AlloCiné : Après vous être essayée au doublage avec Royal Corgi l’an dernier, vous faîtes vos premiers pas de comédienne devant la caméra avec Profilage, que vous rejoignez en ce début de saison 10 pour former un nouveau duo d'enquêteurs avec Philippe Bas. Comment êtes-vous arrivée dans cette aventure ?
Shy'm : L'une des directrices de casting de Profilage, que je connaissais, m'a proposé de passer des essais. J'ai évidemment dit oui, sans penser au deuxième casting, ou au troisième. Le plus important pour moi c'était de tenter ma chance. Je me suis dit "Ça fait quelques années que tu as cette envie là, que tu refuses par manque de temps, manque de confiance, et surtout par peur, et là c'est juste un casting donc si tu obtiens le rôle c'est que tu es méritante et convaincante, et si tu ne l'as pas ça ne pourra être que positif car tu sauras où tu en es et si ça vaut le coup de tenter quelque chose". Et du premier casting je suis passée au deuxième, au troisième, et finalement le quatrième ou cinquième casting, que j'ai passé avec Philippe Bas, a été convaincant et me voilà lancée dans cette aventure folle (rires).
Est-ce que vous connaissiez la série avant de passer le casting ? Vous l'aviez déjà regardée ?
Oui, je la connaissais évidemment. Je n'avais pas suivi toutes les saisons mais j'avais pas mal regardé les dernières saisons avec Adèle et du coup j'étais hyper impressionnée en rejoignant la série car c'était ce rôle-là que je remplaçais et je trouvais Juliette Roudet formidable en tant que comédienne, hyper juste dans la peau d'Adèle. Donc d'arriver et de devoir prendre cette place-là en particulier ça me mettait la pression, forcément. Je me disais "Wow, comment je vais faire pour être à la hauteur ?". J'ai appris qu'il fallait juste être soi et être différente, mais ça a été difficile au départ de me défaire de cette pression. J'avais l'impression d'arriver sans armes, si ce n'est le naturel et l'instinct. Heureusement on se base sur des textes et sur un personnage qu'on a travaillé mais en dehors de mes trois semaines de coaching, qui étaient très techniques, sur la diction, l'espace, et le corps, je n'avais pas vraiment d'outils. Et finalement ces outils-là je les ai trouvés au fur et à mesure des épisodes et je pense qu'on voit une évolution dans mon jeu au fil de la saison.
On imagine que vous avez dû recevoir de nombreuses propositions et de nombreux scénarios au fil des ans. Il n'y avait jamais eu un projet qui vous avait donné envie avant Profilage ?
Pas vraiment, et ce pour plein de raisons. On m'avait proposé pas mal de choses, c'est vrai, dont des longs métrages et une pièce de théâtre. Et pour tout vous dire la pièce de théâtre j'étais en train d'avancer dessus concrètement mais elle aurait dû se jouer en même temps que les tournages de Profilage et ça a donc été mis entre parenthèses. Et côté cinéma on me proposait toujours de jouer mon propre rôle, ou en tout cas quelque chose de très proche, c'est-à-dire le rôle d'une chanteuse ou d'une danseuse, et ça me plaisait beaucoup moins. Mon objectif pour un premier projet en tant qu'actrice c'était vraiment de partir sur un personnage qui était aux antipodes de ce qu'on connaît de moi. Et Elisa est vraiment tombée à pic. C'est une jeune femme qui se retrouve à devenir psycho-criminologue du jour au lendemain et qui sur le papier a l'impression de naviguer entre deux univers opposés. Et en la jouant je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de choses chez moi qui me ramenaient à elle et qui me rapprochaient d'elle, et ça m'a beaucoup aidé, je m'en suis servie pour la construire au mieux.
Comme vous le disiez, vous succédez à Juliette Roudet à la tête de la série. Est-ce que vous appréhendez un peu les retours des fans purs et durs de Profilage ?
