Monstre sacré du cinéma français, Jean-Paul Belmondo est décédé ce lundi à l'âge de 88 ans. Alors qu'un hommage national lui a été rendu dans la cour de l'hôtel des Invalides ce jeudi, les chaînes TV ont logiquement bousculé leurs grilles des programmes depuis le début de la semaine, pour rediffuser de nombreux films du comédien.
Ce dimanche, France 3 diffuse à 13h35 1 chance sur 2 de Patrice Leconte, qui réunissait en 1998 un des plus mémorables duo du cinéma français : Alain Delon et Jean-Paul Belmondo.
Il est certain que Borsalino de Jacques Deray est le premier à réunir en tête d'affiche Alain Delon et Jean-Paul Belmondo mais il est bon à savoir que ce film n'était pas leur première collaboration. Peu se souviennent par exemple d'Amours célèbres.
La première : Sois belle et tais-toi (1958)
Mylène Demongeot est choisie au dernier moment pour ce rôle que Brigitte Bardot vient de refuser. Elle incarne Virginie, échappée de maison de redressement, qui se marie avec un gangster qu'elle découvre en fait être un policier. Avec lui, elle tente d'oublier son passé mais celui-ci va la rattraper lorsque Loulou (Delon, 23 ans) et Pierrot (Belmondo, 25 ans) vont lui demander de l'aide. Les deux comédiens jouent donc deux petites frappes et ont plusieurs scènes ensemble. Ce film de Marc Allégret ne marquera pas les esprits mais permet aussi de retrouver des figures de l'époque comme Darry Cowl et Béatrice Altariba, Roger Hanin ou Henri Vidal.
A noter que c'est sur ce film que hors des plateaux, Delon emprunte une voiture mais fait des tonneaux et finit avec une cicatrice sous le menton qui deviendra caractéristique de son physique d'acteur.
Amours célèbres (1961)
Dans ce film à sketches, Delon et Belmondo sont à nouveau séparés. Le premier incarne le duc Albert de Bavière dans un segment romantique lui faisant donner la réplique à Brigitte Bardot. Le second interprète le duc Lauzun, amant d'une Mme de Monaco campée par Dany Robin. Les films à sketches et à costumes fleurissent dans les cinémas français et italien des années 60, et le réalisateur Michel Boisrond adapte ici une bande-dessinée du journal France-Soir. Le résultat est inégal, mais certaines prestations valent le détour, notamment Philippe Noiret en Louis XIV.
Paris brûle-t-il ? (1966)
Pour cette superproduction sur la Libération de Paris lors de la Seconde guerre mondiale, les deux comédiens peuvent à nouveau se donner la réplique. Sous la supervision de René Clément, Delon incarne l'homme politique Jacques Chaban-Delmas face à un Belmondo dans la peau d'Yvon Morandat dit Pierrelot, combattant dans les chasseurs alpins puis résistant. Leur dialogue le plus célèbre est court mais décisif : le premier ordonne au second de prendre le palais de Matignon afin que le gouvernement provisoire puisse s'y réunir. Un classique indémodable.
Ho! (1968)
Dans ce film de casse porté par Jean-Paul Belmondo et réalisé par Robert Enrico, Alain Delon fait une apparition clin d'oeil. Lorsque "Ho" joué par Belmondo est au volant de sa décapotable et quitte l'aéroport, il manque d'écraser un piéton... joué par Alain Delon ! Il s'agit de leur dernière réunion avant le célèbre Borsalino.
Borsalino, et après ?
Outre 1 chance sur 2 (1998), comédie d'action de Patrice Leconte avec aussi Vanessa Paradis ou Les Acteurs de Bertrand Blier (2000), les deux acteurs figureront tous les deux au générique des Cent et une nuits de Simon Cinéma d'Agnès Varda (1995). Soit huit collaborations au total.
Quant à Borsalino lui-même, il est devenu célèbre pour le différend qui a opposé ses deux comédiens stars. En cause ? La présence du nom de Delon en premier sur l'affiche, contrairement à ce qui était contractuellement prévu. Le contentieux passe en jugement et donne raison à Belmondo. Reste un film culte, longtemps invisible, et récemment restauré, pour la plus grande joie des cinéphiles.