DE QUOI ÇA PARLAIT ?
Difficile de faire plus simple que ce synopsis : inspiré des romans homonymes d'Erle Stanley Gardner, soient 82 ouvrages publiés entre 1933 et 1973 (dont deux à titre posthume, l'auteur étant décédé en 1970), le show se focalise sur Perry Mason, redoutable avocat de la défense pénale, et les cas particulièrement difficiles auxquels il s'attaque pour faire triompher la justice. Avec une intrigue différente par épisode, il s'agit d'une série procédurale. Sur le fond comme sur la forme.
ÇA A DURÉ COMBIEN DE TEMPS ?
Lancée le 21 septembre 1957 sur CBS, aux États-Unis (et pendant les années 60 en France, via Télé Monte Carlo), Perry Mason s'achève le 22 mai 1966, après 9 saisons et 271 épisodes en noir et blanc (sauf un, le 21 de la neuvième et dernière saison) d'une durée de 52 minutes chacun. Regarder l'intégralité de la série demanderait donc pas loin de 10 jours. Voire plus, car le héros a fait son retour entre le 1er décembre 1985 et le 10 mai 1995 dans une suite en couleurs composée de 30 téléfilms de 90 minutes chacun, répartis sur 10 saisons.
Entre ces deux moutures, CBS a tenté un reboot, The New Perry Mason, qui n'a duré qu'une seule saison et 15 épisodes, entre 1973 et 1974. Avec un autre acteur principal, Monte Markham en l'occurrence, ce qui explique en partie son échec.
Le générique de la série :
C'ÉTAIT AVEC QUI ?
On l'a vu en méchant chez Alfred Hitchcock, grâce à Fenêtre sur cour, dans les scènes ajoutées pour la version américaine du Godzilla original, ou encore dans Y a-t-il enfin un pilote dans l'avion ?, où il s'auto-parodiait. Mais c'est à la télévision que l'imposant Raymond Burr a tenu ses rôles les plus marquants : la série policière L'Homme de Fer (1967 - 1975), qui préfigure son destin tragique, car le héros est cloué dans un fauteuil roulant comme le sera l'acteur américain pendant les dernières années de sa vie, à cause d'un cancer ; et, donc, Perry Mason, qu'il incarne pendant un peu moins de 300 épisodes, entre 1957 et 1993, année de sa mort. Paul Sorvino puis Hal Holbrook prendront sa relève pour les quatre téléfilms restants jusqu'en 1995, mais en incarnant d'autres personnages.
Aux côtés de Raymond Burr, seuls deux acteurs participent à l'intégralité de la série : Barbara Hale et William Hopper, qui incarnent respectivement Della Street et Paul Drake. Soient la secrétaire de Perry Mason, et un détective privé qui épaule l'avocat dans les cas auxquels ce dernier est confronté. La comédienne a fait son retour dans la suite du show, entre 1985 et 1995, mais pas son partenaire, décédé en 1970. Il y a été remplacé par William Katt, qui interprétait le fils de Paul Drake.
Tout au long de ses 9 saisons, la première version a vu passer quelques visages connus (qui ne l'étaient alors pas vraiment) tels ceux de Robert Redford, Leonard Nimoy et son futur partenaire de Star Trek George Takei, Burt Reynolds ou encore Adam West, futur Batman de la série du même nom. Et notons, parmi la liste des réalisateurs, la présence de Ted Post (Magnum Force) et Arthur Hiller, futur metteur en scène du déchirant Love Story.
POURQUOI UN TEL SUCCES ?
Malgré ses 100 millions de livres vendus dans le monde, Erle Stanley Gardner n'a pas connu que des expériences heureuses avec les adaptations, comme le prouve le ratage des six longs métrages produits pendant les années 30 (avec Warren William, puis Ricardo Cortez et enfin Donald Woods dans le rôle principal). Il se tourne alors vers la radio en 1943, et entame une belle collaboration avec CBS, qui lui fait une nouvelle proposition audiovisuelle en 1955. Refroidi par ce qu'il s'était produit quelques décennies plus tôt, l'auteur accepte mais fonde sa propre boîte de production (Paisano Productions) pour garder le contrôle sur son bébé et fait appel à deux amis, dont Gail Patrick Jackson, ancienne étudiante en droit, qui devient l'une des premières productrices de l'Histoire de la télévision.
Pendant la phase de casting, elle et son mari d'alors, Cornwell Jackson, s'opposent à Erle Stanley Gardner, qui a jeté son dévolu sur Raymond Burr. Il finit par obtenir gain de cause et l'avenir lui donne raison : non content de coller avec la description du personnage dans les romans, où l'avocat est un homme aux épaules larges et au regard intense, le comédien sera pour beaucoup dans le succès de Perry Mason. Car la série repose presque moins sur les intrigues et leur suspense que sur l'abattage de son interprète principale et les joutes verbales dans lesquelles il se lance en restant sans cesse captivant. Et ce quand bien même les scénarios, écrits avec la participation d'un véritable avocat, Ben Brady, étaient tirés par les cheveux, ce que le comédien n'a pas manqué de souligner plusieurs fois en coulisses, en vue d'améliorer le show.
Vivement critiquée par les avocats, qui la jugeaient peu réaliste et dont ils pointaient du doigt l'influence négative sur les jurés des vrais procès de l'époque, Perry Mason doit moins son succès à son côté documentaire et à la véracité de ce qu'il raconte mais à sa façon de faire, avec une efficacité amplifiée par le charisme de son acteur principal, qui a permis à la série de devenir l'un des hits de CBS. A tel point que la chaîne américaine en a régulièrement changé le jour de diffusion, pour faire face à la concurrence, ce qui a fini par impacter les audiences et lui nuire. Et ce n'est pas de son côté, mais sur HBO que le reboot porté par Matthew Rhys (The Americans) débarque en ce mois de juin 2020. Avec une autre approche puisque nous revenons sur les débuts du personnage, lorsque celui-ci est détective privé dans le Los Angeles de 1932.
Crée par Ron Fitzgerald et Rolin Jones, la première saison se compose de huit épisodes, et les personnages de Della Street et Paul Drake sont bien là, respectivement incarnés par Juliet Rylance (The Knick) et Chris Chalk (Dans leur regard), aux cotés d'acteurs tels que Tatiana Maslany (Orphan Black) ou encore John Lithgow (Dexter). Pour le reste, rendez-vous sur OCS, qui diffuse le show en US+24.