Bien sûr, parce que je sais que ce sera attendu et c'est normal. C'est une série qui a énormément de succès depuis des années, et je sais que Juliette Roudet et Odile Vuillemin ont laissé une vraie marque, sur la série et auprès des fans. Ce qui est rassurant c'est de voir que leurs deux personnages étaient très différents l'un de l'autre et qu'ils ont plu tous les deux. Donc je me dis que malgré les différences il peut y avoir un public pour chacun de ces personnages. Et puis je pense évidemment à mon public, mon public musical qui va me découvrir dans cet exercice nouveau. Je n'ai pas envie de les décevoir, ils me suivent dans cette aventure de loin depuis le début des tournages parce que j'ai partagé beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, et je sais qu'ils ont hâte. Et puis je pense aussi à mes potes qui me vont me voir à l'écran et qui vont se foutre de ma gueule durant les premières minutes où ils vont me voir jouer (rires). À ma famille aussi. Je me revois au début de ma carrière, lorsque mes premiers clips étaient diffusés à la télé. Donc je sais que le soir de la première diffusion de la saison 10 de Profilage je vais suivre tout ça, je vais regarder mon téléphone. Et il va m'être difficile de m'en détacher.
Et les retours des journalistes ou du métier, ça vous inquiète un peu ? On sait qu’en France on a encore tendance à mettre les gens dans des cases, même si les choses évoluent heureusement, et vous êtes l'exemple parfait de la personne touche-à-tout. C'est parce que vous fonctionnez à l'envie et à l'instinct ?
C'est exactement ça et c'est hyper cool de le voir comme ça et de ne pas mettre les termes de "provocatrice" ou de "rebelle" derrière comme je peux l'entendre parfois. Car je n'ai aucune envie de casser les codes à tout prix. J'ai juste envie d'y aller parce que j'ai envie et parce que mon instinct me dit que ça peut m'apporter quelque chose personnellement. À chaque fois que je débute une nouvelle expérience j'ai l'impression de prendre une revanche sur la jeune fille timide que j'ai pu être et qui n'osait rien faire. Et ce sont souvent des projets colossaux, que ce soit des Zéniths avec mes concerts, l'animation de Nouvelle Star et le fait de faire un direct au bout de 5 primes en suivant un prompteur, être juré de Danse avec les stars sans avoir été formée à cela, ou débarquer sur Profilage après seulement trois semaines de coaching. Et je me dis à chaque fois que des gens me font confiance et qu'il faut que je fasse confiance à leur oeil car ce n'est pas pour rien s'ils sont venus me chercher, enfin je ne pense pas. Donc je me dis "Travaille au maximum pour arriver prête et vas-y". Et puis j'ai eu des retours très positifs des équipes de Profilage et de la chaîne au début du tournage et ça m'a beaucoup aidé à me décomplexer.
Comment avez-vous été accueillie par Philippe Bas et le reste de l’équipe ? Ça a été facile de s’intégrer à la famille Profilage ?
Philippe est le premier membre du casting que j'ai rencontré car c'est avec lui que j'ai passé le dernier casting et je l'avais déjà croisé sur des événements avant cela. Et heureusement qu'il y a eu un feeling quasi immédiat avec lui car je suis son binôme dans la série et j'ai tourné quasiment toutes mes scènes avec lui. Il a été d'une aide essentielle. Si j'étais tombée sur quelqu'un d'égoïste, de pas généreux, et de pas très compréhensif, je pense que ça aurait été très douloureux pour moi et ça m'aurait sûrement bloquée. Parce que j'ai besoin d'être à l'aise avec quelqu'un quand je joue. Et Philippe a été le partenaire idéal pour débuter cette nouvelle aventure. Il y a eu évidemment Raphaël Ferret et Diane Dassigny aussi, qui ont été super, mais avec qui j'ai un peu moins tourné au début car il fallait vraiment créer ce binôme. Et puis toute l'équipe en général a été géniale. J'étais toujours super heureuse d'arriver sur le tournage, chaque jour. J'ai eu beaucoup de chance.
On sent une sorte de parallèle entre votre personnage, Elisa, et Chloé, qui était incarnée par Odile Vuillemin. Dans le côté plus léger, plus loufoque. Loin des nuances plus sombres de "l'ère Adèle". Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
Philippe Bas a sûrement une vision plus large e tplus précise de cela parce qu'il a joué avec Juliette et avec Odile. Mais comme je vous le disais j'ai plutôt suivi les épisodes avec Juliette donc je suis très consciente du décalage entre ce qu'elle pouvait amener dans le personnage d'Adèle et ce que je peux apporter dans la peau d'Elisa. Qui effectivement a l'air beaucoup plus légère, fraîche, et haute en couleurs. Mais elle cache un passé trouble qu'on va découvrir peu à peu et on va se rendre compte que c'est quelqu'un de très torturé. Avec beaucoup de nœuds, dans la relation avec sa maman, dans la relation avec le père de sa fille, et dans les relations qu'elle a avec les autres. Elle est pleine de relief, pleine de couches, et je trouve que son arrivée met Rocher dans une autre position, par rapport à ce qu'il vivait avec Adèle. C'est nuancé de façon différente et je trouve que Rocher et Elisa sont finalement hyper complémentaires.
