Près de cinquante-et-un ans après sa mort, l'actrice et chanteuse Judy Garland continue d'inspirer Hollywood, en témoigne le biopic qui lui est consacré, sobrement intitulé Judy, sorti ce 26 février dans les salles. Sous les traits de l'artiste, on retrouve Renée Zellweger, récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice le 9 février dernier. Mondialement connue pour sa voix comme pour ses talents devant la caméra, Judy Garland symbolise aussi le visage sombre de l'industrie du cinéma, véritable machine à broyer pour ces jeunes talents entraînés et propulsés par les studios de l'époque. À l'affiche de plus d'une trentaine de films au cours de sa carrière, elle a croisé la route des plus grands, comme Fred Astaire, Gene Kelly, Burt Lancaster ou encore Marlene Dietrich. AlloCiné revient sur cinq longs-métrages particulièrement marquants de sa filmographie :
Le Magicien d'Oz (1939)
De quoi ça parle ? Dorothy, jeune orpheline, vit chez son oncle et sa tante. Tout irait pour le mieux si l'institutrice ne détestait pas son chien. C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume magique des Munchkins à la recherche de son chien. Les Munchkins sont des nains protégés par la bonne fée du Nord mais menacés par la méchante fée de l'Ouest. Pour retrouver son chien, Dorothy doit s'emparer des chaussures rouges de la mauvaise fée et aller voir le magicien d'Oz dans son palais d'Emeraude.
Pourquoi il faut le voir ? C'est probablement l'œuvre la plus connue de sa filmographie, son film signature. Judy Garland n'a que seize ans lorsqu'elle joue dans Le Magicien d'Oz. Pourtant, la jeune actrice fait déjà face aux pressions de la Metro-Goldwyn-Mayer (sa relation avec Louis B. Mayer, le fondateur du studio, est traitée sous forme de flashbacks dans Judy, NDLR). Si le long-métrage échoue au box-office en 1939, il deviendra un véritable succès lors de sa ressortie dix ans plus tard. Aujourd'hui, il est devenu un classique indémodable, où se mêlent paysages féériques, numéros de danse, et personnages devenus cultes, idéal pour les enfants mais aussi les adultes. Difficile de ne pas mentionner la chanson Somewhere Over The Rainbow, présente dans l'une des premières scènes du film, reprise par Judy Garland elle-même tout au long de sa carrière et par de nombreux artistes depuis. C'est en partie grâce au Magicien d'Oz que l'actrice reçoit, en 1940, l'Oscar de la jeunesse, qui visait à récompenser les talents âgés de moins de dix-huit ans.
Le Chant du Missouri (1944)
De quoi ça parle ? 1903. Dans la ville de Saint-Louis, dans le Missouri, le couple Smith et leurs enfants vivent une existence paisible dans leur grande maison. La plus petite de la tribu, Tootie, multiplie les espiègleries. La plus grande, Rose, attend le coup de fil du garçon qu'elle n'ose pas encore présenter comme son fiancé. La plus jolie, Esther, coule de longs regards curieux par sa fenêtre vers le jeune voisin qui vient d'emménager. Le quotidien des Smith sera bientôt bouleversé lorsque le père va annoncer leur déménagement imminent pour la ville de New York.
Pourquoi il faut le voir ? Première collaboration entre le réalisateur Vincente Minnelli et Judy Garland, qui deviendront mari et femme pendant six ans, Le Chant du Missouri reflète la grandeur des productions de l'âge d'or hollywoodien. Le long-métrage musical partage aussi beaucoup de similitudes avec Les Quatre Filles du Docteur March. Tout d'abord, trois des acteurs de ce film (Leon Ames, Mary Astor, Margaret O'Brien) apparaîtront plus tard dans l'adaptation de 1949 du livre de Louisa May Alcott. Les deux œuvres partagent également une esthétique marquante avec des couleurs chaudes, des costumes d'époque et des décors très travaillés. Judy Garland crève l'écran dans le rôle de la jeune Esther Smith, en particulier durant la séquence musicale The Trolley Song, chanson devenue culte par la suite.
Une étoile est née (1954)
De quoi ça parle ? Norman Maine, acteur vieillissant et alcoolique, décèle en Esther Blodgett, une jeune chanteuse, un talent qui ne demande qu'à s'épanouir. Mais Norman, une fois marié à Esther, étoile naissante de la comédie musicale, supporte mal le succès de sa femme et se remet à boire...
Pourquoi il faut le voir ? Avant Lady Gaga et Barbra Streisand, il y avait Judy Garland. Si les deux dernières versions d'Une étoile est née s'intéressent au monde de la musique, celle de 1954 porte, quant à elle, sur l'industrie du cinéma. Le film est déjà un remake d'un long-métrage du même nom sorti en 1937 avec Janet Gaynor. Pour beaucoup, Judy Garland signe sa meilleure performance dans ce drame qui, ironie du sort, pointe du doigt le mécanisme impitoyable du métier dont elle sera également victime. Si l'actrice est la grande favorite pour les Oscars en 1955, c'est finalement Grace Kelly qui remportera la statuette pour Une fille de la province à la surprise générale.
Jugement à Nuremberg (1961)
De quoi ça parle ? En 1948, le juge Haywood est envoyé à Nuremberg pour présider le procès de quatre magistrats allemands accusés de trop de complaisance à l'égard du régime Nazi. L'un d'eux, Janning, se renferme dans un silence méprisant et, en écartant les témoignages et les films sur les camps de concentration, dit qu'il n'a fait qu'appliquer la loi en vigueur...
Pourquoi il faut le voir ? Jugement à Nuremberg fait figure d'exception dans la filmographie de l'actrice. Considéré comme l'un des plus grands films de procès de tous les temps, le long-métrage de Stanley Kramer marque les esprits par sa noirceur mais aussi l'interprétation de son casting prestigieux, dans lequel on retrouve Burt Lancaster, Montgomery Clift ou encore Marlene Dietrich, pour ne citer qu'eux. Au milieu de tous ces géants du septième art, on retrouve Judy Garland dans la peau d'Irene Hoffman Wallner, une femme accusée d'avoir eu une liaison avec un Juif. Très investie dans son rôle, elle demanda même à son partenaire de jeu Maximilian Schell de la frapper au visage avant de tourner une scène. "Quand je sens plus, je peux donner plus", lui avait-elle dit. Elle recevra une nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle l'année suivante.
Un enfant attend (1963)
De quoi ça parle ? Dans une institution spécialisée qui accueille des enfants autistes et trisomiques, une professeur de musique, en désaccord avec les méthodes du directeur psychanalyste, s'attache à un enfant rebelle à toute vie de groupe.
Pourquoi il faut le voir ? Véritable drame social, Un enfant attend vaut le coup d'œil pour son sujet sensible : les conditions de vie des enfants handicapés dans des centres spécialisés. Devant la caméra de John Cassavetes, Judy Garland, dont c'est l'avant-dernier film, continue de prouver l'étendu de son talent. Deux ans après Jugement à Nuremberg, l'actrice retrouve un rôle sombre et intense, toujours en donnant la réplique à Burt Lancaster. Hormis le jeune Bruce Ritchey, qui forme une parfaite alchimie avec Judy Garland, tous les enfants du film étaient réellement touchés par des handicaps. Une méthode, pour John Cassavetes, de ne pas trahir l'authenticité de son histoire.
Découvrez la bande-annonce de "Judy" :