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YEARS AND YEARS (2019)
Tout au long de son mandat de showrunner de Doctor Who, dont il a initié le reboot en 2005, Russell T. Davies n'a eu de cesse de voyager dans le temps, et nous avec. Dans les six épisodes de Years and Years, il se focalise uniquement sur le futur proche avec un récit qui couvre quinze années de la vie d'une famille anglaise, alors que leur pays quitte l'Europe et qu'une figure politique controversée gravit les échelons pendant que le chaos s'empare du monde. Le scénariste n'avait certes pas prédit la pandémie de 2020, mais les événements qui se déroulent sous nos yeux font froid dans le dos tant ils paraissent plausibles. Diffusé l'an dernier en Grande-Bretagne, le show paraît encore d'actualité mais ne perdra pas de sa valeur au fil des ans, puisque l'anticipation reste finalement secondaire par rapport au côté humain, incarné par des acteurs impeccables, de Rory Kinnear à Russell Tovey, en passant par Anne Reid. Sans oublier l'excellente Emma Thompson, dans la peau de l'ambigüe Vivienne Rook.
DEVS (2020)
Dès son premier long métrage en tant que réalisateur, Ex Machina, le scénariste Alex Garland a prouvé son attrait pour l'intelligence artificielle, ses avantages et ses dangers. Cinq ans plus tard, il y a revient mais sur petit écran avec Devs, mini-série qui débute comme une enquête policière : celle d'une jeune femme partie à la recherche de son compagnon, porté disparu après avoir intégré la branche la plus prestigieuse et mystérieuse d'une grande firme technologique. Mais l'intérêt principal n'est pas là, car le récit se mue très vite en une réflexion sur le deuil et la technologie, dans une histoire qui mêle drame et SF, avec un soupçon de réalités alternatives. Le tout dans une ambiance à la fois planante et pesante, où le son joue un vrai rôle pour donner naissance à une œuvre fascinante dotée d'une vraie fin. Alex Garland a toutefois indiqué vouloir écrire autre chose pour ces mêmes acteurs, et on ne peut qu'espérer que cela se fasse.
THE LOUDEST VOICE (2019)
En janvier dernier, Scandale revenait sur le scandale qui a éclaté en 2017 au sein de la chaîne Fox News, lorsque plusieurs employées ont brisé la loi du silence et accusé leur patron de harcèlement sexuel. Mis en scène par Jay Roach, le long métrage se focalisait sur ces femmes et se présentait comme un bon complément de la mini-série The Loudest Voice, diffusée quelques mois plus tôt et où il était question de l'ascension puis de la chute de Roger Ailes, incarné par un Russell Crowe méconnaissable et récompensé par un Golden Globe pour sa prestation. Durant toute une décennie, nous suivons un véritable ogre assoiffé de pouvoir et de contrôle, qui a joué un rôle majeur dans l'Histoire récente des États-Unis et l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. Un récit qui, à défaut d'être facile à regarder lorsqu'il suit les traces d'un monstre, se révèle édifiant.
FOSSE/VERDON (2019)
Cabaret, Que le spectacle commence ! ou encore Lenny : vous connaissez peut-être ces films, mais pas son auteur Bob Fosse, décédé en 1987 après avoir notamment reçu un Oscar du Meilleur Réalisateur ou une Palme d'Or à Cannes au début de la décennie. Un chorégraphe de génie, rongé par ses démons, et que Fosse/Verdon nous montre à travers sa relation avec sa dernière compagne, la danseuse Diane Verdon. Portée par les excellents Sam Rockwell et Michelle Williams (récompensée par un Golden Globe pour ce rôle au mois de janvier), qui se livrent à un beau pas de deux, la mini-série co-crée par Lin-Manuel Miranda (compositeur et parolier que tout le monde s'arrache, à commencer par Disney) multiplie les allers et retours dans le temps avec ce portrait d'un artiste et de sa muse, parfois aérien lorsque la danse s'invite dans le débat, parfois sombre. Car la fin de la vie de Bob Fosse est mise en parallèle avec le déclin de la comédie musicale, tout au long de ces huit épisodes centrés sur une figure du 7ème Art dont l'influence se fait toujours ressentir aujourd'hui.
OUR BOYS (2019)
Créateur du En analyse original (qui a donné lieu à un remake américain en 2010, alors que la version française arrivera sous peu) puis de The Affair, Hagai Levi s'est attaqué à un sujet pour le moins explosif avec Our Boys : l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents juifs par des militants du Hamas, et les conséquences de cet acte, pendant l'été 2014. Un projet dense sur un conflit sans fin, qui s'est attiré les foudres des pouvoirs publics pendant sa diffusion en Israël, pour sa manière de placer sa caméra dans les deux camps, comme Steven Spielberg dans une séquence de Munich. Co-écrite avec le scénariste et réalisateur palestinien Tawfik Abu-Wael, la mini-série intercale des images d'archives entre certaines scènes, pour accentuer le réalisme recherché. Jamais manichéen, le show se penche sur les mécanismes du conflit entre Israël et Palestine et se révèle plus universel qu'on ne pourrait le croire puisque son propos peut également s'appliquer à des faits se déroulant dans d'autres parties du monde.
A CHRISTMAS CAROL (2019)
A quoi reconnaît-on un classique de la littérature ? Entre autres choses, au nombre des adaptations auquel il a donné lieu. Sur ce plan, le statut du "Chant de Noël" de Charles Dickens est incontestable, lui qui a donné lieu à des relectures dans Smallville, Doctor Who ou une aventure de Batman sur papier, et fait l'objet d'une comédie déjantée avec Bill Murray, d'un moyen métrage avec Mickey, Donald et leurs amis, d'un long avec les Muppets et d'un autre en peformance capture dans lequel Jim Carrey incarne près de la moitié des rôles. Presque deux siècles après sa publication, en 1843, l'histoire continue d'inspirer le petit et le grand écran, comme les trois épisodes de ce Christmas Carol porté par Guy Pearce l'ont prouvé. Comme dans Peaky Blinders ou Taboo, ses précédentes créations, Steven Knight privilégie le réalisme et la noirceur, qu'il agrémente d'un brin de stylisation, pour nous replonger dans un récit que l'on pense connaître par cœur mais que l'on se plaît à redécouvrir sous un autre jour.
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