Il n’y a pas d’ambiguïté ni de tension sexuelle entre les deux personnages pour le moment, contrairement à ce qui s’est passé entre Rocher et Adèle. Vous êtes contente que les auteurs ne soient pas allés vers cette facilité ?
Oui complètement, d'autant plus que lorsqu'on a commencé le tournage tous les épisodes n'étaient pas encore écrits et on ne savait pas forcément où l'intrigue allait nous mener. Et finalement, j'étais ravie de voir qu'on ne tombait pas dans la facilité de ce qu'on attendait. Parce que, évidemment, Rocher et Elisa sont beaux, ils iraient super bien ensemble, et ils pourraient former un couple hyper frais, hyper fun, et décalé. Et au contraire je trouvais ça super que les auteurs ne soient pas tombés là-dedans et qu'ils nous aient imaginés des histoires à chacun. Ça crée un lien entre les deux qui est vachement plus subtil à jouer et vachement plus touchant. Ils n'en sont pas encore au point de l'amitié mais il y a une complicité, une confiance qui se crée au fur et à mesure des enquêtes. Rocher commence à se détendre, à sourire, et elle aussi est heureuse de voir qu'il se détend à son contact. Ça les nourrit l'un et l'autre de manière attachante. Et ces rapports-là, entre un homme et une femme dans la vie de tous les jours, ce sont des rapports humains qui sont rares et hyper beaux, dénués de toute attraction sexuelle.
Jean-Michel Martial, l'interprète du commissaire Lamarck, est décédé en octobre dernier. Comment avez-vous vécu cette nouvelle tragique en plein tournage de ces nouveaux épisodes ?
Ça a été très compliqué car ma toute première séquence, lors de mon premier jour de tournage, c'était avec Philippe et Jean-Michel. Je me rappelle d'un grand homme, plein d'assurance, posé, généreux, bienveillant. Avec un voix basse, le regard planté, tendre, doux, et en même temps confiant. Il y avait quelque chose de très rassurant dans le fait de jouer à ses côtés. Et à la fin de cette première journée j'ai dit à ma coach "J'ai l'impression que c'est mon papa". Il avait quelque chose de très protecteur qui m'a beaucoup aidé. Et bien que je le connaissais seulement depuis février ou mars de l'année dernière, tourner avec quelqu'un pratiquement tous les jours ça rapproche et ça a été très violent, d'un coup. Je savais depuis quelques semaines qu'il était malade, parce que par pudeur il ne m'en avait pas parlé, j'ai appris ça assez tard. Et au départ on se dit "C'est pas grave, les tournages vont être décalés, et ça va s'arranger". On ne pense pas au pire, on ne peut pas y penser. Et le pire finit par arriver. Je n'avais jamais vécu ça comme ça, la perte si soudaine de quelqu'un de proche. Et ensuite bien sûr il a fallu faire exister ce moment-là dans les épisodes et ça a encore été une autre étape pas facile. On était tous là, Diane, Raphaël, Philippe et moi. Et toute l'équipe de tournage qui bossait avec lui depuis des années. Et c'était un moment très particulier. Et dans ces moments-là on ne joue pas.
Les fins de saison de Profilage sont toujours très fortes et inattendues. Est-ce que c'est encore une fois ce qui nous attend cette année ?
Oui, en tout cas à tourner ça a été les deux derniers épisodes les plus ardus. Dans les émotions, dans les moments de cascades, il y a plein de choses que j'ai faites en deux épisodes combinés que je n'avais jamais faites depuis le début de la saison. Émotionnellement ça a été très dur car il arrive beaucoup de choses à Elisa. C'était hyper intense à jouer, j'en ai fait des cauchemars (rires). Donc forcément, dans le scénario, ça se termine sur quelque chose d'assez fort.
Vous êtes créditée au générique en tant que Tamara Marthe et non pas en tant que Shy’m. C’était important pour vous ?
C'était surtout naturel et logique en fait. Shy'm c'est quand je suis sur un plateau télé ou quand je chante. C'est quand je suis Shy'm, tout simplement. Et c'est vrai que là je n'ai pas à vendre Shy'm, je ne fais pas de musique. Dès le premier jour sur le tournage tout le monde m'appelait Tamara, du cadreur au réalisateur en passant par le régisseur. Il n'y a pas eu de "Shy'm", on ne m'a pas posé la question, c'était naturel.
