pour Juliette Tresanini, qui est dans la série depuis le début. Et quand j’ai appris ça j’étais tellement contente pour elle. Et maintenant quand je vois le générique je suis aussi hyper heureuse d'en faire partie. Donc un grand merci à TF1, à Vincent Meslet, notre producteur. Car oui, c’est gratifiant et, qui sait, ça pourra peut-être m’ouvrir d’autres portes. Et puis c’est plutôt chouette que ça tourne au niveau du générique. La famille Moreno a aussi fait son entrée dans le générique et je trouve ça super.

    Avez-vous des projets à venir, en dehors de la série, dont vous pouvez nous parler ?

    Pour l’instant ça reste à l’état de projet mais j’ai une envie profonde pour un projet qui me tient énormément à cœur à cause de son sujet et de celle qui en est à l'initiative. Ce serait pour le coup le rôle d’une flic, dans une série pour TF1 autour de la protection de la famille, de la brigade des mineurs. Agnès Naudin a écrit deux superbes livres sur des affaires qu’elle a traitées tout en parlant de sa vie de mère célibataire. Il y a beaucoup d’histoires très dures, de femmes violentées par leurs maris, de bébés secoués. Et ça me touche beaucoup. À mon niveau je ne peux rien faire pour aider les gens qui traversent de telles épreuves, mais si je peux parler de ces sujets-là en les interprétant à l’écran ce serait super. Je pense que beaucoup de gens connaissent mon envie mais pour l’instant il n’y a pas encore eu de casting de fait. Donc en attendant je suis toujours focus sur Demain nous appartient, et je suis ravie car il y a vraiment de belles choses qui se font sur TF1, avec qui j’avais déjà collaboré auparavant sur Léo Mattei et Insoupçonnable.

    Propos recueillis par téléphone le 26 juin 2020.

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