DE QUOI ÇA PARLE ?
Reboot de la série anthologique culte des années 1980 créée par Steven Spielberg. A chaque épisode, le public est transporté dans des contrées où l'imaginaire et l’émerveillement se rencontrent, à travers le prisme des cinéastes, réalisateurs et scénaristes les plus talentueux du moment.
Histoires fantastiques, crée par Edward Kitsis & Adam Horowitz, et produite par Steven Spielberg - Diffusée sur Apple TV+ depuis le 6 mars 2020 - Épisodes vus : 1 sur 5
ÇA RESSEMBLE À QUOI ?
C'EST AVEC QUI ?
Série anthologique oblige, le casting change à chaque épisode. Mais cette saison 1 comptera quelques visages connus, à commencer par ceux de Sasha Lane (révélation d'American Honey vue depuis dans Hellboy), Josh Holloway (l'ex-Sawyer de Lost) ou le regretté Robert Forster, alias Max dans Jackie Brown. Sans oublier Dylan O'Brien et Victoria Pedretti (The Haunting of Hill House), que l'on retrouve au coeur du premier épisode, intitulé "La Cave".
Contrairement à l'orginale, qui s'était offerte les services de Robert Zemeckis, Martin Scorsese ou Clint Eastwood, ce reboot ne compte pas encore de gros noms parmi ses réalisateurs. Mais la série, produite par Steven Spielberg, créateur de la première version, est supervisée par deux spécialistes du mystère et du fantastique : Edward Kitsis et Adam Horowitz, qui ont notamment travaillé sur Lost avant de donner naissance à Once Upon a Time et sa relecture des contes de fées.
ÇA VAUT LE COUP-D'OEIL ?
Bonne nouvelle : il n'est pas nécessaire d'avoir vu la version originale d'Histoires fantastiques pour se plonger dans celle-ci. Ou tout du moins le premier épisode, "La Cave", qui n'est pas un remake. Un an après La Quatrième Dimension, c'est donc le bébé de Steven Spielberg qui fait son retour sur petit écran pour tenter de s'imposer à l'heure où les contenus et canaux de diffusion se multiplient, et où les séries anthologiques paraissent plus nombreuses que jamais. Ce qui peut se révèler compliqué, dans la mesure où il sera plus difficile d'attirer les jeunes générations que ceux, les plus nostalgiques, qui ont grandi avec la mouture de 1985.
Mais nul doute que le nom de Steven Spielberg aura son importance dans ce but. Et le générique de début sonne comme une invitation au voyage : mis en musique par John Williams, comme il y a trente-cinq ans, il nous plonge dans une ambiance très Amblin (boîte de production du réalisateur qui a donné naissance à quelques films d'aventures fantastiques emblématiques des années 80 dont beaucoup se réclament encore aujourd'hui), pendant que des silhouettes circulent entre les lettres du titre. Après cette entrée en matière convaincante, l'épisode affiche de belles prédispositions, avec des images et une caméra aérienne qui ne feraient pas tâche dans la filmographie du papa de Rencontres du troisième type, alors débute que l'histoire des frères Taylor, chargés de rénover une maison.
L'aîné (Micah Stock) est évidemment le plus responsable des deux, quand le cadet Sam (Dylan O'Brien) paraît avoir du mal à stabiliser sa vie, comme le prouve notamment cette scène de rencard dans un bar et la référence à l'une de ses applications de rencontre qu'il utilise. Peu en phase avec son époque, celui-ci va l'être encore plus lorsque, grâce à un baromètre magique dans la cave, qui se déclenche pendant une tempête, il se retrouve projeté un siècle plus tôt, en 1919. Il y rencontre Evelyn (Victoria Pedretti), une future mariée qui, alors que les suffragettes militent pour le droit de vote à quelques pas, n'est pas satisfaite de sa condition et aspire à autre chose. Avec ses allures de romance fantastique sur fond de voyage dans le temps, l'épisode réunit deux personnages qui se sentent marginaux et s'empare d'un sujet d'actualité, à savoir les droits des femmes.
Malgré un rebondissement quelque peu prévisible, l'ensemble n'est pas assez sombre et se révèle trop long (cinquante-deux minutes, génériques compris) pour réellement captiver, quand bien même Dylan O'Brien et Victoria Pedretti y sont attachants. Pour ne rien arranger, l'influence de Steven Spielberg se fait de moins en moins ressentir au fur et à mesure que le récit progresse, ce que l'on peut imputer à la mise en scène peu marquante de Chris Long (Mentalist, The Americans...). Bien que décevant, au final, "La Cave" reste néanmoins plus que regardable, mais cette entrée en matière pourrait jouer contre Histoire fantastiques, à l'heure où les séries anthologiques se multiplient, et cherchent à se démarquer par leur noirceur, à l'image de Black Mirror et le reboot de La Quatrième dimension.
Ce n'est évidemment pas le but recherché par ce show, qui se présente comme une succession de contes qui pourraient coller au style qui était celui de Steven Spielberg pendant les années 80, et ne contient pas le message moral de ceux cités plus haut. Mais dans la mesure où les séries anthologiques ne peuvent pas se reposer sur des cliffhangers et récits feuilletonnants pour inciter les téléspectateurs à enchaîner les épisodes, il leur faut trouver d'autres qualités pour compenser ces manques : un concept fort, une envie de surprendre et/ou choquer, de quoi faire parler... Autant de choses dont Histoires fantastiques est dénué avec ce premier épisode sympathique mais où le fantastique est davantage un élément de l'histoire qu'un ressenti qualitatif. Est-ce une raison pour la laisser de côté ? Non.
Il est vrai que l'originale a, elle aussi, connu des hauts et des bas, et rares sont les anthologies à ne pas être inégales, les épisodes étant généralement écrits et réalisés par des personnes différentes. Celle-ci peut donc se rattraper avec d'autres récits (celui avec Josh Holloway ?) dès la semaine prochaine, surtout que cette saison 1 n'est qu'en cinq parties. La vraie magie n'est peut-être pas si loin au final.