Est-ce que vous savez déjà quoi que ce soit au sujet d’une possible saison 11 ?
Normalement elle devrait se faire, j'ai signé pour deux saisons dès le départ. Mais ça n'assure pas à 100% qu'une saison 11 verra le jour, il faut déjà que cette saison 10 plaise, vous savez comment ça se passe en télévision. Il faut qu'on arrive à séduire le public qui aime Profilage depuis des années, et aussi essayer de séduire un autre public.
Le tournage de cette saison 10 s’est déroulé en parallèle de votre dernière tournée et de votre participation à Danse avec les stars en tant que membre du jury. Ce n’était pas trop compliqué en terme de rythme ?
Je ne le referais pas comme ça la prochaine fois si je pouvais choisir (rires). Il y avait l'album qui sortait et c'était compliqué car c'était mon album le plus personnel, le plus intime. Et ensuite il y a eu la tournée, c'est vrai, et Danse avec les stars en parallèle. Ça me faisait des semaines très intenses, où j'avais de très courts week-ends et seulement le dimanche après-midi pour bosser mes textes de Profilage. Et comme je ne dors jamais beaucoup ce n'était pas forcément l'aspect physique qui était le plus compliqué, c'était vraiment ce switch dans la tête de passer d'Elisa, mon personnage, au reste. Car je dormais Profilage, je me levais Profilage, je répétais Profilage, et parfois je retrouvais mes danseurs et mes musiciens dans mon Tour bus le vendredi soir pour une date de concert et le lendemain je devais renfiler mon costume d'Elisa et repartir sur une nouvelle journée de Profilage. C'est ça qui était le plus difficile. Mais bon je ne regrette rien, j'ai vécu de super moments, et c'est bon j'ai encore toute ma tête, tout va bien (rires).
Est-ce que vous avez d’autres projets à venir dont vous pouvez nous parler ?
Pour le moment, non. Mon projet principal ce serait de repartir sur une nouvelle saison de Profilage en cas de succès. Mais après cette année d'Elisa Bergman, j'ai évidemment envie de me remettre derrière un micro et de repartir en studio. Quand j'aime, j'ai besoin de quitter mes amours un moment pour ravoir envie, et c'est un peu ce qui s'est passé cette année. Mais je ne me mets aucun impératif. Ce sera peut-être dans deux ans, dans trois, dans cinq. Et si j'ai l'opportunité de pouvoir faire d'autres choses dans la comédie et que ce qu'on me propose me plaît je serai sûrement hyper intéressée parce que je sens que j'ai soif d'apprendre. Soif de faire bien, de faire mieux, de faire différent. J'ai eu un vrai coup de foudre, une vraie révélation. Jouer la comédie me plaît énormément et on verra bien ce qui se présente à moi. Ça me plairait d'aller vers un registre plus léger par exemple, d'autant que j'ai un vrai côté "goofy" comme pourraient en témoigner mes amis (rires). Mais je suis aussi attirée par les univers très sombres. Jouer un personnage qui me pousse à aller tirer des ficelles inédites.
Il y a une scène de la saison 10 durant laquelle vous chantez. Est-ce que c'est un clin d'oeil qui vous a amusé ?
Oui, c'est vrai je chante dans l'épisode 3 et il y aussi une autre séquence durant laquelle je danse un tango. Mais bizarrement ce n'est pas ce qui m'a plu le plus. Ce qui me plaît en tant que comédienne c'est de pouvoir m'éloigner de mon métier et de l'image que je renvoie. Donc j'ai hésité avant de valider ces scènes, surtout que ça me stressait encore plus parce que vu que j'étais censée le faire très très bien et être dans mon élément, j'avais la sensation de devoir être encore mille fois mieux qu'en tant que comédienne (rires). Et au final j'ai gardé ces scènes-là parce qu'elles allaient dans le scénario et qu'elles n'étaient pas gratuites. Elles servaient à l'histoire et sont très courtes. Mais ce n'est pas ce qui m'a plu le plus, même si c'est un joli clin d'oeil et que ça amusera mes fans.
Propos recueillis le 22 janvier 2020 à Paris.
La bande-annonce de la saison 10 de Profilage qui débute ce soir sur TF1 :